La victoire au premier tour du candidat pour le changement, Ibrahim Boubacar Keïta, a été une occasion inespérée de report de voix de certains candidats malheureux à la présidentielle du 28 juillet 2013. Comme l’a souligné Oumar Mariko, dans un entretien accordé à des confrères de radios privées de Bamako : «IBK doit entendre cet appel du peuple sorti massivement pour voter. Ce peuple ne demande rien d’autre que le changement. C’est ce mot «Changement» qui rapproche aujourd’hui le Parti SADI à Ibrahim Boubacar Keïta, arrivé en tête avec 39,22% lors du premier tour de la présidentielle. Nous le prenons aux mots».
Les Maliens, dans une écrasante majorité, aspirent aujourd’hui au changement ; ce changement, tant prôné par IBK, tout au long de sa campagne doit être une «
profession de foi», dès le jour même de la cérémonie de prestation de serment.
Nul doute qu’IBK a trouvé des mots d’espoirs et d’espérance, des mots porteurs, qui ont galvanisé tout un peuple : «
le Mali d’abord» ; «
Pour l’honneur du Mali» ; «
Pour le bonheur des Maliens».
Malgré que les priorités se bousculent dans cette perspective de changement, de pratique et de comportement, l’Institution parlementaire doit occuper une place de choix.
Quel est le Malien, qui n’a pas en mémoire tous ces comportements dégradants et déshonorants de nos députés, qui se livrent au commerce des exonérations de véhicule que leurs confèrent la loi ; qui se servent de leur macaron en lieu et place de la vignette et de l’assurance de leur véhicule, intimidant à tout bout de champ les agents des forces de sécurité et des douanes ; dans bien de cas, même après leur sortie du parlement, certains députés continuent à vadrouiller avec les symboles de l’Etat ; mieux de façon abusive et frauduleuse, des «
honorables» mettent à la disposition de leur famille leurs macarons ou à de personnes non autorisées.
Nombre de nos compatriotes ont été sidérés, plus d’une fois, de voir des parlementaires insulter impunément au sein de l’hémicycle des membres du Gouvernement.
Des départements ministériels non malheureusement pas été épargnés par cette intimidation désobligeante comme les Affaires étrangères : «
Laissez- Passer Protocole» ou la Communication : «
Presse laissez- Passer», comme si ces «
mots» suffisent pour se dédouaner des pénalités.
L’impunité, à tous les niveaux, était devenue la règle, une mode de gouvernance. Ainsi, le régime ATT a enlevé à l’Etat tout crédit, qui restait dès lors sans aucune autorité. Tout ce qui a ouvert la voie au pillage des fonds publics et au règne des narcotrafiquants avec la complicité d’un Etat dégradé et désagrégé. Nul doute que l’enrichissement sans cause de ses milliardaires est une menace et restera une menace certaine pour l’ancrage démocratique.
Pour cela le candidat IBK rassure son électorat « …
l’exemplarité viendra d’en haut».
Le peuple malien aujourd’hui est en droit de s’attendre à la fin de ce système mafieux et crapuleux du régime ATT bâti autour d’un consensus politique sur fond d’impunité. Il reviendra au candidat IBK de comprendre que la victoire au soir du 11 août 2013 est une victoire populaire ; elle ne saurait être confisquée ni par un parti politique, ni par un regroupement de partis politiques, encore moins par des chefs de partis politiques, qui, reniant convictions et principes, ont vite fait de rejoindre IBK, le candidat le mieux placé.
IBK aura du boulot : distinguer les bons, des filous ; les compétents, des incapables ; afin de reconstruire un Etat nouveau.
La réussite de cette mission régalienne passe nécessairement par l’organisation d’une conférence nationale, qui définira la voie à suivre pour un Mali nouveau, où la justice sociale régnera.
Amy SANOGO