Lynchage du voleur Yaya Diarra à Sabalibougou :Frappé par un mauvais sort au village ?

18 Mai 2011 - 00:00
18 Mai 2011 - 00:00
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Dans notre parution d'hier, on titrait : "Retour de l'article 320 à Bamako : Un deuxième voleur brûlé vif hier matin à Sabalibougou". Yaya Diarra, puis que c'est de lui qu'il s'agit, était un voleur notoire. Multirécidiviste, il est connu de presque tous les Commissariats de police de la rive droite. Les policiers qui l'ont connu n'arrivent toujours pas à comprendre ce qui amenait ce jeune garçon de 22 ans à voler seulement des objets de très peu de valeur. Poursuivi le lundi, tôt le matin, après une tentative de vol, il a été battu à mort et brûlé par une foule qui ne supportait plus les vols répétitifs dans leur zone.

D'après l'Inspecteur de classe exceptionnelle, Diotigui Diarra de la police judiciaire du 11ème arrondissement, qui connait bien le voleur lynché pour l'avoir arrêté au moins quatre fois et envoyé en prison au moins deux fois, Yaya Diarra est né à Kéméni, arrondissement de Blindio dans la région de Sikasso en 1991.

Selon le médecin légiste Salia Diarra, de l'Association de santé communautaire de Kalaban-Coura, la victime est morte de traumatisme crâno-facial et de brûlure. Après constat, le corps a été remis à ses parents qui habitent non loin des lieux où il a été lynché, aux fins d'inhumation.

Le dernier passage de Yaya Diarra dans les mains des éléments du 11ème arrondissement remonte au 1er novembre 2010. C'était suite à une plainte introduite par Moussa Konaté, employé de commerce, pour le vol de son téléphone portable et de ses appareils de sonorisation. Sur la base des informations fournies, les policiers procédèrent à l'interpellation d'un individu répondant au nom de Yaya Diarra.

Conduit au poste, le voleur, sans ambages, reconnait son forfait. Mis à la disposition du Parquet, il a été déféré. Ses multiples vols portant sur des objets banals ont amené son entourage et la police à chercher à comprendre ses motivations réelles.

D'après son grand frère, Issa Diarra, chauffeur de Sotrama : "Je suis tellement confus par ses vols que je l'ai ramené au village, mais à ma grande surprise, il est revenu tout en s'adonnant au vol". Un autre policier en service au 11ème arrondissement et qui a longtemps servi au niveau du poste de police de Sabalibougou témoigne : "Il n'y avait pratiquement pas de jour sans qu'un citoyen ne vienne déposer une plainte contre Yaya Diarra si bien que nous nous sommes intéressés à son cas. Certains nous ont dit que, depuis son enfance, il était un enfant têtu qui bravait tous les interdits. Dans son village, il est interdit à tous de cueillir les feuilles, les branches et les fruits d'un arbre sacré. Comme pris par une malédiction divine, il a bravé cet interdit en allant cueillir et les branches et les feuilles de cet arbre. A partir de là, un mauvais sort aurait frappé Yaya Diarra. C'est ce qui l'amenait à voler sans prendre la moindre précaution". Nous sommes dans la société traditionnelle africaine où les interdits ont une place importante dans la vie de la communauté.

Dans tous les cas, Yaya Diarra a subi la justice populaire et a été brûlé vif le lundi matin vers 3 heures. Ce qui, du coup, rappelle la justice expéditive de 1991 où les voleurs étaient brûlés.

Pour rappel, l'histoire de l'article 320 remonte aux heures chaudes des événements de mars 1991.

En effet, face à la recrudescence des actes de vandalisme et de pillage, les populations ont décidé d'user de la justice expéditive qui consistait à brûler vif tous les voleurs qui étaient pris, surtout ceux pris la main dans le sac. A l'époque, le litre d'essence coûtait 300 FCFA et la boite d'allumettes 20 FCFA. Donc, l'article 320 fait allusion à cette période où l'on brûlait les voleurs.

Diakaridia YOSSI

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