Contentieux majorité-opposition : «Pas de CENI gouvernementale»

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Le week-end dernier, les partis politiques de l’opposition sont encore sortis pour protester contre la mise en place de la nouvelle CENI. Ils ont exprimé leur ras-le-bol au cours d’un meeting géant tenu au Carrefour des jeunes de Bamako.

«Pas de CENI gouvernementale ; Sans opposition, pas de démocratie ; Non à l’exclusion de l’opposition de la CENI», tels sont les slogans lancés par les nombreux militants des partis politiques de l’opposition, samedi 8 octobre 2011, au cours d’un meeting de protestation organisé au Carrefour des jeunes de Bamako. UNPR, BARA, CNU, ADCAM, SADI, CD, MPLO et RJP, huit formations politiques se réclamant toutes de l’opposition  sont montées au créneau pour dénoncer le décret portant mise en place de la nouvelle CENI, adopté le 7 septembre en Conseil des Ministres. Un texte règlementaire qui exclut, selon les différents orateurs, l’opposition de la structure chargée de superviser et de contrôler les élections et le Référendum de 2012.

Le contentieux serait parti d’une interprétation de la notion d’équité. Selon la Loi électorale, les dix postes attribués aux partis politiques doivent être partagés équitablement entre la majorité et l’opposition. Et pour le clan gouvernemental, à commencer par le Ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales et le président de la Commission des lois de l’Assemblée Nationale, équité ne veut nullement dire égalité, mais se rapprocherait plutôt de la proportionnalité. Alors que les partis de l’opposition soutiennent mordicus le contraire. Chacun se sentant dans son droit, le Gouvernement a décidé d’accorder neuf postes à sa majorité et de n’accorder qu’une seule place à l’opposition. Ce qui ajoute à la confusion, c’est que ce représentant choisi par l’administration pour le compte de l’opposition n’est pas reconnu par celle-ci. Pour les chefs de l’opposition, Moussa Konaté, censé les représenter, serait le coordinateur du PDES dans une Commune de la région de Kayes. Ce qui donne au finish dix sur dix pour la majorité. Situation inédite qui suscite cette interrogation chez Pérignama Sylla du BARA : la majorité va-t-elle se donner vraiment la peine de se contrôler elle-même, de se surveiller elle-même ? Non, assure-t-il, «aucun voleur ne sera son propre policier». Conclusion : la CENI doit être dissoute, n’ayant pas de raison d’être, et les 4 milliards de FCFA destinés à son fonctionnement devraient servir à financer des actions de développement.
Mais, les partis politiques qui ont fait main basse sur la CENI vont-ils accepter cela ? Rien n’est moins sûr, car, selon Modibo Sangaré de l’UNPR, de 1992 à nos jours, ceux qui ont prétexté la gabegie financière pour renverser Moussa Traoré, et qui ont promis d’assainir le pays, sont devenus pires que le régime CMLN-UDPM. En vingt ans, l’argent est devenu le roi des élections après avoir été obtenu par «le vol, les détournements, la corruption, le pillage,…)». Et c’est à tout cela que l’opposition, ajoute-t-il, est décidée à mettre fin. Elle existe bel et bien, et est décidée à mettre en place un Etat de droit à la place de «ce pays corrompu où le vol est institutionnalisé»

Selon Oumar Mariko, ce meeting n’est que la seconde étape de la bataille engagée par l’opposition, la première étant la requête introduite à la Cour suprême. Lui et ses camarades sont résolus à utiliser à toutes les voies de recours possibles, et ne laisseront pas faire «l’Exécutif actuel et sa majorité qui ont d’autres priorités : chacun souhaite être le mieux placé pour gagner dans la fraude et la confusion qui caractérisent les élections maliennes. Les autorités préfèrent distraire la classe politique sérieuse et créer en même temps les conditions idoines de la fraude à grande échelle favorisée par les élections précipitées, chaotiques…», grâce à un fichier électoral qui a déjà permis les fraudes massives et scandaleuses de 1997, 2002, 2004, 2007, 2009.

Le meeting a également été l’occasion pour certains de sortir du cadre strict du problème de la CENI. Ainsi, pour l’ADCAM, l’école malienne va à vau-l’eau, les autorités étant incapables de donner la date exacte de démarrage de l’année universitaire d’un système éducatif gangréné par les années blanches et les grèves. De même, le représentant de l’Association des partants volontaires à la retraite s’associe au combat du parti SADI, «seul parti politique qui a accepté» de les écouter et de les aider. Par ailleurs, il a dénoncé le protocole d’accord signé le 2 octobre entre le Gouvernement, le Patronat et l’UNTM, notamment sur le point qui concerne son association. «Le travail ne satisfait que son seul signataire», a-t-il dit, puisqu’eux partants volontaires à la retraite, après 15 ans de travail, réclament des pensions de retraite et non une aide sociale.

Cheick TANDINA

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