Gouvernement de transition : Quand les jeux d’intérêt « tuent » les enjeux

26 Avr 2012 - 15:18
26 Avr 2012 - 15:18
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Nommé le 17 avril suite au putsch militaire, le Premier ministre de la Transition a finalement constitué, ce mercredi 25 avril, son gouvernement qui compte 24 membres. Trois des militaires proches du Capitaine Sanogo ont obtenu des postes-clés. En effet, sur les 24 membres de ce gouvernement de Transition, on note 3 militaires, des gradés qu’on dit proches de la junte militaire. Il s’agit du Colonel-Major Yamoussa Camara qui obtient le portefeuille de la Défense, du Colonel Moussa Sinko Coulibaly pour l'Administration territoriale (Intérieur) et du Général Tiéfing Konaté, qui fut DG de la Gendarmerie nationale sous le règne d’ATT et qui devient ministre de la Protection civile. Par ailleurs, certains postes ont été confiés à des techniciens qui ne sont pas issus du monde politique. Il s’agit du Dr. Malick Coulibaly qui, rappelons-le, avait démissionné de son poste de Substitut du Procureur au niveau du Tribunal de Kati, au motif que le droit n’était pas dit dans cette juridiction et qu’il était plutôt dit selon la tête du « client ». Ensuite vient Lamine Sow, nouveau ministre d'Etat chargé des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Le ministère de l'Economie, des Finances et du Budget revient à Tiéna Coulibaly. Celui de la Fonction publique, de la Gouvernance et des Réformes administratives et politiques revient à Mamadou Namory Traoré, également chargé des Relations avec les institutions. Le Premier ministre déclare qu’il a formé un « gouvernement d'union nationale ». La priorité du nouvel Exécutif malien, c’est de résoudre la crise du Nord où des rebelles touaregs, des mouvements islamistes et divers groupes criminels ont profité du coup d'Etat militaire du 22 mars 2012 pour mener une offensive foudroyante dans les régions de cette zone. Ainsi, depuis fin Mars, le septentrion du pays est occupé par ces sécessionnistes. Le gouvernement a « du pain sur la planche » En tout cas, l’attente a été longue pour connaître les contours de ce gouvernement de transition. Ce qui, au regard des calculs d’intérêts et de ambitions démesurées des uns et des autres, témoigne de toutes les difficultés qu'il y a eu pour composer cette équipe. En coulisses, on murmurait au sujet d’un gouvernement réduit au minimum à 17 ou 20 membres. Cet qui constituait un véritable challenge pour l’homme le plus connu de nos compatriotes à l'échelle internationale (le PM). En fait, les attentes des Maliens sont nombreuses et les préoccupations sont grandes. Pays pauvre aux ressources extrêmement limitées, le seul atout du Mali était  sa stabilité, construite en deux décennies de démocratie. Malheureusement, depuis le début de cette année, des groupes rebelles et des islamistes, ajoutés au putsch du Capitaine Sanogo, ont hypothéqué ce capital de stabilité tant recherché sur le continent noir. Quoi qu'on dise, les possibilités de manœuvre de l'ex- navigateur interplanétaire étaient minimes concernant la formation de ce gouvernement. D'abord, il y avait la pression des populations qui s'attendaient à ce que tout soit fait de nouveau ; ensuite celle des  rebelles qui tirent nuit et jour, mettant le septentrion malien dans une situation humanitaire catastrophique, sans oublier que les putschistes  sont partis sans partir. Après l'Accord-cadre signé le 6 avril 2012 entre la CEDEAO et le CNRDRE pour le retour à l'ordre constitutionnel, suivi du conclave des 14 et 15 avril 2012 à Ouagadougou, ce gouvernement de consensus aura du pain sur la planche et les préoccupations seront nombreuses pour cet astrophysicien qui, au-delà de la théorie et de la pratique de la physique des astres, aura besoin de tout son tact « d'homme politique qui marche sur des œufs » pour mener à bien sa mission d'homme providentiel. C'est le cas ici de faire un clin d'œil à la CEDEAO car, comme on le dit, « on n'enterre pas un mort en laissant ses pieds dehors ». C'est dire que pour une sortie de crise, le bloc sous-régional doit intervenir de manière décisive dans ce « brûlot » malien, d'autant plus que les accords signés comportent des zones d'ombre qui permettent à certains Maliens de prétendre jouer des rôles qui ne sont pas les leurs. Dans cette crise, chaque jour de plus est un jour de trop pour les Maliens qui ressemblent actuellement à des « naufragés en pleine mer ». Comment parer aux « imprévus » ? Le nouveau gouvernement de transition aura-t-il l’air et l’allure d’une équipe soudée ou plutôt celles...d’un pantin désarticulé ? Au-delà de son « accouchement dans la douleur », c’est surtout l’efficacité de cet attelage gouvernemental qui suscite des interrogations. Après avoir mis tant du temps à « pousser ses premiers vagissements », il faut craindre qu’il reflète de profondes divergences dans l’exécution de ses missions. D’un côté, il y a l’ex-junte et ses alliés, et de l’autre ; les adversaires du putsch regroupés au sein du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la république (FDR). Face à ces deux camps antagonistes, le Président intérimaire et le Premier ministre de la transition doivent donner des consignes fermes pour relever les défis de l’heure. Après la formation de l’équipe gouvernementale, ce n’est pas le boulot qui manque, et l’on ne peut, du reste, que déplorer le temps mis pour « enfanter » ce gouvernement. Aujourd’hui, l’heure n’est plus aux querelles de clochers, mais au rassemblement pour défendre la seule cause qui vaille : celle de la normalisation dans le Nord et de l’organisation d’un scrutin électoral crédible. Avec ce nouveau gouvernement, « les jeux d’intérêt partisans » semblent prendre le pas sur l’union sacrée autour des défis auxquels les Maliens doivent se mobiliser. Dans ces jeux d’intérêts qui menacent de « tuer » les enjeux relatifs à cette nouvelle formation gouvernementale, on en oublie presque le calvaire des populations du Nord qui peinent jour et nuit sous le joug de l’obscurantisme d’islamistes et de séparatistes. La seule bonne nouvelle venue de cette région sous occupation, c’est la libération, le mardi dernier, de l’otage suisse, Mme Béatrice Stockly. Jean Pierre James  

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