Lutte contre l''excision : La Mobilisation s''inscrit dans la durée

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La pratique étant solidement enracinée, il faut un combat de longue haleine pour l”enrayer.

Notre pays a célébré hier la Journée internationale de lutte contre l”excision. La célébration a donné lieu à une cérémonie présidée par le ministre de la Promotion de la Femme, de l”Enfant et de la Famille, Mme Diallo M”Bodji Sène, et qui s”est déroulée en présence de son homologue de la Santé, Mme Maïga Zeïnab Mint Youba et de responsables de plusieurs structures impliquées dans la lutte contre le phénomène, dont la directrice du Programme national de lutte contre l”excision (PNLE), Mme Joséphine Traoré.

La réflexion de la matinée s”est étendu sur le "Rôle et (la) place des agents socio-sanitaires pour l”abandon de la pratique de l”excision". Le but des organisateurs de la journée est l”abandon de l”excision qui est pratiquée chez nous dans les campagnes comme dans les villes. La question soulevée porte sur le rôle des agents socio-sanitaires dans la prévention des risques que l”excision fait courir durant l”accouchement. Un autre risque est celui d”être contaminé par le sida.

Les conséquences des complications de l”excision sont souvent ignorées de nos compatriotes qui ont recours aux exciseuses. Une analyse globale du problème démontre que le personnel médical est confronté à diverses contraintes comme la méconnaissance des coutumes et traditions motivant la pratique. Il y a aussi le fait que certains pratiquent eux-mêmes l”excision.

A cela s”ajoute le besoin pour beaucoup de femmes de se faire accepter dans la société et de se marier. La formation de l”ensemble du personnel médical sur la pratique et ses conséquences est a été préconisée par la plupart des intervenants à la rencontre d”hier. Le gynécologue Boureïma Maïga a souligné la nécessité d”introduire des modules sur l”excision dans toutes les formations médicales, notamment dans les facultés et écoles dans le cadre d”une formation continue.

Malgré la signature par notre pays de conventions sur le droit des femmes, et sur l”élimination de toutes les formes de discrimination à leur égard, la pratique de l”excision persiste chez nous où elle toucherait 90% des femmes. D”après Lamine Boubacar Traoré, la lettre circulaire du 16 février 1999 du ministère de la Santé interdisant la pratique dans les structures socio-sanitaires n”a pas découragé les partisans de la pratique. Pire, cela a poussé beaucoup de gens à le faire eux-mêmes ou à passer par des exciseuses traditionnelles dans des conditions d”hygiène effroyables.
"La loi ne suffit pas à enrayer un tel fléau, les consciences des parents doivent également changer", souligne Mlle Fatoumata Sangaré, présidente du parlement des enfants.

C”est dans cette perspective que des ONG comme l”Association pour le progrès et la défense des droit des femmes (APDF) sont mobilisées depuis plus d”une décennie, aussi bien à Bamako que dans les régions, afin de sensibiliser dans les rues et dans les écoles.

Une caravane composée de dizaine de jeunes martelant des slogans contre l”excision circulait hier dans la ville de Bamako. Mme Baye Kadiatou Keïta la présidente par intérim de l”Association insiste : "il est important de décentraliser l”action par la mise en place de centres d”écoute juridique pour les femmes victimes de complications liées à l”excision et pour les familles démunies". Elle propose aussi la prise en charge médicale gratuite des personnes touchées.

La mobilisation contre l”excision avait débuté dès dimanche et se poursuivra toute cette semaine à travers des activités comme des émissions radiophoniques et télévisées et le lancement du film "Excision", lundi prochain au Centre culturel français à partir de 15 heures.

Hélène BOURGON (L”Essor du 07 Février 2007)

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