REBELLION ET REVENDICATIONS CATEGORIELLES: Quand l’Etat cède au «baga baga »

Sans exagération aucune, ni prétention démesurée à vouloir saper les assises (si elles existent) d’une gestion étatique, force est d’admettre qu’au Mali d’ATT, c’est le règne du...

26 Juillet 2006 - 09:05
26 Juillet 2006 - 09:05
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Sans exagération aucune, ni prétention démesurée à vouloir saper les assises (si elles existent) d’une gestion étatique, force est d’admettre qu’au Mali d’ATT, c’est le règne du « baga baga » Quand on ne menace pas d’aller en grève, on prend simplement les armes, à l’instar de Fagaga et de sa bande, et le tour est joué. Parce qu’il n’en faut pas plus pour faire trembler un régime brillant par son dilettantisme, peu sûr de lui, et obtenir le paradis sur terre. Tel est le sentiment le plus généralement partagé désormais comme l’attestent les dernières évolutions dans notre pays en matière de tension syndicale et sociale au Nord.
 
Le secret est désormais éventé et encore plus à la faveur des attaques du 23 mai dernier à Ménaka et Kidal : dans le Mali d’ATT, plus besoin de se perdre en conjectures procédurières pour obtenir de l’Etat affaibli et déliquescent des rentes qui lui coûtent les yeux rougis de sa tête boursouflée. Le seul langage susceptible d’être entendu par le pouvoir en place étant celui du «Baga baga », le bluff et autres coups d’éclats. Cela, certains l’ont compris tôt et en tirent largement profit aujourd’hui. L’une des dernières illustrations en date de ce laxisme d’Etat porte sur les revendications (dont la légitimité n’est nullement ici mise en cause) de la section syndicale de la douane. Il a suffit que Yacouba KATILE et ses compagnons de déposer, le 14 juin dernier, un préavis de grève pour obtenir aussitôt ce qu’ils n’ont pu avoir en plusieurs mois : être simplement reçus par le ministre de tutelle pour discuter des modalités de mise en place d’une Commission paritaire devant examiner leur cahier de doléances.
Attentisme du régime
Certes le ministre de tutelle, en l’occurrence celui de l’Economie et des finances, n’a pas daigné recevoir le syndicat KATILE, mais un autre ministre du gouvernement, Badi Ould GANFOUD, s’est empressé de le faire. Preuve, s’il en était besoin, du manque de solidarité ambiant au sein de l’équipe Pinochet. En tout état de cause, après avoir obtenu la levée du mot d’ordre de grève, une Commission de bons offices a été mise en place dès le 3 juillet dernier «(…) pour la prise en charge de la plate-forme de revendications de la section syndicale de la douane » Le rapport de cette commission, en date du 15 juillet dernier, fait ressortir que des accords ont été trouvés sur la quasi-totalité des points de revendications.
L’on remarquera qu’il aura fallu seulement quelques jours au Gouvernement Pinochet pour donner une réponse favorable au syndicat KATILE. Pourtant les mêmes revendications étaient contenues dans le Cahier des charges déposé par Mohamed Bassirou CAMARA dépuis septembre 2005. Face à ce dernier, l’on a joué aux faux-fuyants et au dilatatoire sans jamais véritablement songer à apporter une réponse spécifique. Parce que ce dernier n’a pas misé sur la manière forte en portant les gants, est-on logiquement fondé à croire face à la célérité dont il a été fait montre quand la menace de grève a été brandie par le camp KATILE. Du reste, quelque part, Mohamed Bassirou fait les frais de cette attitude gouvernementale lorsque ses compagnons l’accusent de ne rien faire pour eux. Ce qui est déplorable ici et qui révèle au grand jour la tremblote dont est atteint le régime, c’est qu’il a fallu que les syndicalistes menacent d’aller en grève pour que leurs préoccupations, longtemps en souffrance, soient prises en compte.
Le scandale de Kidal
Un autre cas, celui-là se passant de tout commentaire tant il dépasse l’entendement, concerne la crise du Nord. Pour se donner bonne conscience ou simplement pour fuir ses responsabilités, l’on est en train d’emboucher cors et trompettes pour clamer que les accords d’Alger portent sur des points qui étaient déjà contenus dans le Pacte national. Si tel était vraiment le cas, pourquoi avoir attendu que Fagaga et sa bande prennent les armes pour donner suite à leurs revendications ? Là également, la réponse ne souffre l’ombre d’aucune ambiguïté : c’est le langage des armes qui a été déterminant. Et pour cause : il a fallu simplement que des individus mal intentionnés viennent donner une impression de rébellion pour que «l’autre partie » de la République se mette en branle, qu’on brade tous les principes républicains et démocratiques pour satisfaire cette fois-ci des caprices d’enfants «gâtés » de la République qui ne seront en réalité jamais satisfaits de rien parce que n’ayant jamais appris à se passer de l’aumône et de la charité des autres.
Aucun exutoire, pas même celui du retard de la région de Kidal en terme de développement par rapport aux autres régions du pays, ne saurait suffire à masquer la réalité : nous sommes en présence d’un pouvoir faible, peu sûr de lui et de ce fait complaisant. Si tel n’était pas le cas, pourquoi est-ce que depuis 15 ans des Maliens courent-ils derrière le paiement de leurs droits, il s’agit bien de DROIT, après la fermeture des sociétés et entreprises d’Etat ? La réponse, c’est que ceux-ci n’ont pas de Kalachnikov comme FAGAGA et consort et que leurs marches pacifiques sont nulles et de nul effet sur le fonctionnement normal de la République. C’est cela le visage double du régime ATT. Il y a d’un côté ceux qui troublent l’ordre public et dont les désirs sont des ordres. Et de l’autre, les simples citoyens qui sont matés et gazés dès qu’ils lèvent le petit doigt. Quelle grandeur pour une démocratie qui se targue sans coup férir d’être citée en exemple !
Par Bertin DAKOUO

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