ENTRE NOUS : Les Accord d’Alger et l’air du temps

Le président de la république, Amadou Toumani Touré, devrait se résoudre à organiser un referendum s’il veut mettre un terme à la grogne quasi-généralisée suscitée par la signature en catimini des accords d’Alger...

4 Sep 2006 - 10:50
4 Sep 2006 - 10:50
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Le président de la république, Amadou Toumani Touré, devrait se résoudre à organiser un referendum s’il veut mettre un terme à la grogne quasi-généralisée suscitée par la signature en catimini des accords d’Alger. Ainsi, à quelques encablures de 2007, il pourrait peut-être retrouver son aura et sa crédibilité sérieusement malmenées. Car, rien ne sert de se voiler la face, la signature d’un pacte avec le diable – on ne peut pas appeler autrement ces accords avec des insurgés qui trahissent la patrie - a foutu un sacré malaise dans l’opinion publique malienne.

Parti pour un bail consensuel de cinq ans, voire dix, le Mali vit des moments pathétiques, tragiques. Sa population fragilisée par une absence de dialogue, de sincérité, de mutuelle écoute. Les tenants du pouvoir, à commencer par le président Amadou Toumani Touré, donnent plus l’impression d’en vouloir plus à leurs compatriotes, qui refusent de cautionner ce dangereux précédent, qu’à Iyad, Fagaga et consorts. Eux qui, en prenant les armes, ont plongé le pays entier dans le doute et l’incertitude.

Au lieu de tendre la main aux Maliens qui, quoique choqués par l’attaque des garnisons de Kidal et de Menaka, avaient néanmoins applaudi le chef de l’Etat, le 23 mai, on s’est lancé dans une ridicule et pitoyable contre-offensive contre eux pour avoir osé dire le contraire de ce que le pouvoir a fait par la suite.

La lourde machine de manipulation de l’opinion aurait sans doute engrangé le bénéfice escompté si elle avait agi dans le but de trouver une issue honorable à la crise, c’est-à-dire avec un esprit de clarté, de justice, la moindre des choses dans un Etat républicain et démocratique.

Parce que, jusqu’ici, à ce qu’on sache, seuls les pseudo-partisans des accords ont eu droit, officiellement parlant, à certains privilèges – discours, images sur les marches, concerts, et autres manifestations de soutien? Et qui se font même un malin plaisir à proférer des insanités à l’endroit des Maliens dont le seul crime est d’avoir voulu exprimer courageusement leur opinion. Heureusement que les tisserands ont trouvé l’astuce de l’interpellation, et en direct sur le medium si sensible qu’est la télé, pour expliquer de façon un peu plus équilibrée aux Maliens les tenants et aboutissants d’une affaire qui va de rebondissement en rebondissement.

ATT et ses hommes n’ont décidément pas de chance. Car, au lieu de leur faciliter la tâche pour avoir, contre vents et marées, fait preuve d’indulgence après qu’ils aient troublé l’ordre public et défié l’autorité légitime, les cyniques cadres de l’alliance viennent encore de les poignarder dans le dos, sous le regard des autorités d’Algérie, pays Médiateur représenté de surcroît dans le comité de suivi des très controversés Accords signés sur son territoire. Verrait-on les autorités algériennes venir au bord du Djoliba négocier avec des islamistes extrémistes ? Elles les traqueraient au contraire jusque dans leurs derniers retranchements et ne feraient aucun cadeau à ceux qui se laisseraient coincer. C’est d’ailleurs ce à quoi, on a récemment assisté.

En créant un mouvement national touareg avec, en toile de fond, la nomination d’un président, la personne d’Iyad, d’un chef d’Etat-major général des armées, nos petits insurgés se sont magnifiquement joués d’une piètre défense nationale pour marquer un but à la dernière minute d’un match qui ne devait même pas avoir lieu. Le pouvoir a- t-il négocié avec des éléments égarés ou avec une armée qui revendique l’indépendance d’une portion du territoire nationale ?

Comme pour narguer, c’est à Alger où les plus hautes autorités de notre pays se sont rendues pour signer le fameux document que le chef dudit mouvement touareg a pris ses quartiers et menace de sévir si rien n’est fait selon sa volonté et à son rythme. Des injonctions à nos plus hautes autorités de faire vite et bien ? Quelle honte pour notre pays ?

Face à la nouvelle donne le président ATT, que les Maliens savent réellement bouleversé et profondément choqué, parce que trahi, se doit de se réconcilier sincèrement avec son peuple, en cherchant avec le concours de chacun une solution nationale convenable.

Devrait-il, pour ce faire organiser des consultations populaires. Le referendum reste son meilleur allié, si tant est qu’un souffle de l’homme du 26 mars reste dans ses poumons. C’est lui qui sait s’il a besoin de retrouver sa virginité politique et l’adhésion en tout cas d’une majeure partie des populations du Mali.

SORY HAIDARA

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