‘’Le consensus à la malienne’’ : De la réciproque au paradoxe

11 Déc 2012 - 07:06
11 Déc 2012 - 07:06
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La notion de consensus, dans le dictionnaire politique malien, semble apparemment ne pas avoir la même portée que la définition (celle d’un accord de plusieurs volontés ou de textes) proposée par le petit Larousse. Sinon comment comprendre l’attitude de la classe politique et de la société civile sous le mandat d’ATT d’accepter un consensus autour d’un individu lorsque le pays n’en avait point besoin et  ne pas être à mesure de se rassembler aujourd’hui autour du Mali et pour des causes légitimes ? [caption id="attachment_98416" align="alignleft" width="200"] Fousseyni Maiga, Dirpub "Le Flambeau"[/caption] Sans remettre en cause la notion de consensus en tant que telle, qui s’est avérée d’ailleurs comme une spécificité de la démocratie malienne et une référence en matière de bonne gouvernance, il convient au regard de la crise actuelle de la situer dans un contexte plus contemporain. Erigé sous la présidence ATT, au delà de toutes vocations politico-institutionnelles, le consensus était plutôt perçu comme un principe de réciprocité en vertu duquel le soutien du pouvoir avait pour compensations certains avantages tels que les portefeuilles ministériels pour d’aucuns, l’octroi d’exonérations fiscales et de monopoles commerciaux pour certains et un ‘’permis d’injustice et de libertés étendues’’ pour d’autres… Brandit comme un modèle de démocratie pluraliste aux yeux du monde, le consensus aura plus été un outil de manipulation politique et de distraction publique. Au nom du consensus, nos partis politiques ont failli à leur mission essentielle de conquête du pouvoir et d’acteurs décisifs de l’action politique. Au nom de ce même consensus, la société civile malienne n’a point joué le rôle qui était la sienne en ce qui concerne sa possibilité d’obliger les pouvoirs publics à rendre compte de la gestion qui leur était confiée. Pire, pour ce même consensus, l’assemblée nationale a été dépouillée de sa quintessence faute de débats contradictoires, patriotiques, constructifs et de pertinents contrôles de l’action gouvernementale. En d’autre terme, censé mettre en lumière la démocratie malienne et inspiré d’autres pays voisins, le consensus n’a fait que plonger le Mali dans un immobilisme institutionnel, une ‘’balkanisation politique’’ des ressources nationales au profit de partenaires électoraux et la désacralisation de l’action e de nos institutions citoyennes. Bref, tous ces propos ne représentent en réalité que la réciprocité qui réside entre une notion (celle du consensus) et la mentalité d’une société encore au stade de l’adolescence politique et à la quête de ses repères comportementaux. Le plus inquiétant, à la limite écœurant, aujourd’hui : c’est le paradoxe qui découle de cette notion de consensus en cette phase très cruciale pour la mobilisation sociale et le rassemblement politique tant prônés pour la reconquête du Nord et la restauration de l’intégrité territoriale du Mali. Est-il normale que des hommes et des femmes qui ont pu se réunir autour d’un individu (le président ATT), au nom d’une valeur dite consensuelle, lorsque le pays n’en n’avait pas besoin…peinent aujourd’hui à se retrouver autour d’un idéal commun et pour l’intérêt suprême de la nation ? Loin de moi la prétention de faire fi des clivages actuels et des arguments avancés à tort ou à raison de part et d’autre, je veux juste interpeller l’opinion nationale sur l’opportunité d’un consensus sociopolitique (en dépit de nos divisions) pour la résolution de la crise sécuritaire et institutionnelle qui secoue le Mali. Il est vrai que les intérêts et/ou les positions en jeu sont opposés, autant que les enjeux électoraux. Mais il convient aussi de rappeler que les défis auxquels nous sommes confrontés sont encore plus énormes et complexes. D’où l’impérieuse nécessité pour le peuple malien et toutes les forces vives de la nation, de s’accepter dans la différence, la diversité idéologique et l’union. Quelques soient les initiatives, les actions, les ambitions et les convictions : seul le consensus, en tant que facteur de mobilisation sociale et spécificité malienne, doit prévaloir. Puisse le Seigneur, dans sa miséricorde, rassembler les maliens dans leur différence et donner la force à chacun d’entre nous de mettre l’intérêt suprême de la nation au dessus de nos voluptés personnelles et éphémères ! FOUSSEYNI MAIGA pour Maliweb

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