Editorial : Sous l’orage

Ils sont très nombreux les Maliens à dire que les affrontements, actes de violences et de provocation ayant agité des localités de Tombouctou (Zarho) et de Gao (Bamba), l’attaque d’Anderaboucane, étaient prévisibles. D’aucuns, pessimistes, commencent à s’alarmer, d’autant plus que ces évènements combien dramatiques sont intervenus dans un contexte très fragile de recherche de la paix et de réconciliation. Des violences que rien, mais absolument rien, n’a pu empêcher. Et qui sont de nature à ouvrir la bourse des interrogations. Sont-elles liées aux négociations à Alger, qui, un temps remises, doivent reprendre dans les semaines à venir ?

6 Jan 2015 - 02:30
6 Jan 2015 - 07:51
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Ceux de Zarho et de Bamba ont assurément des explications. Mais, disons tout de même que c’était à prévoir. Sans joindre ma voix à celles des confrères qui ont parlé de combat entre « unionistes » et « séparatistes »- à savoir le Gatia, le MAA dissident, le MNLA-, il faut dire que ce rallumage des mèches confirme les pronostics faits quelques jours après la création du Gatia (groupement d’autodéfense des Touaregs Imrads et alliés). Ce qui a été dit à l’époque est à redire aujourd’hui, à savoir qu’au Nord du Mali il y a une poudrière. Une situation de ni calme ni désordre. Le Nord du Mali est dans une instabilité qui inquiète et qui révèle que, là-bas, les différentes communautés vivent dans une relation des plus distendues, précaires, qui peut violemment rompre à tout moment. Et la preuve vient d’être faite par les derniers évènements. Les évènements de Zarho, de Bamba et d’Anderaboucane sont sans doute des réactions de régression susceptibles de bousculer davantage le vivre-ensemble déjà malmené. Aussi, ces évènements arrivent à cause d’une perte de contrôle des pouvoirs publics, mais surtout par l’incapacité des élites traditionnelles des différentes communautés à faire entendre à leurs membres le langage de la paix, de la réconciliation. Et le Mali y a beaucoup à perdre. Car tout cela montre que la marche à reculons n’est pas loin d’être entamée dans cette partie du pays où personne, ni la Minusma ni le pouvoir central, n’a la puissance d’influer sur le cours d’une situation aussi tendue. Alors que toutes les attentions sont fixées sur Alger où la reprise des négociations est prévue pour bientôt. Ce qui s’est déroulé dans les régions de Tombouctou et de Gao est surtout le signe qu’au Mali, nous sommes sous l’orage. Evidemment, cela rappelle un livre à succès « Sous l’orage » de Seydou Badian. A propos de ce livre, on en est encore à se demander pourquoi il n’y a pas de situation finale. Simplement parce que sous l’orage, rien ne peut se décider. Le Mali en est à ce stade. Sous l’orage. Encore. Mais peut être pas pour longtemps. Car après la pluie, c’est le beau temps. Boubacar Sangaré

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