Mali-Niaiserie : Le Mali sous IBK : Bocari Tréta à la manière des singes

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Les singes pour se défendre de leurs ennemis, ils les bombardent de leurs propres excréments.

Le pouvoir issu du putsch de 2012 est permanemment hanté par le coup d’Etat. Rappelez-vous les sorties de feu Général Sada Samaké. Souvenez-vous des derniers propos d’IBK au sujet du coup d’Etat, le sommeil semble léger en ce moment dans l’attelage présidentiel. Une démission d’IBK permettra certainement à vous tous un meilleur sommeil et une bonne mine.

Bocari Tréta, lors d’une conférence des cadres du RPM sur le thème «réflexion sur le dialogue national inclusif», n’a trouvé d’autre source d’inspiration que de s’attaquer à nouveau à l’opposition. Celle-ci est présentée comme «déstabilisatrice et putschiste» pour s’être refusée de servir d’alibi à un dialogue foiré avant d’avoir commencé.

Il avait été cité par un vieux sage de notre pays revenant d’un «rêve éveillé», comme l’un des deux serpents dormant dans le lit d’IBK qui venait de s’installer à Koulouba en 2013. Aujourd’hui, il semble être le seul dont on n’a pas encore coupé la tête, même s’il sait que les fourches caudines du maître des lieux ne sont jamais loin. D’ailleurs, ce dernier ne l’avait-il pas publiquement traité de phacochère qui détruit tout ce qu’il a construit ?

La vipère sortie du cauchemar d’un vieux sage ; le phacochère décrit par son mentor, voilà deux images auxquelles l’homme a été associé loin des cercles de l’opposition qui ne voit en lui qu’un bateleur.

Le contexte politique et l’état lamentable de notre pays légitiment toute réponse à cet attentat contre l’intégrité morale, démocratique et républicaine de l’opposition de ceux qui maintiennent la République debout pendant que le RPM et son candidat l’abîment.

En vérité, nous avions promis une réponse à la sortie de Bocari Tereta, mais il se trouve que la réplique lui avait été donnée depuis mars 2016, suite à des propos similaires contre l’opposition (voir dans le Sphinx, le post du 26 mars 2016).

À présent, il ne s’agira que d’une mise à jour des facettes de la sinistrose d’un courtisan en panne de perspective.

En 2016, Bocari Tereta, c’est l’histoire de la grenouille qui voulait se prendre pour un bœuf ! Mal lui en a pris à peine limogé du gouvernement, pour se faire pardonner du prince du jour, attaquait violemment l’opposition l’accusant de vouloir faire un coup d’Etat : «l’opposition se prépare à chasser IBK du pouvoir en ce mois de mars…» (Par Procès-verbal 22 Mars 2016).

Des déclarations sans fondement, Bocari Tereta en est coutumier. Rappelez-vous ses sorties, à la suite de la mort accidentelle du doyen Kadari Bamba (Dieu l’accueille dans son Saint Paradis), qui avaient scandalisé toute la nation. Ridicule, il avait fini par soutenir que ses propos avaient été déformés.

À l’époque de cette déclaration, on pouvait penser sans rire, dire qu’il s’agissait en vérité, d’une manœuvre maladroite pour laver plus blanc que coton. La gestion des engrais frelatés, ou des mille tracteurs surfacturés pour s’offrir au final sur le dos des paysans et de l’opposition une auréole de sainteté ternie par son passage au Ministère du développement rural. Il fallait faire croire au Président IBK qu’il est menacé pour ensuite se poser en sauveur du trône.

Cette fois-ci encore, face à sa déchéance politique en perspective et la possibilité que la gestion des engrais frelatés ou des mille tracteurs surfacturés ait enfin une suite judiciaire, les récentes élucubrations du courtisan le plus attitré du Président, mais tombé en disgrâce, est un appel au secours et à la protection auprès de qui on sait.

Il est triste de l’affirmer et encore plus affligeant de l’écrire, la génération qui s’agite au RPM est celle qui a pesé comme un plomb d’abord sur l’Adema-PASJ et aujourd’hui sur le pays. Elle est à proprement parler une génération hantée par «l’ensauvagement dictatorial», une génération de la faillite politique. En vérité, elle n’a jamais cru au RPM encore moins à celui qui l’a incarné. Deux confessions de Tereta lui-même, peuvent l’attester.

À interpréter dans toutes ses tessitures, la litanie des reproches faits à l’opposition par l’équipe qui mène le Mali à la faillite, on comprend mieux la profondeur de la crise de gouvernance dans notre pays, lorsqu’on sait que l’ossature de notre Etat repose sur le bon vouloir de courtisans totalement dépassés par le temps, qui croient pouvoir cadenasser notre pays dans l’archaïsme, le carriérisme, après l’avoir abîmé par l’abject coup d’Etat du 22 mars 2012. Il faut croire que Bocari Tereta voit le putsch à sa porte à tous les tournants difficiles du règne chaotique qui mène le Mali à sa perte.

