Think tank / Ecole: haro sur l’Approche Par Compétence

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eleves - supérieur«Cette méthode est totalement inappropriée. Ce n’est pas une bonne méthode. Elle me met mal à l’aise. S’il faut qu’on fasse la courbette devant les enfants, je ne suis pas prêt à cela. Ce n’est pas une bonne méthode ».

L’auteur de cette tirade n’est autre que Mamadou Camara, Professeur d’histoire et de géographie dans les lycées «La Colline»  et «Mama N’Diaye» de Kati. Il n’a pas de mots assez durs pour fustiger la nouvelle méthode pédagogique, baptisée Approche Par Compétence (APC). Pour M. Camara, l’Approche Par Compétence n’est rien de moins que le moyen le plus sûr pour donner le coup de grâce à l’école malienne, qui est à l’agonie depuis des années, voire des décennies.

Il croit dur comme fer qu’il dit tout haut ce que l’écrasante majorité des enseignants pensent tout bas. La méthode a été introduite dans le système d’enseignement il y a deux années de cela; d’abord dans l’enseignement technique et professionnel et, il y a une année, dans l’enseignement secondaire.

Avec cette méthode, l’enseignant est censé ne pas être le seul détenteur de la connaissance. Avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication et les mass-médias, l’apprenant est supposé, lui aussi, détenir en partie le savoir. Le rôle de l’enseignant, avec cette nouvelle méthode, se réduit à celui d’un facilitateur, d’un médiateur.

Les élèves deviennent les principaux acteurs de la méthode, alors que, dans l’entendement de M. Camara, c’est le maître qui doit être au centre de la méthode pédagogique. L’enseignant se voit donc dépouillé de ses prérogatives au profit des apprenants.

A en croire toujours M. Camara, la méthode est loin d’être adaptée à nos réalités, car elle suppose que les élèves aient accès aux nouvelles technologies de l’information. L’on sait qu’avec la fracture numérique ce n’est encore pas le cas. L’on sait aussi que ceux qui y ont accès, surtout les citadins, vont la plupart du temps dans les cybercafés pour y «tchatcher».

Pour M. Camara, les élèves sont loin d’être bêtes. Ils sont plutôt victimes du système éducatif et de la prise en otage de l’école – donc de l’avenir même du pays – par des politiciens en mal d’inspiration. L’école malienne est devenue, par la force des choses, un éternel, voire un universel, laboratoire où les méthodes pédagogiques les plus loufoques sont sans cesse expérimentées, avant d’être le plus souvent abandonnées.

La méthode syllabique qui a, exceptionnellement, fait ses preuves ses preuves, a été abandonnée au profit de la méthode dite globale. On parle aussi de Curricula… A en croire, enfin, M. Camara, la solution, c’est d’abandonner au plus vite cette nouvelle méthode irréaliste – l’APC – pour revenir à l’ancienne, le Cours Magistral. Au risque de voir l’école malienne, l’avenir de la Nation, définitivement enterrée sous les décombres des maux qui la minent.

Yaya Sidibé

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3 COMMENTAIRES

  1. ces “gens saignants” sont pathétiques, à la limites pitoyables. rejeter, rejeter, vous proposez quoi comme alternative ? vous savez très bien que bien des élèves en savent beaucoup plus que leurs “maîtres”, surtout en milieu dit citadin, à quoi bon de rester toujours à la traîne ?

  2. Je ne suis pas d’accord avec ce prof de lycée, mais je le comprends dans ses critiques.
    L’APC est bel et bien appropriée pour le monde scolaire d’aujourd’hui. On apprend pour acquérir des compétences, pas pour reproduire des notions théoriques.
    Mais, ce système nécessite des investissements en TIC et autres ressources. Aussi, les stratégies d’évaluation doivent évoluer du théorique vers la pratique avec des consignes adaptées.
    Ces ressources modernes font défaut au Mali et le niveau de développement du pays est si faible qu’on doute de la pertinence des innovations pédagogiques.
    Exemple: l’enseignant peut donner un lien Internet comme source de bibliographie.
    Suggestion: exploiter les ressources locales disponibles pour la réalisation des activités pédagogiques.
    Le système éducatif malien, dans la réalité, reproduit plutôt les inégalités sociales, au lieu de les corriger.

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