Influencées par les rumeurs selon lesquelles leurs maris partis en guerre seraient morts faute de manque de munitions et de laxisme des autorités, les femmes et les mères des militaires ont manifesté leur colère. Une exacerbation qui les a amenées à rencontrer le président de la République, Amadou Toumani Touré. Ce dernier les a écoutées et les a informées. C’était le vendredi dernier, au palais présidentiel de Koulouba.
Le problème de la rébellion dans le Nord a rendu le climat sociopolitique de notre pays sensible et vulnérable. Cette sensibilité et cette vulnérabilité se sont traduites par la propagation de fausses informations, des cacophonies proliférées par des individus mal intentionnés qui manquent de patriotisme. On a voulu intoxiquer la population à travers des informations selon lesquelles nos soldats qui luttent contre les rebelles et les terroristes seraient à court de munitions et de nourriture. Ces mêmes diffamations disaient que le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, était de mèche avec les rebelles. Tout cela a provoqué une grande irritation chez les femmes et les mères des militaires qui se battent au front pour l’intégrité nationale. Ces dernières ont manifesté leur colère par des marches. Leur dernière impulsion les a amenées à exiger une rencontre avec le chef suprême des Armées du Mali, le président Amadou Toumani Touré.
En les recevant, ATT a fait preuve de discernement. Pendant près de deux heures d’horloge, les femmes et les mères des militaires ont échangé avec lui. ATT a expliqué que ceux qui ont attaqué certaines casernes militaires et localités au Nord ne doivent pas être confondus avec nos autres compatriotes Touareg, Arabes, Songhoïs, Peulhs… qui « vivent avec nous, qui vivent nos difficultés, qui ont choisi le Mali, qui ont choisi la République, qui ont choisi la loyauté et qui ont les mêmes droits et les mêmes aspirations que nous à vivre en paix dans un pays dédié totalement à son développement ». Il n’a pas manqué d’ajouter que les Maliens ne doivent en aucun cas oublier que leur devoir commun est d’aider nos frères et sœurs, de les assister pour surmonter les dures épreuves de la circonstance. Il a, aussi, déclaré, qu’en aucun cas il ne collaborera avec l’ennemi.
Ce fut le lieu pour ATT de réaffirmer son soutien indéfectible aux Forces armées et de sécurité pour leur engagement sur le terrain et de solliciter celui de la nation entière. Il a terminé son intervention en relançant que : «L’Etat mobilisera tous les moyens aux plans de l’équipement, de la logistique et de l’entretien pour leur permettre d’accomplir efficacement leur mission de préservation de l’intégrité territoriale et de protection des personnes et de leurs biens». Satisfaites de l’audience des répliques issues de l’audience que le président de la République leur a accordée, les femmes et les mères des militaires ont, à leur tour, remercié ce dernier et se sont engagées à soutenir notre armée.
Avant cette rencontre entre le président de la République et les femmes des militaires, Bamako a frôlé le chaos, le jeudi dernier, avec une grande marche de protestation pour dire non à la gestion actuelle de la crise du nord. La manifestation a rassemblée plusieurs milliers de personnes; des jeunes se sont joints aux femmes. Les manifestantes et leurs sympathisants avaient pris d’assaut le palais de Koulouba. Une fois arrivés là-bas, ils ont sommé une rencontre urgente avec le chef de l’Etat. Surpris, le protocole de la République a quand même trouvé la parade en leur demandant de déléguer quelques personnes que le Président recevrait illico presto. C’est ainsi qu’une délégation choisie comme le groupe des porte-paroles, a eu un bref entretien avec ATT ; qui leur avait donné rendez-vous pour le lendemain jeudi. On pensait que cela apaiser les esprits, mais le réveil fut brutal dans Bamako ce jeudi-là. En plus d’une marche mouvementée, une chasse aux arabes et tamasheks a été ouverte pour dit-on, venger les victimes de la rébellion.
Rokia Diabaté