La paix des braves à l’Urd : Soumaïla Cissé a rendu visite à l’ex-ministre de la Santé Oumar Ibrahima Touré

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Après la parution de la première partie de ce papier, nous avons reçu certaines réactions. Selon certaines personnes proches des deux personnalités que sont Soumaïla Cissé, mentor de l’URD et le véritable maître à bord de cette grande formation politique, et Oumar Ibrahima Touré (OIT), le désormais ex-ministre URD de la Santé, tout va bien. Pour preuve : Soumaïla Cissé, après son retour définitif au bercail, a rendu visite dans la famille de l’ex-ministre de son parti. D’où la preuve que tout va bien entre les deux responsables politiques ?!

Peut-être que tout va bien comme ne cessent de le répéter certains thuriféraires du parti de la poignée de main qui, pourtant, ne tend pas la main à tous ses militants surtout ceux soupçonnés de ne pas " être du camp de Soumaïla Cissé " mais de celui de l’ex-ministre et deuxième vice-président du parti, Oumar Ibrahima Touré. De vrais militants engagés au service du parti, à l’instar de l’ex-ministre de la Santé, ont été parfois vus au bord de la route, à la quête d’une occasion pour rallier telle ou telle localité, et qui ont été laissés en rade.

Alors même que l’occasion était là de les embarquer pour leur destination.  Si le sens de la solidarité a manqué dans les rapports entre l’URD et ses cadres, l’affaire du Fonds mondial, qui a éclaboussé Oumar Ibrahima Touré, et cela au moment où ce dernier se croyait être solidement ancré au pouvoir, en constitue l’une des preuves les plus palpables.

 Déchu de son piédestal au moment précis où il pensait pouvoir entamer, en 2012, l’ascension du palais de Koulouba, Oumar Ibrahima Touré connut une chute brutale sans que cela n’éveille la moindre compassion de ses camarades du parti.

 

 Au contraire, certains hauts responsables dudit parti n’ont pas hésité à dire : "Il fallait que cela arrive !". 

 

En tout cas, durant tout le temps de son calvaire suite aux révélations de détournements dans le cadre du Fonds mondial, Oumar Ibrahima Touré dut faire face seul…aux problèmes.Les quelques rares députés du parti qui se sont   affichés à ses côtés, malgré ses déboires et l’inimitié qui entoure ses relations avec le mentor du parti, Soumaïla Cissé, ont vite compris que la messe était dite : la chute de OIT  a été un bon débarras selon plusieurs barons de l’URD qui voyaient le mêmeOIT comme un concurrent de Soumaïla Cissé à la présidentielle de 2012.

 Le fait que l’ex-ministre était (peut-être qu’il l’est toujours), aux dires de certains, un proche de la famille présidentielle a également joué contre lui dans la non assistance de son parti au moment de ses déboires qui, malheureusement pour lui, perdurent. En effet, avant sa déchéance, Oumar Ibrahima Touré était soupçonné de vouloir se porter candidat à la candidature de l’URD à l’élection présidentielle de 2012.

 

D’où ce sentiment de méfiance voire de haine que nourrissaient à son égard plusieurs militants et cadres de l’URD qui se considèrent comme des partisans les plus fieffés de Soumaïla Cissé. 

 

  Alors que parmi les ministres URD, Oumar Ibrahima Touré est celui qui a le plus mouillé le maillot pour le parti.

 Au sens figuré comme au propre. Mais son tort est qu’il lorgnait la même chose que le mentor du parti. C’est-à-dire un éventuel positionnement dans la course à l’élection présidentielle de 2012.

On l’a dit déjà qu’il s’est battu avec ses  propres moyens, ses ressources et ses relations pour asseoir les bases de l’URD dans le septentrion. Mais pas uniquement dans cette zone. Son appui aux militants a été multiforme et a concerné tout le pays. De Kayes à Kidal, tous les militants du parti de la poignée de mains sont unanimes sur l’engagement et la générosité d’Oumar Ibrahima Touré qu’il n’a jamais ménagés s’agissant du parti. Je dis bien l’URD et non Soumaïla Cissé que plusieurs cadres confondent, d’ailleurs, au parti lui-même. Comme si  l’enfant de Niafunké en était le propriétaire.

