Absence de l’Autorité de l’Etat : L’incurie du Gouvernement, la décadence d’un Système

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Où va le Mali ? Cette question continue de retentir dans certaines oreilles comme si c’était hier. Rien ne va plus au Mali. Ce n’est ni un cri de paniquard, un celui d’un oiseau de mauvaise augure. Nous avons récence les indices de la décadence de notre Etat. Notre conclusion n’est pas hâtive : Nous sommes, à ne pas se leurrer, au bord du précipice.

Le Malien avait rompu avec sa classe politique et avait, trop tôt jeté son dévolu sur une autre catégorie de gouvernants. Celle à laquelle appartient justement Amadou Toumani Touré et ses « sbires ». Cette catégorie apparaissait aux yeux du peuple comme celle des hommes intègres, des cadres honnêtes et dévoués à la Nation ; des hommes et des femmes qui pourraient donner à manger et à boire à un peuple tourmenté par les creuses promesses des politiciens dénués de toute dignité. Eux, ils ont fait croire aux plus naïfs d’entre nous que chacun aurait droit à la parole, à l’égalité et à l’équité, au pain et au vin.

Très vite, ils ont loué nos bouches contre de maigres pitances et parlent en notre nom et à notre place. Ces droits auxquels nous nous attendions sont devenus des luxes pour nous. Il fallait d’abord que ceux qui sont sortis des cuisses de Jupiter s’en goinfrent et prennent suffisamment d’embonpoint. Ils ont rempli nos marmites des poussières qui se dégagent des chantiers de goudron pour que leurs voitures ne souffrent plus des creux. Surtout pour qu’ils passent si vite pour éviter de regarder notre misère, nos côtes saillantes, nos bouches nostalgiques des tartines, nos langues perdues. Ils ont tout fait pour passer plus vite afin qu’ils ne croisent plus nos visages affreux, nos regards. Ils savaient qu’à la fin nous n’aurions même plus la force d’inspirer où d’expirer. Nous n’avions plus aucune force pour crier. Honte à eux ! Au crépuscule de leur règne, le peuple leur a tourné dos cherchant désespérément un second souffle. 2002 donc, une lueur d’espoir pointa à l’horizon, nous arrachant de faibles sourires. Mais on attendait de voir le sort qui sera celui de nos marmites. Hélas !

Nous avons été encore une fois invités au spectacle. De notre argent volé, ceux qui ont construit des usines, des immeubles ont eu droit à tous les honneurs. Le Bureau du Vérificateur Général a utilisé tambour et trompète en soufflant de toutes ses forces pour crier que plus de 200 milliards avaient manqué à l’appel au trésor public. La CASCA en a fait autant. Mais nous savions qu’il n’en serait rien. Pourquoi ? La plupart des voleurs sont des amis d’en haut, donc des intouchables. Prononcez KOKADJE ! On vous coupera la langue. Par contre, notre « Marmite vide » n’a eu droit à aucun égard. Nous nous en remettons au tout puissant !

Mais ce que nous ne pardonnerons jamais, c’est que tout a été perverti. Cadres, religieux, chefs  traditionnels, jeunesse. Bref l’Etat a été perverti.

Des ministres, sensés être les plus intègres des cadres sont choisis dans les « grins » de thé ou dans les bistrots. Ne rigolez pas ! J’en connais une qui n’était que secrétaire quelque part et qui s’est retrouvée dans un gouvernement. Comment cette serveuse de thé a- t- elle pu figurer dans un gouvernement ? Me direz-vous. Mes copains de New York se sont bien moqués de moi. Détrompez-vous si vous pensez que c’est tout. Un Trader en ruine s’est retrouvé conseiller économique à la présidence. Ce n’est pas méchant que de le souligner. Je m’explique : les traders sont connus généralement pour être des clients des psychiatres. Il s’agit  bien des bons traders. D’office donc je m’en méfierais comme simple voisin à plus forte raison conseiller.

D’ailleurs combien sont-ils de conseillers à ladite présidence ? Parions ! Le patron lui-même mettra des minutes avant de trouver une réponse peut être approximative.

