IBK en Azerbaïdjan : Pendant que le Mali brûle

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La semaine dernière a été marquée, dans notre pays, par des douloureux et tristes évènements. Encore, avouons-le. Dès le mardi 02 mai, des militaires ont été les victimes d’une embuscade tendue par des hommes armés. Cela a eu lieu dans la région de Ségou, entre les localités de Diabaly et Nampala. Le bilan livré officiellement fait état de huit (08) morts, cinq (05) blessés dans les rangs des militaires. En plus, deux de leurs véhicules furent emportés par les hommes armés. L’on ignore les pertes enregistrées du côté des assaillants.

Le jeudi 04 mai, un hommage mérité fut rendu aux illustres disparus dans le camp militaire Sékou Ahmadou Tall de Ségou. Un grand évènement présidé par le Chef de l’Etat-Major Général des Armées, le Général Didier Dakouo, entouré de ses principaux collaborateurs. Naturellement, le Chef de l’Exécutif régional, Georges Togo, les leaders religieux, les parents, proches et amis des disparus, étaient de la partie.

Le même mardi 02 mai, des affrontements meurtriers opposèrent des éléments du GATIA à ceux du Ganda Izo dans la région de Tombouctou. Il y a eu également des victimes : 4, 5 selon les sources. Dans la ville-même de Tombouctou, le camp de la mission de l’ONU (MINUSMA) essuya des tirs d’obus. Il y a eu au moins une victime.

Quelques jours plus tôt, des hommes armés se signalaient dans le cercle de Kita. Des voyageurs furent arrsaisonnés avant d’être dépouillés de leurs biens. Et ce sont certains de ces hommes armés qui se seraient signalés dans le Mandé peu après. Un jeune élément des Services des Douanes fut assassiné dans la foulée à Farabana. ”Il escortait des véhicules. Des hommes armés ont arrêté le convoi. Des passagers ont été fouillés. Quand le tour du Douanier est venu, ils ont aperçu son arme. Sans hésiter, ils l’ont conduit dans les broussailles pour lui tirer dessus”, récit anonyme qui laisse cependant croire qu’il ne s’agirait pas de simples bandits.

ABSENCE ET SILENCE DES AUTORITÉS

Tous ces faits graves se déroulent depuis quelques temps. Disons-le, le putsch du 22 mars 2012 a aggravé une situation qui laissait déjà à désirer. Le pouvoir d’alors, celui du Président Amadou Toumani Touré, ayant été incapable d’assumer ses responsabilités, la chienlit s’installait. Mais, tout le monde était là. Les tenants du pouvoir actuel ne sauraient se dédouaner. Ils étaient dans presque toutes les sphères de décisions. L’on pourrait chercher certainement à nous démentir mais, les faits sont têtus. A commencer par le Président de la République, M. Ibrahim Boubacar Kéïta, IBK, longtemps Chef du gouvernement, puis Président de l’Assemblée Nationale.

Lors de l’élection présidentielle de 2013, c’est vers lui que les regards et les choix des Maliennes et Maliens se portèrent. ”Il est imprégné de tous les problèmes. Il connait tous les rouages de l’Etat. Il est la solution”, ne cessaient de clamer les uns et les autres. Aujourd’hui, d’aucuns se contentent d’avancer ceci : ”Il est venu trouver que tout était gâté. Le Mali était dans un puits. C’est lui qui le fait sortir”. Est-ce vrai ? Ne voit-on pas que la partition du pays est consommée ? L’Administration et l’Etat ne sont-ils pas absents d’une bonne partie du territoire ?

Qu’à cela ne tienne, ce début mai a été durement ressenti dans notre pays. Ci-haut, il est question des évènements de Nampala, Gourma Rharouss, Farabana, etc. A-t-on entendu le Chef de l’Etat ? A-t-on entendu les autres autorités ? N’avait-on pas besoin de voir les plus hautes autorités du pays auprès des familles endeuillées ? Tout le monde sait que le Mali est frappé par l’insécurité, le terrorisme, depuis belle lurette. Ailleurs, Nigeria, France ou Etats-Unis, personne n’y échappe. Mais, des efforts sont entamés pour les endiguer. Leurs Chefs d’Etat ne voyagent pas s’il y a des situations graves ou ils les écourtent toujours.

Tout le monde a vu que le Chef de l’Etat malien s’est envolé pour l’Azerbaïdjan, officiellement pour participer au ”Forum mondial sur le Dialogue Interculturel”. A sa descente d’avion, c’est un simple Ministre, celui de l’Education, qui l’accueilla. Sa délégation, notons-le, était composée de la Première Dame, du Ministre des Finances et celui de la Culture et beaucoup de ses proches collaborateurs.

Au même moment, se tenaient tant à Bamako qu’à Abidjan des rencontres de grandes importances : lutte contre le terrorisme, le grand banditisme, etc. A Bamako, l’Union Européenne et le G5 Sahel peaufinaient leur collaboration dans le cadre sensible de la lutte contre le terrorisme. Puisque le Chef de l’Etat tenait beaucoup à ses déplacements à l’extérieur, le Nouveau Premier Ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga, s’évertua à calmer le front social. Tout est mis en œuvre par son équipe pour donner des réponses aux syndicats. Toute chose qui a donné davantage l’impression aux Maliens que leur pays souffrait de quelque chose. Et c’est ce qui a suscité l’ire des internautes qui n’ont pas manqué de se pencher sur cet énième voyage présidentiel alors que leur Mali était endeuillé.

Récemment en France, après la mort d’un seul policier par un énergumène, ce fut la mobilisation générale. Présidence, majorité, opposition, société civile, tout le monde participa et s’associa au deuil. Au Mali, ne peut-on pas regarder ce qui se passe ailleurs ? Partout où la situation nationale est grave, les autorités donnent des exemples. L’on se prive des privilèges, des dépenses de prestige. L’on serre sérieusement la ceinture. Et lorsque ces autorités voyagent, c’est pour des choses sérieuses.

IBK en Azerbaïdjan, qu’est-ce que cela rapporterait au Mali ? Les Maliennes et Maliens ont besoin de voir IBK à leur côté à Nampala, Sélingué, Siby, Kadiolo, Bapho, Goundam, …

Dans certaines de ces localités, se sont tenus récemment des foras, festivals. La présence d’IBK sur ces lieux honorerait les initiateurs, donnerait un éclat particulier à l’évènement, et renforcerait leur confiance en l’Etat.

Cela dit, avouons que le Chef de l’Etat donne l’impression de diriger un pays en situation normale. Les voyages qu’il entame régulièrement, sont onéreux pour un pays très pauvre et en état de guerre. Le dernier en date, celui d’Azerbaïdjan, était politiquement gauche, diplomatiquement inopportun et moralement ….

B.KONÉ

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