Affaire achat avion présidentiel et équipements militaires : La Cour exige la comparution de l'ex-PM Oumar Tatam Ly et l'ancien ministre délégué Madani Touré le 19 juin
Le mercredi 11 juin 2025, la Cour a exigé la comparution de deux témoins clés le jeudi 19 juin prochain. Il s'agit de l'ancien Premier ministre Oumar Tatam Ly et de l'ancien ministre délégué au Budget Madani Touré.

Le directeur général de la Banque Atlantique, Mahamane Ismaël Maïga, lui, est invité à fouiller dans les archives pour revenir avec des réponses sur le contrat de fourniture des matériels militaires.
La journée de mercredi a débuté par des échanges vifs entre les avocats de l'ancien Premier ministre Oumar Tatam Ly et de l'ancien ministre délégué au Budget, Madani Touré, le parquet et les avocats de l'ancienne ministre de l'Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko et ses coauteurs.
Les avocats de MM. Ly et Touré ont informé la Cour de l'indisponibilité de leurs clients à comparaitre devant la Cour d'assises après leur audition à la Cour suprême. Le motif invoqué par ces derniers est que leurs clients sont présentement hors du pays. Le premier se trouve au Canada et le second aux îles Comores.
Pour les avocats de Mme Bouaré et ses coaccusés, la comparution de ces personnalités est cruciale pour la manifestation de la vérité puisque le procès avait été renvoyé en octobre 2024 pour complément d'information.
Pour sa part, le parquet qui avait demandé le renvoi du dossier pour le témoignage de ces deux personnes, a estimé que le procès peut continuer sans leur présence à la barre. "Nous n'avons pas les moyens d'aller cueillir ces témoins. Ils ont été appelés, mais ils ne sont pas là. Un témoin n'est pas une personne mise en cause. Il n'est pas un accusé ni une partie civile. On peut tenir le procès avec leurs dépositions. A l'impossible nul n'est tenu. A l'instant, nous n'avons pas les moyens de faire venir ces témoins", a plaidé le parquet.
En revanche, la défense a été catégorique. "Il faut que les deux témoins viennent, même s'il faut un mandat d'arrêt international. Sans l'ancien Premier ministre Oumar Tatam Ly et l'ancien ministre délégué au Budget, Madani Touré, le procès sera délégitimé. Il faut qu'ils soient là. C'est le parquet qui avait demandé le renvoi du procès pour complément d'information et aujourd'hui, ils ne sont pas là. Cela fait 4 ans que nous souffrons le martyre. Le Canada n'est pas loin. Les îles Comores non plus. Il s'agit de la dignité de Mme Bouaré Fily Sissoko et ses coaccusés", a réagi Me Dianguiné Tounkara. "Si Oumar Tatam Ly et Madani Touré ne comparaissent pas, nous demandons à la Cour de retirer leurs auditions dans le dossier", a proposé un avocat de la défense.Entre-temps, l'avocat de Tatam Ly a répliqué : "Nos clients ne se sont pas dérobés. Ils ont été entendus à la chambre d'instruction par des avocats chevronnés. Si la Cour estime que leur comparution est nécessaire, c'est à elle de décider du renvoi du procès".
Me Diallo a rappelé : "Le témoin peut changer de statut. De témoin, il peut devenir accusé et avec un mandat d'arrêt à l'audience délivré par le parquet. Donc, ce n'est pas des témoins qu'on va négliger. Ils sont importants pour nous. A l'ouverture de cette session, vous nous avez rassuré de leur présence. Aujourd'hui, on nous dit qu'ils ne sont pas au Mali. Donnez-vous les moyens de les faire venir. Le parquet a rappelé que c'est un procès important attendu par le peuple malien. Mais qui sont-ils pour s'y soustraire ? Ils ont assuré les hautes fonctions de l'Etat. Nous sollicitons la comparution de ces témoins par tous les moyens que le parquet voudra déployer".
A la conclusion de cette passe d'armes, la Cour a statué sur la question et ordonné la comparution des deux témoins pour le jeudi 19 juin prochain. Par ailleurs, le directeur général de la Banque Atlantique,Mahamane Ismaël Maïga, a été invité à fouiller dans les archives pour revenir avec des réponses sur le contrat de fourniture des matériels militaires.
Marie Dembélé
Mahamadou Camara et Moustapha Drabo à la barre
Les journées du mardi et mercredi ont été marquées par le passage de l'ancien directeur du cabinet de la présidence, Mahamadou Camara, accusé de faux et usage de faux en écriture et du général Moustapha Drabo, accusé des faits de fausse livraison de matériels.
Les deux personnalités du régime de feu le président Ibrahim Boubacar Kéita étaient à la barre pour donner leur part de vérité sur l'aspect équipements militaires. Sur instruction de l'ex-président de la République, Mahamadou Camara, directeur du cabinet a préparé et signé un mandat pour Sidi Mohamed Kagnassy en vue du préfinancement du protocole. "J'ai été mandaté verbalement par feu IBK pour établir un document administratif confiant à Sidi Mohamed Kagnassy ainsi qu'aux sociétés qu'il représente, le traitement des affaires d'équipements des Forces de défense et de sécurité du Mali. Le président m'avait précisé que M. Kagnassy rencontrerait des difficultés dans l'exécution de ses missions sans un mandat de la présidence. C'est ainsi que j'ai rédigé et signé ce mandat", a-t-il expliqué.
Cependant, la Cour a remis en cause l'authenticité de ce mandat, soulignant que Mahamadou Camara s'est attribué des prérogatives. Face à cette mise en cause, il s'est défendu : "J'ai agi exclusivement sous les ordres du président de la République et dans l'intérêt général. En aucun cas, je n'ai agi en mon nom propre, et je ne me sens coupable de rien".
Dans la journée de mercredi, le général Moustapha Drabo, ancien directeur du matériel, des hydrocarbures et du transport des armées, a également comparu. Il est accusé des faits de faux dans la livraison de matériels, de véhicules militaires, de pièces de rechange, afin de faire correspondre des commandes faites par le ministre de la Défense et des Anciens combattants, feu Soumeylou Boubèye Maïga.
Les montants mis en cause sont de 69 183 396 474 F CFA pour des livraisons réelles de 32 640 407 543 F CFA. Ce qui a occasionné un préjudice financier à l'Etat du Mali, de 36 542 998 931 F CFA.L'ancien directeur du matériel, des hydrocarbures et du transport des armées a été catégorique dans ses propos. "Tous les 281 véhicules dont 14 blindés indiqués dans le protocole d'accord ont été livrés. Ces chiffres sont endossés au PV de réception. La valeur totale des véhicules livrés est de 35 116 529 510 F CFA", a-t-il déclaré.
Marie Dembélé
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