Comme si cela ne suffisait pas, on s’est retrouvé avec une femme du second âge à la tête d’un gouvernement de défi, pardon un gouvernement de mission. Plus somnolente au travail qu’à domicile où les « you you » n’ont jamais cessé, la moribonde dame n’a aucune notion des affaires de l’Etat.

Pour la fameuse campagne référendaire pour la reforme, elle n’est pas visible ou peut être, elle a été écartée et à juste raison. Kaïdama n’a pas fini d’ajuster son foulard. On sait qu’elle résistera difficilement à la très agressive opposition. Dans d’autres pays, sur les questions brulantes de l’actualité, la primature est la plus sollicitée. Voyons donc ce qui se passe chez nous. On sait que le président est très chargé, donc très fatigué, mais il n’osera jamais se fier à la primature. La raison est connue. Les carences de Kaïdama ne lui font aucun répit. D’ailleurs nous avons appris qu’elle vient d’investir dans la communication pour sauver les meubles. Ridicule !

 

Des femmes ont été nommées presque dans toutes les Directions administratives et Financières. Faites un tour ou interrogez les fournisseurs sur leur efficacité. Nos braves sœurs sont plus préoccupées à leurs tontines qu’aux bons de commandes ou aux factures qui s’accumulent. Sans être un syndicat des fournisseurs qui sont eux aussi ce qu’ils sont, on constate que l’administration est presque bloquée suite à leur mépris. 

 

Tout ceci n’est que moindre mal au regard du grand désastre qui frappe le nerf du système de gouvernance. Le clientélisme et l’affairisme n’ont jamais atteint au Mali les proportions actuelles. En clair, pour avoir droit au fruit du développement, il faut forcement appartenir à une famille. Pas n’importe laquelle. Suivez mon regard ! Nous connaissons des cadres qui ont été exclus du système parce qu’ils ont simplement osé affronter le regard de l’autre (vous savez bien de qui je parle).

Pour rendre un ultime service à des copains oubliés en plein mandat, on a fait cadeau de grade de généraux à certains officiers à quelques semaines seulement de leur retraite. D’autres sont même en disponibilité. Le prestigieux grade tombe ainsi dans la banalité. Les récipiendaires ont de la peine à arborer leurs étoiles. (Elles sont éteintes).

Aujourd’hui, les Maliens redoutent une catastrophe électorale en 2012. Les partis politiques d’abord ont été les premiers à tirer la sonnette d’alarme. Tièbilé Dramé en premier avait appelé les autorités à prendre toutes les dispositions pour que les élections se tiennent dans de bonnes conditions. Face à lui, il y’avait de vulgaires laudateurs qui ont fait au président que tout allait bien et qu’il n’y avait aucun péril. Tièbilé n’est pas un banal homme politique, ses inquiétudes méritaient d’être prises au sérieux. Son intelligence et son expérience auraient pu servir au gouvernement qui, malheureusement, ne cesse de colmater les brèches, totalement inconscient du drame qui se profile à l’horizon.

Dans son incurie, le gouvernement continue de faire croire que tout va bien, alors qu’il est temps de convoquer les Etats généraux de la Nation. Ceci n’est pas une question de régime de X ou de Y. Il s’agit du pays auquel nous devons tout. Nous ne sommes pas dupes. Ce gouvernement ne peut pas organiser des élections et faire face à la crise au nord qui menace la souveraineté de notre Etat. Pour ces épreuves, il faut des hommes et des femmes d’une autre étoffe ; des vrais hommes d’Etat.

Il n’y a aucune honte à reconnaître ses carences et à rendre le tablier lorsque votre rôle constitue une menace pour la Nation. Les Maliens sont capables de comprendre et d’accepter.

Aujourd’hui, ces hommes et ces femmes qui savent bien qu’ils ont atteint leur limite de compétence dans la gestion des affaires, mais qui par cupidité s’accrochent à leurs butins, répondront sans aucun doute devant le tribunal de l’histoire, morts ou vivants.

Pour l’instant, contentons nous d’implorer Dieu.

Abdoulaye NIANGALY

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