Office du Niger : Du rythme et de l’engagement

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Les opérations chirurgicales se poursuivent dans la plus grosse entreprise hydro agricole du pays mais ne se ressemblent guère. La dernière qui semble satisfaire une grande majorité des puristes de la Zone Office du Niger a ceci de particulière qu’elle rend au malade le remède par lequel il peut se soigner. De quoi dire que la paire Amadou Boye Coulibaly – Boubacar Sow doit gagner. Analyse d’une équipe new look qui doit assurer.

Comme à l’époque où nos autorités s’ingéniaient à trouver en langue vernaculaire la traduction la plus appropriée du concept « décentralisation », les linguistes maliens ont frappé un grand coup pour faire adhérer les populations rurales en trouvant cette expression : maara segira so (littéralement, le retour du pouvoir à la maison ou l’appropriation par les populations de leur destinée). En bon administrateur civil, moulé donc dans la gestion des ressources humaines (la grande plaie de l’Office du Niger) et de par son expérience de représentant de l’exécutif régional de Ségou durant la période 2005-2009, Abou Sow Ministre de tutelle, a sorti sa recette les mois de Juillet et Septembre dernier. L’Office du Niger doit pouvoir se gérer lui-même, à l’orée de ses 80 ans dans deux mois, les cadres qui s’y trouvent n’ayant rien à envier aux petits missionnaires (expression que nous tirons de nos cahiers d’écolier parlant de l’histoire coloniale) qui sont plus prompts à se comparer à la grenouille qui veut grossir plus que le bœuf (une fable de la Fontaine) en bravant leur hiérarchie au lieu de remplir correctement leurs missions premières.

UNE PAIRE QUI NE DOIT PAS PERDRE

Du chapeau magique d’Abou Sow, contre toute attente,  il tire donc son duo qui, pour un trimestre, s’accommode à panser les blessures quand il le faut, et à crever l’abcès lorsque c’est nécessaire. Du PDG, Amadou Boye Coulibaly, avions-nous écrit ici, il traine 30 ans de parcours dans l’entreprise, gravissant tous les échelons et fortement ancré dans la sociologie du monde rural. Son Adjoint, Boubacar Sow lui emboîte le pas pour la même durée dans l’entreprise. Hydraulicien de formation, mais familier à toutes les missions assignées à l’Office du Niger (aménagement, planification, gestion, cartographie…), il a sa signature dans bien de conceptions modulaires et d’études portant sur l’eau, le riz, la canne à sucre, le sol etc.…Il connait lui aussi l’entreprise comme les dix doigts de ses mains et y tient comme la prunelle de ses yeux. C’est donc un duo aguerri et complémentaire qui entame une nouvelle forme de gestion à l’Office du Niger et un devoir de résultat au bout afin de ne pas décevoir. Pour ce faire, on peut parier sur les qualités de chacun. L’un a son humilité, sa chaleur, son dynamisme et sa forte capacité de négociation grâce à son carnet d’adresse tandis que l’autre possède sa méthode de cadre méticuleux, sa rigueur et son sens d’agent intègre. Mais tous sont des techniciens rompus à l’aménagement des terres et à la gestion de l’eau que nul discours autre que la vérité du terrain n’ose contrarier. A ce titre, on leur doit déjà ce qu’un confrère de Bamako avait appelé « le plan d’urgence » pour sauver l’Office du Niger d’une catastrophique campagne agricole 2010-2011 aux mois de Juillet et d’Août : démobilisation des agents d’encadrement suite à la réorganisation de l’entreprise en 2010 mais surtout non réalisation des travaux d’entretien périodique imputable à un blocus financier incompréhensible du siège de l’entreprise. Dans un espace sahélien où les pluies sont aléatoires, qui plus est, avec les caprices de cette année, l’Office du Niger aura tous les regards des maliens rivés sur sa production de cette année. Et les mesures urgentes adoptées dans toutes les zones de production, après divers engagements de la nouvelle équipe directionnelle, furent véritablement une bouée de sauvetage de la campagne agricole, au point qu’une visite sur le terrain, du Ministre Abou Sow le mois dernier, a permis de croire que l’Office du Niger cuvée Amadou Boye Coulibaly – Boubacar Sow peut s’accrocher à sa prévision de production de 630 000 tonnes de rie en hivernage et en contre saison. Mieux, en réussissant en un trimestre à honorer tous les engagements statutaires (Comités de Gestion, Comités de Suivi du Contrat Plan, Conseil d’Administration, rencontre avec les PTF) dans un environnement où la crise alimentaire d’ailleurs commence à s’inviter au débat, l’Office du Niger prend la promesse, par l’intermédiaire de sa Direction Générale de doubler la culture de contre saison de cette année, passant de 12 000 à 25 000 ha d’exploitation du riz. Ce fut d’ailleurs l’occasion, pendant ce mois d’Octobre, pour tous ces décideurs de l’Office du Niger (administrateurs et autres bailleurs de fonds) d’évaluer les résultats, engagements et performances de l’entreprise, et d’afficher la mine sereine, que les résultats partiels de la campagne agricole en cours sont un gage de réussite que l’Office du Niger assurera bien la moitié des besoins en consommation de riz des maliens. Sur les 600 036 tonnes de riz prévues en hivernage, les opérations de moisson et de récolte ont déjà commencé sur près de 10 000 ha. Or, l’Office du Niger peut se complaire, à la semaine dernière, de réussir un taux de réalisation d’exploitation des terres à hauteur de 98 % soit 84 382 ha auxquels il faut ajouter plus de 5 700 ha en hors casier ; ce qui permet aux prix d’achat du riz aux producteurs de tourner entre 275 et 330 F pour le Riz BG et 310 et 350 F CFA pour le Riz Marchand communément appelé Gambiaka.
Moutta

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