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L'accueil du Président IBK à Mopti et la visite au Camp militaire de Sévaré (17 mars 2014)[/caption]
Après sa brillante élection à la Magistrature suprême de notre pays, le président IBK avait débuté la gestion de son pouvoir de «façon incompréhensible», pour nombre de Maliens : libération de certains terroristes ; nomination d’un ex-rebelle à la tête du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale ; levée de mandats d’arrêt de certains rebelles et c’est ce qui leur a permis d’être candidats aux dernières législatives et d’être élus dès le 1er tour sous les couleurs du parti présidentiel, le Rpm… D’énormes ambigüités donc !
En effet, dans l’une de nos publications, nous titrions un de nos articles : «
IBK…Kasi ni mousalaka dabila !». Nous rappelions que le président IBK avait été élu à plus de 77% par les Maliens, non seulement croyant qu’il est un homme de poigne, mais aussi et surtout qu’il a la carrure d’un homme d’Etat. Et c’est surtout sa formule magique qui a séduit les cœurs des électeurs : «Le Mali d’abord ! Pour l’honneur du Mali ! Pour le bonheur des Maliens !». Une véritable formule trinitaire qui ravivait l’espoir dans les cœurs des populations qui, durant des années, ont souffert du laxisme, du clientélisme, de la gabegie et de la démagogie. Et qui, comme cela ne suffisait pas, ont souffert des affres de la crise et de la guerre contre les jihadistes…
De ce fait, «
l’honneur du Mali» tant promis par IBK, en dépit du fait qu’il soit solidement écorné avec la cacophonie qui prévaut actuellement à Kidal, présagerait, à n’en point douter, l’effritement du «capital-confiance» accordé au président IBK par le peuple malien. Et parler du «
bonheur des Maliens», demeure dans le même ordre d’idées inapproprié, surtout en ce moment où nous en avons le plus besoin, du fait de la cherté de la vie, de l’instabilité de notre armée, de l’inaccessibilité des soins de santé, de la corruption, de l’instrumentalisation politique de la justice et de nombreuses autres préoccupations auxquelles nos concitoyens restent toujours confrontés…
En outre, le citoyen lambda ne comprenait pas pourquoi IBK n’était jamais stable au bercail et n’était toujours que dans les airs, changeant d’avion en avion. A ce flou artistique, est venu s’ajouter le boucan - pardon -, le tapage médiatique national et international sur son vaste projet de lutte contre l’impunité et la corruption, avec comme Acte I, l’inculpation du putschiste capitaine-général Amadou Haya Sanogo.
De toutes les façons, jusque-là, les Maliens ne voyaient rien de bon se profiler à l’horizon et se demandaient si IBK ne risquait pas de faire pire que son prédécesseur ATT, évincé du pouvoir par le putsch du 22 mars 2012 orchestré par le capitaine Sanogo.
«On entend seulement à la radio et à la télé qu’IBK est à Paris, Washington, Bruxelles, New-York…en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso en Algérie, au Maroc, au Niger, au Tchad… Mais ici, on ne sent aucun changement. En tout cas, il peut voyager partout, aller même au ciel ; il viendra nous retrouver ici au Mali», fulmine un octogénaire de Djicoroni-Para qui dit avoir voté pour lui.
Et à une mère de famille de Niamakoro-Kôkô d’enfoncer le clou : «On est fatigué, c’est la même chose tous les jours. Quand il voyage, nous croyons qu’il va nous ramener de bonnes choses, mais après, c’est pour venir fatiguer nos oreilles avec l’affaire Sanogo et… Est-ce que c’est ça que nous allons manger ? Il nous a parlé de changement, mais on ne voit rien…».
A analyser de près les propos de nos deux interlocuteurs, on se rend à l’évidence que le président IBK était en fait sur deux fronts différents: international et national. D’où son incompréhension par ses concitoyens. En réalité, après sa brillante élection à la Magistrature suprême – à la suite de la présidentielle organisée sous l’égide de la Communauté internationale -, il était de bon ton que le président IBK entame une tournée internationale pour remercier de vive voix tous les pays amis (africains et occidentaux) ayant concouru à la reconquête de notre intégrité territoriale et à l’élection démocratique d’un nouveau président. Il fallait aussi, pour IKB, prendre attache avec ses homologues du continent et d’ailleurs pour voir comment parachever la libération et la pacification totale du Mali. Il s’agit là donc d’un vaste chantier qui mérite une solidarité internationale.
Aujourd’hui, ayant beaucoup avancé sur ce chantier avec le déclenchement du processus de désarmement et de cantonnement des groupes armés du Nord du Mali, de pacification du pays, de la mise en place de la Commission «Dialogue, vérité, justice et réconciliation»…, IBK a décidé de prendre le taureau par les cornes au plan national, en allant dans le Mali profond pour s’imprégner des difficultés socio-économiques réelles auxquelles sont confrontés ses concitoyens et y apporter des solutions idoines. C’est dans ce contexte que se situe sa première sortie officielle à l’intérieur du pays, à Mopti, depuis son élection à la présidence de la République du Mali.
Cette visite de Mopti, nous apprend-on, rentre dans le cadre de plusieurs tournées nationales à l’agenda du chef de l’Etat. De toutes les façons, au-delà de leurs facettes protocolaires, ces différentes visites à l’intérieur du pays permettront à IBK de prendre des bains de foule, comme il en adore souvent et surtout d’évaluer sa côte de popularité, après seulement quelques mois de pouvoir.
Bruno LOMA