Faire face aux menaces graves tout en limitant les dérapages lors des interventions afin d'assurer la tranquillité du citoyen et de la nation toute entière, tel est l'objectif principal assigné au PIGN, une unité spéciale de la gendarmerie nationale compétente sur toute l'étendue du territoire.
Vingt et sept mars 2005, dimanche noir à Bamako. Suite à la défaite des Aigles du Mali face aux Eperviers du Togo en match éliminatoire de la 23ème coupe d'Afrique des nations, des supporteurs déçus envahis par des va-nus-pieds et des vandales ont volé, décimé, brûlé tout sur leur passage. Tout comme en mars 1991 Bamako était à feu et à sang. Aucun signe des forces de l'ordre pour protéger les endroits stratégiques de la capitale et les biens des particuliers.
Face à l'ampleur des dégâts, ATT dut sévir en limogeant les principaux chefs de la police, de la gendarmerie et des renseignements généraux coupables de n'avoir pris aucune mesure pour conjurer les démons du hooliganisme.
De la même façon, les événements fâcheux survenus le 15 janvier 2006 à Katorongo dans la commune rurale de Katiéna (cercle de Ségou) montrent toutes les conséquences d'une mauvaise gestion de ce genre de menace, à savoir que l'utilisation d'engins de guerre pour débusquer un tireur isolé était la preuve de l'inexistence de structures spécialisées.
Mieux vaut prévenir que guérir, en matière de protection civile, on ne fera pas la leçon au colonel Samballa Illo Diallo déjà instruit par le mauvais exemple de ses prédécesseurs. Nommé à la tête de la gendarmerie nationale en avril 2005, le nouveau Directeur général a créé le 8 mai 2006 avec la bénédiction du ministre de la défense, une unité spécialisée appelée Peloton d'Intervention de la Gendarmerie Nationale (PIGN). Le projet de création du PIGN s'inscrit dans le cadre du renforcement des capacités opérationnelles de la gendarmerie nationale dans la lutte contre l'insécurité multiforme en République du Mali.
En effet, l'évolution des sociétés modernes entraîne de plus en plus une radicalisation de la violence qui se manifeste sous plusieurs formes : terrorisme, prises d'otages, détournements d'avions, actions de rébellion (comme c'est le cas actuellement) ou d'opposition à l'autorité publique. Et le PIGN a été créé justement pour faire face aux missions suivantes : capturer les forcenés ou des malfaiteurs dangereux lorsque la gravité de la situation l'exige ; rechercher des malfaiteurs dans le cadre d'une opération de police judiciaire ; escorter ou surveiller des individus dangereux ; renforcer la protection rapprochée de hautes personnalités ; reconnaître et surveiller des lieux ou individus suspects ; intervenir en milieu pénitentiaire lors de troubles graves etc.
Composé de 45 éléments bien entraînés, le Peloton d'Intervention de la Gendarmerie Nationale est placé sous le commandement du lieutenant Sékou Doumbia. Si la coopération française a fait de son mieux en investissant 22 millions dans l'achat d'équipements de toutes sortes et en assurant la formation de base, il reste que la partie malienne traîne les pieds pour assumer sa part de responsabilité.
En effet, de sa création au mois de mai 2006 à nos jours, le PIGN n'est pas encore opérationnel et aussi bien le Directeur Général Samballa Diallo que le lieutenant Sékou Doumbia doivent encore se battre pour que leur rêve devienne réalité. Là-dessus le ministre de la défense est vivement interpellé pour qu'il dote cette unité en carburant, véhicules tout terrain, téléphone et même d'un budget spécial prenant en compte les primes de risque. Tout comme la paix au nord, la sécurité du citoyen n'a pas de prix. Il ne suffit pas de créer une unité spéciale d'intervention pour ensuite la reléguer dans les oubliettes pendant que les malfrats et autres bandits de grand chemin continuent de vaquer à leur sale besogne.
Mamadou Lamine DOUMBIA