Révision budgétaire 2025 : Le pactole des élections réaffecté à la Défense

Le gouvernement a officialisé une révision stratégique des priorités budgétaires. Dans un contexte de sécurité précaire, ce recentrage opéré le 29 août 2025 réaffecte 80 milliards du budget réservé au processus électoral à la défense nationale.

1 Sep 2025 - 01:40
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Révision budgétaire 2025 : Le pactole des élections réaffecté à la Défense

Cette décision, rendue publique le 22 août via le site du ministère de l’Économie et des Finances, marque un tournant dans la gestion des ressources publiques et reflète une volonté affirmée de répondre aux urgences sécuritaires du pays.

Une décision majeure pour la loi de finances rectificative 2025, entérinant de fait le report des élections et la réallocation d’une enveloppe de 80,75 milliards de FCFA initialement destinée au processus électoral vers les secteurs jugés prioritaires, au premier rang desquels figure la sécurité nationale. 

La suppression du budget électoral, réintroduit en octobre 2024 dans l’espoir d’un retour à l’agenda démocratique, s’accompagne d’une réduction du financement de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), dont le budget passe de 6,093 à 5,274 milliards de FCFA. Cette baisse traduit une mise en veille prolongée du processus électoral, dans un contexte où les autorités ont choisi de proroger le mandat du président de la transition, Général d'Armée Assimi Goïta, pour une période renouvelable de cinq ans. L’objectif affiché est clair : achever la pacification du territoire avant toute reprise du calendrier électoral.

La révision budgétaire ne se limite pas à une simple réaffectation. Elle s’inscrit dans une logique de redéploiement stratégique, avec une augmentation substantielle du budget alloué à la Défense. Ce dernier passe de 485,058 à 554,091 milliards de FCFA, soit une hausse de 43,354 milliards. Cette enveloppe vise à renforcer les capacités opérationnelles des forces armées dans leur lutte contre les groupes armés terroristes, les milices séparatistes et les foyers de tensions internes qui continuent de fragiliser l’unité nationale.

Au total, le budget global de l’État s’élève désormais à 2730,697 milliards de FCFA, avec un déficit prévisionnel de 540,189 milliards, en baisse par rapport aux estimations initiales. Cette contraction du déficit, malgré l’augmentation des dépenses sécuritaires, témoigne d’une volonté de rationalisation budgétaire et d’adaptation aux réalités du terrain.

Dans ce contexte, la révision budgétaire apparaît comme un acte politique fort. Elle consacre une doctrine de souveraineté sécuritaire, où la stabilité du territoire prime sur les échéances électorales. Si cette orientation suscite des interrogations sur la trajectoire démocratique du pays, elle répond à une exigence immédiate: restaurer l’autorité de l’État, sécuriser les populations et consolider les institutions avant toute reprise du processus électoral.

Le gouvernement  assume pleinement ce choix, qu’il présente comme une réponse pragmatique aux menaces existentielles qui pèsent sur le pays. La loi de finances rectificative 2025 devient ainsi le reflet d’une stratégie nationale de résilience, dans un Sahel en recomposition, où chaque décision budgétaire est désormais un acte de souveraineté.

M. SANOGO

 

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