ATT entre l'exaspération des épouses des militaires massacrés au Nord et le recours au dialogue prôné par des partis politiques

6 Fév 2012 - 14:56
6 Fév 2012 - 14:56
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Il faut en finir avec le banditisme armé qui n'a que trop longtemps sévi dans notre pays". "Depuis les années soixante le Mali a été le théâtre de soulèvements armés, mais ils n'ont jamais atteint la fréquence et l'ampleur de ce que l'on observe sous le pouvoir actuel". "Nous n'accepterons jamais que nos maris et nos enfants soient envoyés à la mort bêtement. Il faut donner à l'armée les moyens d'accomplir sa mission de façon honorable". "Si l'armée connaît des revers, c'est parce que son commandement, à commencer par vous-même Monsieur le Président, n'a pas été à hauteur de ses responsabilités". La salle des Banquets du Palais de Koulouba n'était assurément pas un lieu de réjouissance, samedi dernier, pour le maître de céans, le président ATT, qui a dû essuyer une bordée de reproches, d'accusations souvent à la limite de l'insulte proférés par des épouses de militaires assassinés et mutilés par les hordes de bandits armés et leurs alliés, les terroristes d'AQMI, lors des rezzou lancées contre une demi douzaine de localités du Nord, ces derniers jours.  ATT, d'habitude débonnaire et prompt à la plaisanterie, a eu du mal par moments à maitriser la légitime colère qui grondait en lui lorsque sa probité et son patriotisme ont été mis en doute par des propos tels que : "On dit que vous avez refusé d'envoyer des vivres et des munitions à nos soldats assiégés" ou pire : "On dit que c'est vous-même qui avez téléphoné aux bandits armés pour leur dire que les troupes maliennes étaient à court de munitions et que c'était l'occasion idéale pour leur tomber dessus". Avouons qu'il n'y a pire humiliation pour un homme élevé au rang d'un héros national, voire africain pour avoir, dans la nuit du 25 au 26 mars 1991, mis un coup d'arrêt à une dictature sanglante et dévastatrice, instauré la démocratie pluraliste avant de revenir, une décennie plus tard, pour révéler, au grand bonheur de ses compatriotes, les talents incontestables d'un bâtisseur d'Etat moderne. ATT a rejeté de façon catégorique les griefs dont il ne se sentait nullement coupable et pris des engagements clairs pour ce qui lui paraissait le plus important : l'armée malienne dispose, disposera en cas de besoin, de tout le matériel nécessaire pour faire face à ses obligations actuelles au Nord Mali. Tout sera fait pour que les hommes qui se battent sur le front, au sacrifice de leur vie, ne manquent de rien. Un seul mètre carré de notre territoire national ne sera cédé aux assaillants. Voilà qui devrait rassurer les épouses et enfants des militaires envoyés au front. Mais le même ATT a été approché dans le même temps par les partis politiques de la mouvance présidentielle qui, eux, prônent "le dialogue" si l'on en croit leur porte-parole, Me Kassoum Tapo, qui s'est exprimé sur le sujet hier dimanche sur RFI. La question qui vient instantanément à l'esprit est de savoir si les bandits armés et leurs complices, les terroristes d'AQMI, sont intéressés par une offre de dialogue qui viendrait des autorités de Bamako. Jusqu'à plus ample information, eux ne sont pas demandeurs, or, pour dialoguer, il faut être au moins deux autour de la table ou sous la tente. En règle générale, la partie qui s'empresse de solliciter le dialogue est celle qui se trouve  en position de faiblesse. Si tel était le cas du gouvernement malien après seulement moins de deux semaines d'affrontements, il faudrait redouter qu'une telle offre de dialogue ne prenne l'allure d'une reddition. Ce qui ne serait ni à l'honneur, ni à l'avantage du Mali. Ensuite, dialoguer autour de quoi ? Si l'on veut prêter un intérêt aux déclarations faites par ceux qui se présentent comme les dirigeants du soit-disant MNLA à travers internet et les media algériens qui leur servent de caisse de résonnance, le but poursuivi par ceux qui se sont rendus  coupables de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre à Menaka, Aguelhoc, Tessalit, Léré et Niafunké est d'obtenir l'indépendance de l'Azawad. C'est -à-dire, selon leur entendement les régions de Tombouctou, Gao et Kidal. La position du Mali est connue et inchangée depuis un demi siècle : le Mali est un et indivisible et n'est pas à partager. Récemment encore l'actuel président de la République ATT le rappelait avec solennité : "Tout est négociable sauf l'intégrité territoriale de notre pays". Le développement économique de "l'Azawad" ? Le prétendu MNLA et son groupuscule de brigands et de sicaires qui ont pactisé avec les terroristes d'AQMI arrivent un peu tard. Car le Mali est déjà fort avancé dans le développement de ses régions septentrionales avec d'ambitieux programmes tels le Programme intégré de développement de la région de Kayes (PIDRK) l'Agence de développement du Nord (ADN) et le Programme spécial pour la paix, la sécurité et le développement du Nord (PSPSDN). Des programmes qui coûtent plusieurs centaines de milliards de FCFA et qui s'exécutent chaque jour un peu plus au grand soulagement des populations bénéficiaires. Comme on le voit, il n'existe de motivation d'aucune sorte à un dialogue entre l'Etat malien et une poignée d'aventuriers qui, après avoir lamentablement échoué dans leur quête de fortune en Libye, veulent se rattraper en plongeant dans le sang leur terre d'origine avec l’espoir qu'au bout du "dialogue" qui va s'ouvrir, ils empocheront suffisamment d'argent frais pour se refaire une vie tranquille. On a déjà vu ça par le passé et la seule façon de rompre cette "rébellion cyclique" est de faire du Nord Mali une zone où la loi s'applique comme au reste du pays. L'annonce, le 29 janvier, par le gouvernement, de la "constitution d'une commission d'enquête en vue de faire toute la lumière sur les événements survenus et de saisir, le cas échéant, les juridictions nationales et les instances internationales compétentes" est un pas encourageant franchi dans cette direction. Saouti Labass HAIDARA  

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