Chronique : Savoir écouter

Il fut un temps où, dans notre société, une fois la nuit tombée, les grands-parents ou les conteurs, réunissaient les enfants pour partager avec eux des contes qui se terminaient toujours par des leçons de sagesse. Et pour capter l’attention des enfants et vérifier qu’ils écoutaient attentivement, le conteur disait « tintin », et les enfants répliquaient « tin massa ». Ou alors le conteur disait aussi « zirin » et les enfants de répondre « naaamou ». Le contact était ainsi établi et le message pouvait bien passer.
À l’heure des réseaux sociaux où l’on trouve de nombreux internautes qui s’invectivent et assènent leurs idées parfois assez nauséabondes à longueur de journée, l’écoute semble avoir pris de longues vacances. Oui, nous vivons désormais dans une société qui nous invite en permanence à noter l’autre et le service qu’il rend. Des likes sur Facebook aux petites étoiles pour qualifier la qualité d’un produit ou d’un travail, nous sommes entrés dans l’ère de la notation. C’est en quelque sorte le jugement permanent avec tout son lot d’injustices.
Or, juger est généralement une façon de catégoriser les personnes. Depuis longtemps des chercheurs ont démontré les effets néfastes de toute catégorisation en travail social. Le sentiment d’être jugé est très fréquemment considéré par les personnes aidées comme rédhibitoire. L’absence de jugement est essentielle afin que la personne puisse être reconnue comme sujet à part entière.
On estime aujourd’hui que les gens passent entre 70 et 80 % de leur journée à communiquer sous diverses formes, dont environ 55 % sont consacrés à l'écoute. La question est donc : écoutons-nous réellement de manière active ? Développer des compétences d'écoute active demande de la pratique, tout comme l'acquisition de n'importe quelle autre compétence. La première étape consiste à assimiler les techniques fondamentales, symbolisées par les trois A : Attitude, Attention et Adaptabilité.
C'est important d'être ouvert aux idées des autres, peu importe qu'il s'agisse de faits ou d'avis. Cela implique le respect et la curiosité. En effet, nous pouvons tous apprendre des autres, même si nous avons des convictions fortes sur un sujet. En gardant un esprit ouvert, nous dépassons nos préjugés et devenons de meilleurs auditeurs.
En second lieu, être attentif est primordial pour bien écouter, mais ce n'est pas toujours facile. Et enfin, l'adaptabilité en matière d'écoute consiste à rester ouvert d'esprit et à suivre le fil conducteur du discours, même si le sujet vous semble difficile à saisir ou peu intéressant. En gardant l'esprit ouvert et en investissant votre attention, vous vous adaptez à la situation et devenez, au final, un meilleur auditeur.
Retenez donc que la communication commence par l’écoute. En écoutant attentivement, vous pouvez mieux comprendre les besoins, les préoccupations de votre interlocuteur. Cela vous permet d’adapter votre réponse de façon appropriée. En effet, la plupart du temps, nous essayons d’abord de nous faire comprendre. Nous écoutons trop souvent dans l’intention de pouvoir ensuite répondre. Pour avoir des relations de valeur avec son conjoint, ses enfants, ses amis ou ses collègues de bureau, il faut apprendre à écouter.
Or, cela demande de gros efforts sur le plan psychologique. L’écoute exige de la patience, un esprit ouvert, un vrai désir de compréhension, bref, de grandes qualités. Autrement dit, écouter pour comprendre implique d’accorder une attention totale et une considération sincère aux pensées, aux émotions et aux perspectives de l’interlocuteur.
Salif SANOGO
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