Lutte contre la corruption et la délinquance économique et financière : 70 milliards ‘’avalés’’ par seulement 23 structures !

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Amadou Ousmane Touré
Le président IBK et le Vérificateur général Amadou Toure (photo archives)

Après avoir remis son dernier rapport aux autorités du pays,  le bureau du vérificateur général a organisé mercredi dernier un atelier d’échanges sur l’exploitation dudit document à l’attention de la presse.

L’atelier a été suivi d’une conférence de presse ayant pour but de permettre aux journalistes, de communiquer et de sensibiliser les populations sur la gestion des ressources publiques.

La rencontre a été présidée par M. Amadou Ousmane Touré, le vérificateur Général, en présence des membres de son bureau, d’un représentant de l’ambassade du Canada et plusieurs invités.

A l’ouverture des travaux, M. Amadou Ousmane Touré a rappelé que la presse malienne est à la base de nombreux changements que notre pays a enregistrés ces dernières années. C’est pourquoi, dira-t-il, le BVG considère la presse comme un acteur stratégique de la lutte contre la corruption et la délinquance financière.

« De nos jours, la corruption et la délinquance économique et financière gangrène des sphères importantes de notre rayon d’action commune : la gouvernance.  Cela nécessite des synergies d’actions », a estimé M. Touré.

Pour lui, l’atelier s’inscrit en droite ligne de cette collaboration pour vaincre ensemble ce phénomène à travers un exercice de partage d’informations sur le rapport annuel de 2015.  « Il s’agit à travers cet atelier, de permettre aux hommes de médias de bien exploiter les documents du BVG pour jouer convenablement leur rôle d’information », a-t-il signalé.

Au cours de la conférence de presse, les journalistes ont posé des questions relatives à l’accueil réservé aux enquêteurs du BVG au moment des contrôles, la possibilité de voir une mission de vérification à la présidence de la République, l’appréciation du vérificateur général par rapport à la lutte contre la corruption au Mali, l’urgence d’interpellation des structures contrôlées, le sentiment du vérificateur de voir ses rapports dans les fonds des tiroirs sans suite et bien d’autres…

Le BVG n’est pas une entité judiciaire, mais administrative

Par rapport à l’accueil réservé aux enquêteurs, le vérificateur général a expliqué que le climat est serein entre les entités vérifiées et ses agents. Parce que, dit-il, nous leurs avons fait comprendre qu’un contrôle n’est pas forcément pour punir, mais pour aider à mieux gérer les fonds publics.

«  Souvent il y a des gestionnaires qui demandent des conseils et nos recommandations ne portent pas seulement sur les fonds, mais aussi sur les aspects institutionnels », a ajouté M. Touré.

Le vérificateur général a aussi expliqué que la loi reconnait à sa structure d’effectuer une mission de vérification dans toutes les institutions civiles et militaires dans notre pays. « Et, le jour où le BVG décidera de vérifier la DFM de la présidence de la République, il ne devrait pas avoir de problème », a indiqué M. Touré qui signalera qu’une mission de son bureau est actuellement au  niveau de la primature.

Pour ce qui est de voir ses rapports dans les fonds de tiroirs, le vérificateur  général dira que sa structure est chargée de contrôle administratif et non judiciaire. « Nous sommes habilités à produire des rapports et de les remettre à qui de droit : le procureur de la République. Notre rôle s’arrête là», a précisé M. Touré.

Cependant, dira le Végal, nous devrions bénéficier de l’aide de la direction générale des contentieux de l’Etat qui défend les intérêts du pays auprès des autorités judiciaires. « Tous les dossiers transmis au procureur de la République, sont également dans leur totalité mis à la disposition de la direction générale des contentieux de l’Etat afin qu’elle puisse suivre et défendre les intérêts de l’Etat. Il l’appartient en cas de classement sans suite ou non lieu d’apprécier selon les intérêts de l’Etat, s’il convient d’exercer une voix de recours ou pas », a expliqué M. Touré.

Les 70 milliards ne concernent que 23 structures.

Concernant l’interpellation rapide de certaines structures pour le recouvrement, le Végal a signalé que sa mission de vérification s’arrête à partir de la remise de son rapport. « Le BVG ne peut que constater des faits, apporter des preuves de cette constatation et de les transmettre à qui de droit », a expliqué M. Touré.

A la question de savoir si le bureau de vérificateur subit des contrôles, selon son patron, sa structure est la seule entité à être contrôlée par deux audits de taille et de rigueur et, à deux niveaux différents. « Nous rendons compte chaque année à la section des comptes de la Cour constitutionnelle. Aussi, tous les 3 ans, un cabinet d’audit de la zone UEMOA vient auditer le BVG », a signalé M. Touré.

Avant de conclure ses propos, le  vérificateur général a précisé que les 70 milliards  d’irrégularités financières relevées dans son rapport annuel 2015 ne concernent pas l’ensemble du Mali. « Selon les dernières statistiques, nous avons au moins 500 services  publics des fonds, des crédits du budget de l’Etat du Mali. Les 70 milliards ne représentent que 23/500 structures. C’est une dimension à retenir dans les analyses », a conclu M. Ousmane Touré.

Djibril Kayentao

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