Dr. Modibo Soumaré, Président de l’ARP : «Il faut un chronogramme électoral réaliste»

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L’Action Républicaine pour le Progrès (ARP) a présenté ses vœux de nouvel an à la presse et à l’ensemble du peuple malien. C’était le samedi 22 janvier 2022 à l’hôtel Radisson Blue. Occasion pour le Président de l’ARP de revenir sur la situation de la nation qu’il juge très critique. Il appelle à l’adoption d’un chronogramme électoral réaliste afin de se mettre d’accord avec la CEDEAO pour la levée des sanctions. 

Au cours de cette conférence de présentation des vœux, Dr Modibo Soumaré a fait le décryptage de la situation socio-politique du pays. Au plan institutionnel, l’ARP trouve que le pays se trouve dans une situation de crise institutionnelle où presque toutes les institutions se trouvent hors la loi. « Elles ont pratiquement toutes dépassé leurs mandats et la Transition n’a pas vocation à régler cette situation ».

Au plan sécuritaire, le Mali se trouve dans un état d’insécurité né de l’incursion des groupes armés du MNLA qui ont finalement favorisé l’installation de néo-djihadistes, de narcoterroristes et des forces de désordre de tous genres. Malgré la signature de l’Accord d’Alger, a-t-il expliqué, un autre conflit est né au centre sous la bannière d’un conflit communautaire beaucoup plus dangereux que celui du nord. « Le bilan humain, militaire et civil reste lourd et estimé à plus de 4794 morts entre 2015 et 2019, 118 villages brulés ou détruits, des milliers de blessés et des dizaines de mutilés. En plus de cela, des centaines d’écoles fermées privant des jeunes d’éducation, leurs parents privés de liberté, certains contraints à l’exil ».

A l’en croire, l’armée nationale qui se trouve confronter à une guerre asymétrique dont les contours sont flous et les vrais motifs inconnus. « Face à cette situation, les Forces de Défense et de Sécurité nationales et les forces étrangères n’y arrivent plus. D’où l’apparition des forces d’auto-défense comme derniers recours ».

Selon Dr Modibo Soumaré, le quotidien des maliens reste incertain avec l’augmentation effrénée des prix des denrées de premières nécessités et les mouvements des partenaires sociaux (banques, assurances, stations d’essence…) alimentent la colère et les tensions sociales.

L’ARP, fort d’une réflexion approfondie sur la situation de l’état de la nation après de nombreuses concertations, constate entre autres, l’inactivité des organes de la Transition dans leur forme, leur composition, leur programme actuel à résoudre les problèmes surtout à atteindre l’objectif principal à savoir, l’organisation d’élections crédibles et transparentes, l’inadaptation du mandat des forces étrangères à la situation actuelle, l’absence d’inclusivité de la Transition qui semble suivre les recommandations et la stratégie d’une seule force politique sans grand discernement.

L’ARP propose un dialogue politique avec l’implication des leaders religieux et traditionnels comme facilitateurs avec l’appui de la communauté sous-régionale et internationale pour l’installation d’un organe dirigeant inclusif.

La formation politique appelle à une union sacrée autour de l’armée nationale qui ne devrait souffrir d’aucun clivage en ces moments si difficiles de la vie de la nation, un réarmement moral des militaires pour faire face aux questions sécuritaires et une réflexion lucide sur le rôle des milices d’auto-défense dans ce contexte inédit. Elle plaide pour la mise en œuvre des conclusions du Dialogue National Inclusif, une feuille de route pour mieux répondre aux aspirations du peuple malien dans la perspective de la nouvelle refondation tant souhaitée, appliquer les trois principes de fonctionnement souhaités pour la réussite de la Transition (neutralité, inclusivité et consensus). Pour la situation politique, elle propose la mise en place d’un accord politique de réconciliation et un chronogramme raisonnable de retour à l’ordre constitutionnel. « Proposer un chronogramme réaliste à la CEDEAO pour faire lever les sanctions qui frappent notre pays et mettre fin à l’isolement diplomatique, réinstaurer le cadre de concertation des partis politiques avec le ministère de l’administration territoriale, etc. ».

L’ARP, par la voix de son Président, souhaite que le pays soit confié à une autorité civile consensuelle au-delà du 27 février. « Il faut qu’on arrête de croire qu’on peut conquérir le pouvoir dans la rue et le gérer dans la rue », a souligné Dr Soumaré. Il précise : « Nous ne sommes pas des va-t-en guerre, nous n’allons pas descendre dans la rue cependant, nous n’accepterons pas que le pouvoir soit confisqué ».

Drissa Togola

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