« CIKELA JIGI »: Le bras armé de la filière

Dans le souci de soutenir le secteur, une coopérative de producteur a vu le jour en 1994. « Cikela Jigi », a été mise sur place par Iscos/UNTM...

10 Août 2006 - 11:46
10 Août 2006 - 11:46
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Dans le souci de soutenir le secteur, une coopérative de producteur a vu le jour en 1994. « Cikela Jigi », a été mise sur place par Iscos/UNTM.
Selon son président, Youssouf Djiré, « Cikela Jigi » a pour mission essentielle de fournir les zones rurales en semences de pomme de terre et en intrants, d’améliorer la qualité des semences et augmenter le rendement de la production, renforcer la capacité d’organisation sociale, économique et d’autogestion des associations villageoises, ton et coopératives paysannes, accroître le revenu des ménages et faciliter leur accès aux crédits auprès des institutions financières.
Les paysans de la filière pomme de terre travaillent davantage avec « Cikela Jigi » qui se retrouve 2e importateur d’intrants et de semences. Elle fournit 60 villages sur un rayon de 60 km dans la région de Sikasso et encadre 2031 exploitations familiales. Après des actions test à Sikasso et Ségou, la coopérative a ouvert des magasins à Koutiala, San et Bamako. Ses actions sur le terrain ont largement contribué à réguler le marché des semences dont la caisse est vendue à 18 000 F CFA depuis 2002 contre 20 000 à 25 000 F CFA chez d’autres fournisseurs, témoigne M. Djiré. Elle a un but non lucratif.
Le bras financier de la coopérative est demeuré la caisse de microfinance « Kafojiguinew » jusqu’à une date récente. « Kafojiguinew » qui ne pouvait pas faire les opérations traditionnelles de banque pour la commande de marchandises à l’étranger a laissé la place à la Banque malienne de solidarité (BMS). Celle-ci n’a pas comblé les attentes. Après avoir accordé un financement de 50 millions de F CFA en 2003-2004 et une autre de 120 millions de F en 2004-2005 tous remboursés, la BMS a fait faux-bond à ses partenaires alors que les semences étaient déjà arrivées au Port de Téma (Ghana).
Le PDG de la BMS qui avait donné son accord de principe pour le financement de la campagne 2005-2006 a juste retiré sa créance dans les comptes de la coopérative pour leur signifier ensuite qu’il ne pouvait plus leur donner un kopeck. Ce refus a provoqué un taux d’avarie de semences de 75 % et une perte d’argent à la coopérative chiffrée à 10,3 millions de F CFA, selon M. Djiré.
Le contentieux entre « Cikela Jigi » et la BMS est devant le tribunal de commerce qui a débouté les deux parties sans pour autant donner de grosse de jugement dans les délais permettant à « Cikela Jigi » d’aller en appel. Elle a jeté son dévolu sur Etimos, une banque italienne, qui est en train de payer à la place de la BMS le reliquat dû aux fournisseurs étrangers.
A. Dicko

(envoyé spécial)

Les paysans ont leur destin en main
On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Les paysans de la filière pomme de terre de Sikasso se sont approprié cet adage. Ils ont compris depuis 1995 qu’il vaut mieux se regrouper pour défendre ses propres intérêts. Ainsi est née l’Association des producteurs de pomme de terre de Sikasso (APPS) présidée par Lassina Koné, un sexagénaire.
Lassana Koné estime que la pomme de terre est cultivée dans leur terroir depuis plus de 60 à 70 ans. Mais jamais, explique-t-il, de mémoire de paysan, il n’y avait eu auparavant une association ou regroupement organisé pour défendre leurs intérêts. Il affirme que la création de l’APPS a été d’une grande utilité pour la simple raison qu’elle a permis de faire rayonner la culture de pomme de terre qui peut être classée parmi les produits d’exportation avec des revenus sûrs pour notre pays.
Au départ, l’APPS regroupait 77 villages. Aujourd’hui, elle en compte une centaine. Une augmentation du nombre de ses adhérents qui témoigne du dynamisme de la filière, justifie M. Koné.
Le financement de la culture de la pomme de terre a commencé à ses débuts avec une ligne de crédit de la Banque nationale de développement agricole (BNDA). Celle-ci empruntait de l’argent à la « Sikassoise », un privé en vue d’importer des semences et des engrais destinés aux exploitations familiales.
L’idylle entre la « Sikassoise » et les paysans n’a duré que quelques saisons de pluie. Le monopole de fait détenu par cette société influait négativement sur les prix des intrants et des semences. Les caisses de semences de 25 kg à 30 kg se vendaient entre 20 000 et 25 000 F CFA.
A. D.
Iscos : l’artisan de la filière pomme de terre
ISCOS est l’instrument de coopération de la Confédération syndicale italienne (CISL) en vue d’aider les centrales amies des pays en développement. C’est ainsi que l’ONG Iscos présente dans la plupart des pays au sud du Sahara et en Amérique Latine est arrivée au Mali en 1989 et travaille en partenariat avec l’UNTM dans le cadre de l’amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs.
Basée à Sikasso depuis son implantation dans notre pays, Iscos exécute le programme d’amélioration des revenus des exploitations familiales agricoles par la promotion de la filière pomme de terre. Selon son coordinateur Baba Moulaye Haïdara, le programme a pour partenaires : APPS, Amatevi, « Cikela Jigi » et « Mali Yiriden ». Pour M. Haïdara, le meilleur moyen de freiner l’exode rural est de valoriser la production faite par les paysans en leur trouvant des sources de financement et surtout des points d’écoulement de leurs produits.
Le programme a un soutien financier de l’Union européenne à hauteur de 75 %. Les 25 % restants sont à la charge d’Iscos.
A. D.

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