Élection présidentielle en Côte d'Ivoire : ADO + 59 autres en compétition

L’élection présidentielle prévue en Côte d’Ivoire le 25 octobre 2025 s’annonce comme un moment charnière pour la démocratie ivoirienne.

1 Sep 2025 - 01:51
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Élection présidentielle en Côte d'Ivoire :  ADO + 59 autres en compétition

Avec une liste provisoire de 60 candidatures déposées, dont 20 candidatures indépendantes, auprès du Conseil constitutionnel, le scrutin semble, à première vue, refléter une pluralité politique inédite, mais... 

Pourtant, derrière cette profusion de noms se cache une architecture électorale problématique, marquée par des tensions institutionnelles, des exclusions ciblées et une candidature controversée : celle du président sortant, Alassane Dramane Ouattara.

60 candidatures, mais quels poids politiques ? La liste publiée par la Commission Électorale Indépendante (CEI) et confirmée par le Conseil constitutionnel comprend 60 dépôts de candidatures. À part le président sortant Alassane Dramane Ouattara du RHDP, on compte parmi les figures majeures : Laurent Gbagbo (PPA-CI), Simone Ehivet Gbagbo (MGC), Pascal Affi N’Guessan (FPI), Tidjane Thiam (PDCI-RDA), ou encore Jean-Louis Billon (CODE). À leurs côtés figurent une multitude de candidats indépendants (20) ou issus de formations marginales, dont la notoriété et la capacité de mobilisation restent limitées. La plupart de ces indépendants issues de la société civile, ou des partis alliés du pouvoir, vont à cette pour faire de la figuration et gêner les potentiels adversaires, en même temps, donner une impression de démocratie au scrutin.

Cette inflation de candidatures, loin de garantir un débat démocratique riche, risque de diluer le paysage électoral et de masquer les véritables enjeux. Elle pourrait aussi servir à légitimer un processus verrouillé, en donnant l’illusion d’une compétition ouverte alors que les rapports de force sont déjà biaisés et le déroulé final déjà connu Scénario. 

Candidature d’Alassane Ouattara : entre légalité formelle et contestation politique

La présence du président sortant sur la liste des candidats soulève une controverse juridique et morale. Après avoir exercé deux mandats consécutifs (2010–2020), puis un troisième mandat obtenu dans un contexte de tensions en 2020, la légitimité d’une nouvelle candidature est fortement contestée. Bien que la réforme constitutionnelle de 2016 ait été invoquée pour justifier sa rééligibilité, de nombreux juristes et acteurs politiques estiment qu’un quatrième mandat serait contraire à l’esprit de la démocratie et à la stabilité institutionnelle.

Cette candidature, loin d’être anodine, polarise le débat politique et ravive les fractures historiques du pays. Elle est perçue par une partie de l’opinion comme une tentative de confiscation du pouvoir, au détriment d’une alternance apaisée.

 

Exclusion silencieuse des opposants

Si des figures comme Laurent Gbagbo ou Tidjane Thiam figurent sur la liste, d’autres ténors de l’opposition sont absents, notamment Guillaume Soro (GPS) et Charles Blé Goudé (COJEP). Ces absences, souvent liées à des procédures judiciaires ou à des obstacles administratifs, réduisent la portée du pluralisme et posent la question de l’équité du processus électoral.

Le Conseil constitutionnel, qui doit publier la liste définitive des candidats d’ici le 10 septembre, est donc au cœur d’un enjeu majeur : garantir un scrutin inclusif, transparent et crédible. Toute validation perçue comme partiale pourrait fragiliser la légitimité du futur président, quel qu’il soit. L'institution se retrouve à nouveau et en amont, dos au mur

Prospective politique : recomposition ou cristallisation ?

Si le scrutin se tient comme prévu, plusieurs scénarios sont envisageables. D'abord un Scénario de type kafkaïen qui prône la continuité dans la relative stabilité : Alassane Ouattara l’emporterait, consolidant son pouvoir mais au prix d’une contestation accrue, notamment dans les zones historiquement favorables à l’opposition.

Second scénario de type surréaliste qui fait appel à une nécessaire recomposition quand la division éclate au grand jour avec la marche du 9 août dernier. Dans ce cas inédit, un outsider comme Tidjane Thiam ou Jean-Louis Billon peuvent espérer parvenir à fédérer l'opposition républicaine au sein d'une coalition réformiste et engagée, ouvrant ainsi la voie à la possibilité d'une alternance "démocratique". 

Enfin, troisième scénario de type cyclique alliant contestations de rue à crise institutionnelle majeure au sommet de l’État, grâce aux résistances de certains Ivoiriens de ne pas se plier à l'ordre républicain. À ce moment-là une vague de contestations et des séries d'arrestations émailleront le processus électoral dès lors transformé en conflit post-électorale comme en 2010. Des scènes de violences éclatent de partout, sur fond de règlement de compte et de tensions ethniques alimentées par des discours de rejet et des accusations de fraude ou d'illégitimité, menaçant la stabilité du pays.

En conclusion, dans le pire des cas, sachons que c'est une élection à haut risque que les Ivoiriens et Ivoiriennes sont s'apprêtent à vivre ; sont appelés à participer démocratiquement le dimanche 25 octobre. Que le sort soit clément et favorable à la stabilité et à l'alternance démocratique chez nos voisins et proches parents.

La Rédaction

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