Quand une famille installée au pouvoir par une junte militaire dans un moment de fragilité nationale accapare la richesse du pays, entretient le marasme social, étouffe les libertés et divise la nation dans un délitement éthique et politique. C’est la faute de l’opposition ? Quand l’ethnicisme et le régionalisme les plus sectaires structurent les réformes politiques et institutionnelles de notre pays, c’est la faute de l’opposition ?

Quand votre pouvoir violente le peuple par sa politique de déconstruction de la nation, par la mise en place d’une administration RPM, celle chargée d’éliminer les élus des régions du nord du Mali en voulant les remplacer par des éléments favorables aux groupes armés, c’est la faute à l’opposition ? Quand le gouvernement finance des fora à n’en pas finir, équipe en matériel roulant et en armement les rebelles qui refusent toute présence de l’Etat dans les zones occupées du Mali, c’est la faute à l’opposition ?

Quand des avions achetés au nom de l’équipement de l’armée ne sont jamais livrés ; que ceux livrés ne sont pas opérationnels, c’est la faute à l’opposition ?

Quand des hélicoptères en état d’épave sont achetés au prix du neuf et qui sont restés cloués au sol, c’est la faute à l’opposition ?

Quand dans ces conditions, le Mali s’effondre à vue d’œil chaque jour un peu plus et que l’absence de sentiment d’un avenir commun est liée à une crise identitaire entretenue depuis le Palais, c’est la faute à l’opposition ?

Quand votre pouvoir par chantage à la menace fiscale, au blocage des projets d’autres Maliens, comme le recours officiel à un clanisme éhonté, c’est la faute à l’opposition ?

Pendant ce temps, Bocari Tereta est presque entretenu politiquement par toute l’opposition toutes tendances confondues et en particulier le chef de file de l’opposition. Le refus d’assister à sa mascarade de forum des partis politiques avant le dialogue national valait-il une telle sortie ?

Évidemment quand toutes les pratiques néfastes du Pouvoir IBK ne viennent pas à bout de ce qu’il faut bien appeler un réveil citoyen contre le tribalisme partisan, la mal gouvernance et l’humiliation constante du pays, et qu’une colère généralisée s’étend dans le pays, c’est la faute à l’opposition.

Au grand malheur de notre brave peuple, les archaïques du RPM répondent par l’autisme et le refus d’esquisser la moindre autocritique et continuent de penser que les contrevérités et le bricolage finiront par calfeutrer les fissures qu’ils tailladent dans les fondations de la maison Mali.

Aujourd’hui tout donne l’impression du vide, le goût du ratage, la sensation d’une déconvenue. La réalité du pays est à la désolation et à la désespérance. Celui qui cherche éperdument à diriger l’orchestre des thuriféraires, veut nous convaincre du contraire.

Ils sont nombreux les Maliens qui pensent que l’opposition malienne est vraiment un géant qui a peur de son ombre. Il n’en est rien.

La vérité est qu’elle peut tout y compris faire partir le Pouvoir IBK pour incompétence, corruption… pour reprendre les termes de la plainte déposée contre lui devant la Haute Cour de Justice en son temps. Mais elle a choisi la voix et les voies démocratiques, son souci du moment étant le redressement national.

Que des citoyens s’éveillent pour tenter de museler les ambitions prédatrices d’une minorité sans scrupules ayant rendu hystérique la société et bradé l’économie nationale, cela est tout à fait légitime et donne à croire qu’il reste encore un ressort sur lequel repose le pays.

Que des citoyens cherchent de solutions concrètes à même de désinfecter ces acnés, abcès et autres pus qui ravagent l’aura de notre pays et de notre nation aujourd’hui en déliquescence, ce n’est que naturel dans l’évolution d’une grande nation.

Le Mali est devenu une prison gardée par un pouvoir clanique complètement dépassé, autour duquel gravite une génération de la faillite politique ; se libérer d’une telle situation demande plus que des incantations, il faut plus d’imagination, de courage et de détermination.

Une certitude, la jeunesse malienne ne veut plus vivre avec cette vie d’emprunt qu’on lui propose, elle ne veut pas non plus fuir son pays, et cette détermination dont elle fait montre, de plus en plus, ne se concrétisera pas sans révisions déchirantes de toutes les politiques passées et du courage moral et éthique de la classe politique dans son ensemble. Cela, des partis de l’opposition l’ont compris, cela n’est pas à la portée de ceux qui s’abstiennent de réfléchir et s’accrochent aux basques d’un parti devenu administratif sans relief politique.

Retenez que l’histoire enseigne que devant l’inacceptable les nations basculent dans un élan libérateur ou s’abîment dans une désintégration chaotique. Le tribalisme partisan que vous cultivez, est vécu et compris pour ce qu’il est par toutes les populations maliennes et tous ceux qui s’intéressent au Mali. Chacun, pour l’instant, à l’intérieur comme à l’extérieur, lui oppose les réactions qui répondent le mieux à ses frustrations ou à ses ambitions. L’opposition démocratique quant à elle ne laissera jamais le Mali tomber avec votre pouvoir pour des intérêts sordides.

Souleymane Koné

Ancien Ambassadeur

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