C’est autour de ce point que le fossé entre Soumaïla Cissé et Oumar Ibrahima Touré a commencé à se creuser et cela depuis les années 2006. Quand le premier, depuis la capitale burkinabè,  essayait, à travers ses fidèles, d’avoir une mainmise sur le parti, le second, qui a été le principal bailleur en l’absence du parrain, se croyait, auréolé de son statut de ministre de la République, donc capable de prendre en main le parti et de se positionner comme son éventuel candidat à la présidentielle de 2012.Ayant pris du galon depuis avec sa nomination  le 2 mai 2004 comme  ministre de l’Elevage et de la Pêche, Oumar Ibrahima Touré a, peut-être, écouté des gens qui lui ont mis dans la tête que son heure était arrivée de briguer la présidence de la République. Mais qu’il fallait d’abord se faire élire président de l’URD. D’où cette tentative, mais très vite brisée, de briguer, en avril 2008, le poste de président du parti généreusement confié depuis sa création en juin 2003, à Younoussi Touré, un homme pas bavard ni méchant mais juge lourd dans sa gestion du parti. A cela, il faudra ajouter le fait qu’en 2006-2007,  quand plusieurs autres membres de la direction de l’URD voulaient que le parti apportât son soutien à Ibrahim Boubacar Kéïta du RPM, Oumar  Ibrahima Touré pensait le contraire ; et a travaillé pour renverser cette tendance en faveur d’ATT. Cet engagement en solo et en tout premier lieu d’Oumar Ibrahima Touré  en faveur d’ATT n’a pas été du goût de tout le monde y compris, certainement,  Soumaïla Cissé lui-même.

 Par la suite, l’URD finira, d’ailleurs, par le soutenir à la présidentielle de 2007. C’est après tout ceci qu’Oumar Ibrahima Touré allait écoper, en septembre 2008,  de six mois de suspension qui fuent, ramenés à 3 mois que l’intéressé avait déjà purgés.  Comme on a pu le constater, de simple chef de Division Actions d’Urgence et Réhabilitation des zones à risque  à la Cellule d’appui au développement à la base (CADB) du ministère de l’Administration territoriale en 2002, Oumar Ibrahima Touré a gravi tous les échelons pour se retrouver ministre de la Santé, moins de dix ans après.

Cela par la seule volonté du chef de l’Etat. Cela aussi n’a pas été du goût de tout le monde et singulièrement des cadres de l’URD qui avaient moult fois émis le souhait qu’Oumar Touré sorte du gouvernement pour faire de la place à un autre.

C’est dans ces conditions de grande suspicion et de méfiance réciproque entre Soumaïla Cissé et Oumar Ibrahima Touré qu’est intervenu, le 5 décembre 2010, par décret n°10-649/P-RM du 5 décembre 2010, le limogeage de Oumar Ibrahima Touré et son remplacement au ministère de la Santé par Dr Badara Aliou Macalou. L’URD venait ainsi de perdre un important portefeuille ministériel ; de même qu’elle se voyait sevrée de la générosité d’un de ses meilleurs cadres.  Après son retour définitif au bercail, Soumaïla Cissé a rendu une visite de courtoisie, chez lui en famille, au deuxième vice-président de son parti et non moins ancien ministre URD qui a été en fonction de 2002 à 2010.

 A part cette visite de courtoisie, l’URD ne s’est jamais intéressée au sort de ce haut responsable qui fut, par ailleurs, l’un des pères fondateurs du parti de la poignée de mains. Surtout qu’Oumar Ibrahima Touré ne constitue plus un danger pour Soumaïla Cissé qui vient d’être tout fraîchement investi candidat de son parti à l’élection présidentielle de 2012.

Les sourires sont donc les bienvenus.

Mamadou FOFANA

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