Entre nous : Pourquoi tout ça ?

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Cherchant coûte que coûte à laver "l’offense faite au Chef de l’Etat", le puissant magistrat Sombé Théra a gauchement amplifié une affaire qui ne méritait pas d’intérêt. Alexis Kalambry des "Echos", Birama Fall du "Républicain", Sambi Touré de "Info-Matin" et Hamèye Cissé du "Scorpion", pour s’être rendus coupables de complicité "d’offense au chef de l’Etat", ont été mis sous mandat de dépôt et écroués à la Maison centrale d’arrêt de Bamako. C’était depuis mercredi dernier. Cependant, le lendemain jeudi, un autre confrère de la place, "La Nouvelle République" remettait ça et, coup de théâtre, Sombé Théra recule et se terre dans son bureau.

N’a-t-il pas vu le brûlot republié? Difficile d’y croire, lorsqu’on sait que les avocats des détenus veillent et je crois savoir que son attention a même été attirée sur l’article. Aujourd’hui encore, on en parle car personne ne comprend qu’il ait jugé inopportun, cette fois-ci, de ne pas poursuivre. Faut-il croire que seules les têtes de Sambi, Alexis, Fall et Hamèye étaient visées ? Est-ce vrai que "Théra la terreur" a été interpellé par rapport à l’impair ?

Une semaine après, rien. Il semblerait que le magistrat craignant l’effet d’entraînement que pourrait susciter la reproduction de l’objet du délit, ne l’oblige à envoyer toute la corporation à la Grande citadelle. Autre fait notable : le jeudi 21 juin, la Garde des Sceaux a été aperçue à la Primature et les observateurs avisés ont vite fait de conclure que l’affaire des journalistes incarcérés était sans nul doute au centre des débats.

Puisque c’est, semble-t-il, à la suite de cet entretien, houleux selon ceux qui croient savoir, que l’audience extraordinaire du lendemain vendredi avait été programmée.  Mais, encore un coup de théâtre – on n’est décidément plus loin de la salle Banzoumana Sissoko du Palais de la culture, temple de la musique et de la comédie – ce même vendredi, jour béni de surcroît par une bonne dose de pluie, ladite audience extraordinaire a été brutalement reportée. Volte – face des magistrats ?

A tendre l’oreille aux rumeurs circulant dans les couloirs de la Cour d’appel, on apprend que les magistrats n’entendent pas s’en laisser conter. Ils demeurent, jusqu’à preuve du contraire, les seuls maîtres dans l’antre de Thémis, y compris dans cette procédure. C’est, semble-t-il le branle-bas de combat depuis.

Comme pour rabattre aussi le caquet à ces journalistes encore en liberté de mouvements, on a brandi la thèse du triomphalisme. Puisqu’il été annoncé à grands renforts de publicité, de "Une barrée" qu’une audience extraordinaire était programmée pour ce même vendredi, les prévenus attendront ce mardi pour le jugement au fond.

Mais, curieusement, ce même vendredi, comme par enchantement, la même dame a été aperçue à Koulouba. Entretien avec le président de la République ou le Secrétaire général de la Présidence ? Sur le même sujet ?

ATT, en tout cas ce jour-là, était difficilement joignable en raison de la venue de son ami et frère le Guide de la Grande Jamahiriya.

Choquant, humiliant, ridicule, impossible de trouver qualificatif à hauteur de la bêtise que constitue cette affaire. Le président Amadou Toumani Touré qui, il est vrai, en avait vu pire même s’il a toujours fait preuve de mansuétude, n’avait pas besoin d’une telle publicité, moins d’un mois après son investiture pour son second mandat. Il a, à notre avis, mieux à faire avec tout ce qu’il a promis d’entreprendre dans le cadre de sa vision pour "un Mali qui change et qui gagne".

Ils sont, aujourd’hui encore, des millions de Maliens, de l’intérieur comme de l’extérieur, à s’interroger sur les raisons d’une telle bêtise, parce que l’interpellation de SOD, deux semaines après la publication d’un article que même des journalistes n’avaient pas vu, ne valait pas la peine. En le faisant, et certainement sans le savoir ou le vouloir, Sombé Théra et ceux qui sont censés être d’accord avec lui dans cette embarrassante procédure, ont fait une mauvaise publicité au président ATT. A cause de leur maladresse, une histoire fictive a superbement ravi la vedette à un brûlot comme "ATT-cratie" qui attaque pourtant plus directement et méchamment le locataire de Koulouba.

Alors, puisque les juges ont décidé de juger l’affaire au fond ce mardi, espérons qu’ils seront inspirés par la sagesse et ne jetteront inutilement de l’huile sur le feu. Pour une seule et unique bonne raison : ATT, présenté à tort comme la victime de cet écrit, a longtemps cheminé avec la presse. Avant et après mars 91. ET, il n’avait vraiment pas besoin de tout ça.

Aussi, la seule interrogation qui s’impose, du coup, d’elle-même, est la suivante : pourquoi tout ça ? En clair, si ça ne protège, venge, redresse quelque tort que ce soit à l’endroit d’ATT, à qui ça profite donc ? Et, pourquoi ?

Sory Haïdara

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