Sécurité sociale au Mali : Les passages obligés
Face à la faible couverture de la population malienne en protection sociale (moins de 6 % tous régimes confondus selon les récentes données) l'Institut de formation professionnelle aux métiers de la sécurité sociale (IFP-M2S) intensifie les espaces d’échanges pour élargir ses principes au sein de la population.

L’Institut de formation professionnelle aux métiers de la sécurité sociale (IFP-M2S), en partenariat avec ses universités partenaires, a lancé, ce jeudi 8 mai 2025 dans ses locaux à Bamako, ses activités de formation et d’échanges scientifiques entre étudiants, acteurs du secteur et population.
Cette première série de rencontres a enregistré la présence du directeur général de l’Institut national de prévoyance sociale (INPS), Ousmane Karim Coulibaly, des membres du département de la Santé et du Développement social, des universités partenaires, des professionnels de la sécurité sociale et des étudiants de l’IFP-M2S.
Elle a porté les réflexions sur l’historique de la sécurité sociale au Mali. Le thème a été animé par le professeur d’histoire contemporaine et universitaire, Soumaïla Sanogo.
Selon le conférencier, avant la colonisation, les sociétés traditionnelles africaines avaient mis en place des systèmes de protection. Ceux-ci étaient fondés sur des mécanismes communautaires. "Ces traditions précoloniales de la sécurité sociale reposaient sur les valeurs de sécurité, de solidarité, de partage et d’entraide mutuels", a rappelé l’historien.
Comme principaux mécanismes de protection sociale existants, Pr. Sanogo a cité les structures familiales et claniques, des tontines et d’épargne collective, des confréries religieuses ou artisanales, l’entraide agricole et la gestion collective des ressources.
Pour l’universitaire, ces traditions assuraient un moyen financer en cas de besoin : notamment de maladie, vieillesse, invalidité ou de décès et renforçaient l’entraide au sein de la communauté.
"Après la conquête coloniale, ces systèmes africains de protection sociale ont été affaiblis par le colonisateur qui a introduit des modèles administratifs et économiques nouveaux, souvent "incompatibles avec ces coutumes ancestrales", a poursuivi Pr. Sanogo.
Le conférencier a notamment fait cas du "système d’indigénat", un régime qui sera supprimé en 1946 à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Aux dires du conférencier, "après l'indépendance, le gouvernement du Mali a pris des mesures pour structurer le système national de sécurité sociale en tentant de développer une politique sociale plus autonome avec une prise en charge des orphelins par Etat et des organisations locales".
Suivant l’exposé du conférencier, la sécurité sociale connaîtra une évolution fulgurante après 1960 grâce à ces réformes. Le pays va assister en 1961 à la création de l’Institut national de prévoyance sociale (INPS). Cette institution couvre l’assurance des travailleurs salariés contractuels soumis aux dispositions du Code de travail (public et privé).
D’autres établissements et régimes de la sécurité sociale seront créés après pour renforcer ce système. Il s’agit de la Caisse malienne de sécurité sociale. La CMSS a pour mission la gestion des régimes de pensions des fonctionnaires, des militaires, des députés et de tout autre régime ou branche que l'Etat lui confie) ; la Caisse nationale d’assurance maladie (Canam), qui gère le régime d’Assurance maladie obligatoire (Amo).
Dans le registre du système d’assurance mutualiste, le Régime d’assistance médicale (Ramed) sera également mis en place au profit des personnes et leurs ayants droit qui ne sont pas couvertes par le système d’assurance et qui sont indigentes.
Renforcer l’efficacité du système
En dépit de ces efforts soutenus par l’Etat, Pr. Soumaïla Sanogo a noté plusieurs défis qui minent la sécurité sociale au Mali présentement. La faible couverture sociale, le problème de financement, la gestion et la transparence, la bonne gouvernance, et la lutte contre la fraude restent, de l’avis de l’universitaire "des enjeux majeurs auxquels l'Etat devrait faire face pour renforcer l’efficacité du système".
Pour Hamadoun Dicko, conseiller spécial de la ministre de la Santé et du Développement social, cette conférence "a confirmé une évidence : la formation professionnelle et la protection sociale sont les piliers d’une société juste et solidaire".
Au nom de sa ministre, il a invité chacun à "travailler ensemble pour que la protection sociale ne soit pas un privilège, mais un droit accessible à tous".
Pour sa part, l’Institut de formation professionnelle aux métiers de la sécurité sociale (IFP-M2S), par la voix de sa directrice générale Mme Kané Fatoumata Diarra a rassuré que cet engagement ne fera pas défaut.
Face aux invités, elle a rappelé leur premier rôle, qui se veut "de contribuer à l'élargissement de la protection sociale au Mali". "Cet élargissement, a-t-elle ajouté, passe nécessairement par la connaissance des principes et services de la protection".
Kadiatou Mouyi Doumbia
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