Rétrospection :   L’AMO et le RAVEC, armes de division massive

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Il y a quelques mois, devant la grogne de plus en plus perceptible et la menace d’un court-circuit intempestif entre le sommet et la base, le général-président s’est résolu à changer de fusible afin de garantir le courant entre lui et le citoyen lambda. Une Sidibé, peu au courant des événements, a remplacé un Sidibé dépassé par ces mêmes événements.

Au passage, le sommet a changé de configuration. Amadou Toumani Touré s’est, au passage, aliéné une partie de l’opposition. Depuis, les Maliens ont cru que les choses rentreront dans l’ordre et que tout ira pour le mieux. C’était compter sans le Chef de l’Etat. Dans l’imagerie populaire, ce dernier n’a usé et n’use de la gestion consensuelle du pouvoir que dans le seul but de maintenir une situation institutionnelle et politique stable et paisible. Même si l’une de ses dernières recrues, le Parena, fustigé de tous les côtés pour sa participation au Gouvernement, se veut être une majorité constructive et critique (ce qui nous change d’une opposition constructive et critique) et ne perd plus une occasion de se démarquer de la ligne officielle. Néanmoins, tout le monde est tenté de croire à un Gouvernement de consensus. Tout le monde, sauf le président de la République, qui abhorre les fins de règne paisibles. Aussi, a-t-il jeté en pâture à ses administrés plusieurs os à disputer entre eux, dont deux de taille. La dispute. ATT se plait à diviser pour régner, et compte régner jusqu’au bout, y compris en sévissant.
 
Diviser pour régner, régner jusqu’au bout
Mais pour l’heure, à la société civile, Amadou Toumani Touré a donné l’Assurance Maladie Abligatoire (AMO) qui ne finit pas de faire parler d’elle. Ce nouvel instrument de sécurité sociale qui se veut innovateur a divisé le monde du travail, les syndicats et les autres organisations de la société civile. L’AMO est défendue becs et ongles par les uns, notamment par la Centrale syndicale UNTM (Union nationale des travailleurs du Mali) qui la présente comme étant une garantie supplémentaire pour les travailleurs et leurs ayant-droits. Les mauvaises langues, en particulier une partie de policiers syndicalistes, prétendent que Siaka Diakité, Secrétaire général de l’UNTM, aurait reçu des autorités une importante somme d’argent pour défendre la cause de la nouveauté. Ce dernier s’en défend. A lire entre les lignes de ses déclarations, même s’il a émargé au budget national, ce ne peut être que pour des intérêts corporatistes liés à l’organisation de séminaires et d’ateliers de formation et d’information. Mais pour ces mêmes intérêts, son grand rival, Hamadoun Amion Guindo, Secrétaire général de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM), a refusé de l’argent que lui offrait le gouvernement pour financer une activité. Pire, il aurait même crié à la tentative de corruption. Beaucoup l’ont cru, en raison notamment de ses prises de position contre l’AMO perçue par lui comme une exploitation et une spoliation des travailleurs maliens. Marches, sit-in, déclarations, meetings, menaces de grève, manifestations de soutien, sessions d’explication, etc. Chacun y est allé de son couplet et de ses armes pour défendre ou pourfendre l’AMO. ATT est content d’avoir divisé et de s’être mis à l’abri d’une action syndicale unifiée, donc positive et rentable.

Au même moment, Amadou Toumani Touré a offert à la classe politique un plus que probable fichier électoral issu du RACE (Recensement administratif à caractère électoral). Les uns, dont le Parena, ruent dans les brancards. A juste titre ? On peut le croire. En effet, le fichier électoral issu de cette opération a donné lieu à toutes sortes de fraudes et de corruption lors des élections de 2002, 2005, 2007 et 2009. Selon les observateurs, la grande majorité des Conseillers communaux et des Députés n’ont pas été élus conformément à la volonté des quelques rares populations qui ont fait le déplacement pour voter. Même à un niveau aussi autorisé que la Cour constitutionnelle, de graves irrégularités électorales ont été dénoncées. C’est sans doute ce qui a poussé les autorités à effectuer le RAVEC (Recensement administratif à vocation d’état-civil) afin d’y puiser un nouveau fichier électoral, sur la base de données et de documents biométriques. Le lancement de l’opération a eu lieu il y a trois ans déjà, mais depuis,…rien. D’où ce retour à la case de départ. Ce qui fait dire à bon nombre de responsables politiques qu’Amadou Toumani Touré veut organiser délibérément, en 2012, des élections entachées de fraudes, de corruptions et de tripatouillages. Pour favoriser qui ? Les doigts sont pointés vers ses amis de l’Adema qui ont un comportement de plus en plus étranges et un double langage. Ils disent à la classe politique qu’ils veulent des élections crédibles et tenues dans les délais tandis qu’ils ne découragent pas l’administration dans le soi-disant toilettage du Race. A rappeler que l’Adema est le plus grand vainqueur, toutes années et toutes catégories confondues, des élections du Race. Alors pourquoi changer un document qui fait gagner ?
Cheick TANDINA
 

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