L’Union européenne face à ses dilemmes migratoires : vers une simplification contestée des renvois de demandeurs d’asile
Bruxelles propose de renvoyer des demandeurs d’asile vers des pays tiers sans exigence de lien personnel. Si la mesure vise à alléger les procédures, elle suscite des critiques des ONG qui y voient un recul des garanties juridiques et un risque d’instrumentalisation politique.

Dans un contexte politique tendu, marqué par la montée des partis conservateurs et d’extrême droite à travers l’Europe, la Commission européenne a proposé, ce mardi 20 mai, une réforme majeure de sa politique migratoire. L’objectif affiché : faciliter les renvois des demandeurs d’asile vers des pays tiers, même en l’absence de liens personnels ou géographiques avec ces destinations. Une initiative qui, tout en répondant aux attentes de plusieurs États membres, suscite une vive inquiétude parmi les ONG de défense des droits des migrants. Pour entrer en vigueur, la proposition de la Commission devra être approuvée par le Parlement européen et le Conseil.
Une refonte controversée du critère de « lien »
Jusqu’à présent, le droit européen imposait qu’un demandeur d’asile ne puisse être transféré dans un pays tiers « sûr » que si un lien substantiel existait : famille, parcours professionnel, séjour préalable. La nouvelle proposition vise à supprimer cette exigence, permettant ainsi aux États membres d’accélérer les procédures de renvoi. Selon la Commission, il s’agit d’une mesure de simplification administrative destinée à désengorger les systèmes d’accueil et à renforcer la crédibilité des procédures européennes.
Les ONG tirent la sonnette d’alarme
Toutefois, cette logique de rationalisation est loin de convaincre les organisations humanitaires. « L’UE déforme cyniquement le concept de sûreté pour satisfaire ses propres objectifs répressifs », dénonce Sarah Chander d’Equinox Initiative for Racial Justice. D’après Josephine Solanki, du Transnational Institute, le concept même de pays tiers « sûr » est une « fiction politique ».
Les ONG pointent également le risque de pression diplomatique : en acceptant ces transferts, les pays tiers pourraient exiger des contreparties financières ou politiques, transformant les politiques migratoires en leviers de marchandage géopolitique.
Une stratégie plus large de durcissement
Cette proposition s’inscrit dans une stratégie plus large menée depuis plusieurs mois par Bruxelles. Mi-mars, la Commission avait déjà proposé la création de « hubs de retour », centres d’attente situés en dehors de l’espace communautaire, dans lesquels les migrants seraient retenus avant leur transfert.
Or, paradoxalement, cette intensification des politiques de contrôle migratoire intervient alors que les chiffres du franchissement illégal des frontières européennes sont en baisse. En 2024, selon Frontex, l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, ces passages ont atteint leur niveau le plus bas depuis la pandémie de Covid-19.
Source: https://rtenafrique.tv/
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