Urbanisation : Avec 3 274 727 citadins sur une population de 14 528 662 habitants, le Mali figure parmi les pays les moins urbanisés

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A l’instar de la communauté internationale, notre pays a célébréle mercredi 8 novembre 2017, la journée mondiale de l’Urbanisme 2017. Le thème mondial retenu était : « Gouvernante innovante, ville ouverte ». Toutefois, compte tenu des préoccupations actuelles, le Mali a choisi un thème national à savoir : « Elaboration et mise en œuvre des outils de planification et des opérations urbaines. Quelles stratégies ? ». La cérémonie d’ouverture était présidée par le Ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et des affaires foncières, Me Mohamed Aly Bathily.

Rappelons que cette journée mondiale de l’urbanisme a été instituée en 1949 par le professeur Carlos Maria della Paolera de l’Université de Buenos Aires. Cette journée avait pour but de faire croitre l’intérêt du public et des spécialistes pour l’urbanisme, tant à l’échelon local qu’à l’étranger  et aussi avec un objectif visé de faire appel à la conscience des citoyens et des collectivités pour mettre en perspective le devenir des villes et des territoires et les impacts environnementaux liés à leur développement.

Par ailleurs, il est à retenir que le thème national choisi interpellait depuis plusieurs années les décideurs (Etat, Collectivités) mais aussi les professionnels du développement et de l’aménagement urbain et les citoyens en raison des problèmes posés par la mise en œuvre des outils : non respect des vocations des espaces, des phasages, des servitudes et zones non constructions, etc.

Selon le président de l’Ordre des urbanismes du Mali, Diarra Sissoko, les espaces prévus pour les zones d’activités, les grands équipements, les réserves foncières et les différentes servitudes pour les infrastructures sont très rapidement occupées par l’habitat anéantissant ainsi un développement harmonieux de la ville. A ses dires, les réserves foncières prévues pour 20 ans sont consommées en 5 ans, obligeant les pouvoirs publics à de nouvelles programmations. La conséquence, a-t-il dit, est l’étalement urbain avec ses conséquences : allongement des distances, besoins croissants en infrastructures et équipements urbains, consommation des espaces agricoles et forestiers etc. « Le Mali avec 3 274 727 de citadins sur une population totale de 14 528 662 habitats soit un taux d’urbanisation de 22,5% est l’un des pays les moins urbanisés de la sous région », a-t-il révélé. Et de préciser que le réseau des villes est caractérisé par l’existence de 724 localités dont 214 ont plus de 5000 habitats et 29 plus de 20000 habitants.

On estime qu’un malien sur 2 habitera dans les villes en 2024…

En effet, ce qu’il faut savoir compte tenu du rythme d’accroissement des villes en général (5,1%) et de la Capitale Bamako en particulier (5,4%, le plus élevé en Afrique et le 6ème au niveau mondial), on estime qu’un malien sur 2 habitera dans les villes en 2024 avec tout ce que cela comporte en matière de développement urbain durable : emplois urbains, infrastructures, services urbains en tout genre, protection de l’environnement,…

Ainsi, au dire du président Sissoko, malgré une relative faiblesse de l’urbanisation, les villes jouent un rôle moteur dans le développement économique à l’échelle nationale et régionale dans la mesure où avec moins du 1/3 de la population nationale, elles produisent 50% des richesses nationales. « Elles pourraient en produire davantage si les problèmes posés par leur développement sont maitrisés », a indiqué le président Sissoko et d’énumérer les problèmes qui sont auxquels ils sont confrontés : la non maitrise de la croissance des villes, l’environnement urbain détestable, le manque ou l’insuffisance d’infrastructures, des services urbains en tout genre et de zones d’activités dignes de ce nom indispensables à la valorisation de la production de la campagne environnante.

A ce stade, l’ordre des urbanismes interpelle les décideurs pour la sensibilisation des populations afin d’améliorer la compréhension des problèmes urbains, la reconnaissance de la profession d’urbaniste et ses conditions d’exercice ; la révision du SDU (Schéma directeur d’urbanisme) de Bamako et environs accompagnée de PUS (Plans d’urbanisme sectoriels) ; l’augmentation  des crédits pour l’élaboration et la révision des outils de planification urbaine pour toutes les villes en veillant à ce que les PUS suivent les SDU ; l’organisation d’un atelier national autour de l’élaboration et la mise en œuvre des outils de planification et d’opérations urbaines à l’issu duquel de nouvelles stratégies seront proposées et testées ; le respect de la loi en ce qui concerne les opérations d’urbanisme ; la réalisation de travaux à haute intensité de mains d’œuvre en milieu urbain dans le but de la lutte contre la pauvreté et le sous emploi et d’une amélioration de l’environnement ; l’aménagement de nos principales villes pour qu’elles puissent être compétitives au niveau de l’UEMOA et de la CEDEAO.

Il est à souligner que pour une maitrise du développement urbain, l’Etat a mis en place une politique axée sur la réalisation d’outils d’aménagement du territoire et de planification urbaine et d’outils de gestion urbaine. Il a également organisé les professionnels du secteur avec notamment la création de l’Ordre des urbanismes du Mali en 1997 (Loi n’97-025 du 20 mai 1997).

Pour le ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et des affaires foncières, Me Mohamed Aly Bathily, il a articulé ses interventions sur les problématiques de l’urbanisation. Et il a évoqué les obstacles liés à cela avant de rassurer de trouver une solution idoine.

Seydou Karamoko KONE

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