C’est le lundi 14 août que les élus de la nation vont se pencher sur la Loi d’Orientation Agricole (LOA) qui apparaît comme le début d’une ère nouvelle pour l’agriculture malienne, celle de sa modernisation assurant la prospérité des producteurs et la richesse de notre pays. En prélude au vote, la Coordination Nationale des Organisations Paysannes (CNOP) du Mali a animé une conférence de presse dans ses locaux sis à Kalaban-Coura pour se prononcer sur la LOA.
Ibrahim Coulibaly, président de l’Association était le principal orateur entouré, entre autres, de René Alphonse, Solomane Nassamakan Kéïta, M. Camara et de plusieurs autres éléments.
FORMULATION DE STRATEGIES COMMUNES FACE AUX AUTRES ACTEURS
Rappelons que la Coordination Nationale des Organisations Paysannes du Mali (CNOP) est née en 1996 de la volonté des organisations paysannes de créer un cadre de convergence de leurs préoccupations, à travers des actions concrètes et en facilitant la mobilisation de moyens, dans le but d’aboutir à un espace commun de représentativité réelle, de formulation de stratégies communes face aux autres acteurs, de renforcement des effets de leurs actions de lobbying et de plaidoyer.
La CNOP représente les organisations paysannes du Mali au sein du ROPPA dont elle est membre fondatrice (Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles de l’Afrique de l’Ouest). Elle est aussi membre du Mouvement paysan international via Campesina.
Aujourd’hui, la CNOP est composée de plusieurs structures nationales, entre autres, l’AOPP, l’APRAM, la plate-forme paysanne du Sahel, la FEBEVIM, la Fédération nationale des jeunes ruraux du Mali. De façon générale, l’objectif de la CNOP est d’édifier un mouvement paysan national crédible, porteur de la promotion socio-économique durable des exploitations familiales et des producteurs agricoles à travers une agriculture paysanne bien insérée dans le contexte du développement national, sous-régional et international.
PROCESSUS DE L’ELABORATION DE LA LOA
Ibrahim Coulibaly, le président de la CNOP, dans son intervention, a évoqué le processus d’élaboration de la LOA. On notait que le gouvernement, sous l’égide de la présidence, a organisé des concertations nationales avec les paysans, les organisations socio-professionnelles, les chercheurs, les agents techniques et les partenaires du secteur, autour de la LOA.
M. Coulibaly a expliqué que de cette vision, le paysan et le milieu rural ont été placés au centre de la problématique agricole du Mali. De vastes concertations locales, régionales et thématiques, ont été organisées pour assurer la prise en compte des préoccupations, attentes et propositions du monde paysan en prélude à l’élaboration et à la mise en oeuvre de la LOA.
De ce fait, le président de la République a confié l’organisation de ces concertations à la CNOP.
Face à cette responsabilité, M. Coulibaly a fait savoir que son organisation a adopté une démarche qui a permis de capitaliser le point de vue des paysans maliens à la base concernant les différents aspects de la LOA, dans la transparence et la démocratie. Ainsi, aux différentes concertations organisées, les paysans ont fait des propositions et celles-ci ont permis de prendre des décisions cohérentes. C’est dans ce cadre que 24 ateliers locaux se sont déroulés par regroupement de cercles.
Le conférencier a ajouté que des concertations ont été organisées dans chacune des huit régions du pays et dans le District de Bamako.
La CNOP a participé au Comité de rédaction de l’avant projet de la LOA. Après le dépôt de l’avant projet de loi au gouvernement, le processus interministériel s’est déroulé et a débouché sur un projet de loi, déposé à l’Assemblée Nationale.
DIALOGUE FECOND ENTRE LA CNOP ET LES DECIDEURS
Les conférenciers ont mis en exergue l’élan formidable de dialogue entre la CNOP et les décideurs, les pouvoirs exécutif et législatif, en l’occurrence à propos de la LOA.
Aujourd’hui, nous sommes à une étape charnière du processus d’élaboration de la LOA. Les élus se prononceront le lundi prochain. C’est la première fois, aux dires des producteurs agricoles maliens, que leurs organisations est impliquée par les autorités dans l’élaboration d’un texte qui les concerne.
Pays agro-pastoral, la production agricole représente plus de 50% de la richesse nationale. Raison pour laquelle le monde rural constitue la cheville ouvrière du Mali.
S’agissant du vote, la CNOP souhaite que le texte soit adopté dans sa forme actuelle en tenant compte des préoccupations exprimées par ses membres. Ils ont été entendus par des élus.
L’adoption de ce projet de loi va permettre de moderniser notre agriculture et par conséquent, d’améliorer les conditions de vie des producteurs. Ce qui aura une répercussion sur toute l’économie du pays.
LE PROBLEME RECURRENT DE FINANCEMENT
Malgré la bonne entente entre les décideurs et la CNOP, cette dernière déplore le fait que deux de ses propositions n’ont pas été prises en compte dans la dernière mouture du projet de loi dont la question de financement de l’agriculture. On ne peut pas moderniser l’agriculture sans des sources d’investissement bien établis.
La CNOP demande qu’on mette les moyens à sa disposition. Et par rapport à cela, elle avait demandé de mise à disposition de 20% du Budget d’Etat comme investissement à l’agriculture. Cette proposition n’a pas été acceptée. Compte tenu de la faiblesse des ressources de l’Etat.
Le problème foncier a été aussi abordé et la CNOP suggère que la justice soit dessaisie des litiges au profit des commissions constituées à cet effet.
Mamadi TOUNKARA