De balayeur à multimilliardaire : l’incroyable parcours de Jan Koum, le fondateur ukrainien de WhatsApp
Un Français sur deux utilise quotidiennement WhatsApp mais connaissez-vous l’histoire personnelle improbable de son cofondateur Jan Koum ?

Des villages pauvres de la campagne ukrainienne au faste de la vie de milliardaire aux États-Unis, rien ne prédestinait Jan Koum à un tel destin. En 2009, l’entrepreneur lance avec un ami une "petite appli" baptisée WhatsApp. Cinq ans plus tard, la messagerie la plus utilisée au monde est rachetée par Facebook (devenu depuis Meta) contre la somme faramineuse de 19 milliards de dollars. Cette transaction spectaculaire propulse Jan Koum parmi les figures incontournables de la tech et parachève un parcours aussi chaotique qu’inspirant.
Misère et chute de l'URSS
Né en 1976 à Kiev, en Ukraine soviétique, Jan Koum a connu la misère pendant la première moitié de sa vie. Élevé par ses parents dans une modeste maison sans eau chaude, ni électricité dans un petit village près de Kiev, il assiste au début des années 1990 à l’effondrement de l’URSS. Ce passé sous la coupe des Soviétiques ne sera pas sans conséquence sur la vision qu’il souhaite donner à WhatsApp (on y reviendra plus tard). Face à l’instabilité politique et à l’antisémitisme grandissant, l’adolescent de 16 ans part avec sa mère - son père ne pourra finalement pas venir faute d’argent - aux États-Unis avec le doux rêve d’une vie meilleure. Mère et fils s’installent à Mountain View en Californie et (sur)vivent grâce aux bons alimentaires et aux petits boulots.
Chez Yahoo, il rencontre son acolyte
Dans un premier temps, le jeune homme travaille comme concierge dans une épicerie et nettoie les sols d’un supermarché pour aider sa mère, malade d’un cancer (elle décédera en 2000), à payer les factures. Autodidacte dans l’âme, l’Ukrainien apprend l’anglais en lisant des livres empruntés à la bibliothèque, en écoutant la radio et au contact de ses collègues américains. Ni mauvais élève, ni brillant à l’école, Jan développe une passion pour l’informatique. Adolescent fauché mais curieux, il passe des heures à la bibliothèque de Mountain View où il dévore des manuels spécialisés. Il rejoint aussi un groupe de hackers, entre à l'université de San José et travaille en parallèle comme consultant en sécurité.
En 1997, ses connaissances exceptionnelles en informatique lui ouvrent les portes d’une jeune entreprise pionnière du web : Yahoo. Affecté aux systèmes informatiques puis comme ingénieur infrastructure, il fait chez Yahoo la rencontre qui va changer le cours de sa vie en la personne de Brian Acton. Les deux hommes qui se décrivent comme "deux mecs qui ont passé à eux deux 20 ans à faire des trucs de geeks chez Yahoo" se lient d’amitié à tel point qu’ils démissionnent de l’entreprise le même jour en 2007. Sans plan précis, Jan Koum ambitionne de créer quelque chose qui aurait du sens.
Avec l’arrivée de l’iPhone, l’idée d’une messagerie hors des frontières
Après un voyage en Amérique du Sud avec son complice Brian et des candidatures vaines chez Facebook, le binôme voit avec la sortie récente de l’iPhone l’opportunité d’imaginer une application qui permette d’envoyer des messages instantanément, sans SMS et sans frais, simplement en utilisant la connexion Internet. Nous sommes en février 2009 et la première version permet uniquement de mettre à jour un statut, visible par ses contacts. L'application n'intéresse personne ou presque.
Quelques semaines plus tard, Jan Koum et Brian Acton changent leur fusil d'épaule et lancent le programme de messagerie gratuite et atteignent le million d’utilisateurs fin 2009. À cause de son enfance passée en ex-URSS, Koum a appris à se méfier des conversations téléphoniques souvent écoutées. C’est pourquoi il a toujours mis un point d’orgue à refuser d’exploiter les données personnelles de ses clients via la publicité sur WhatsApp.
Une Saint-Valentin avec Zuckerberg
Trois ans plus tard, la start-up californienne tape dans l'œil de Mark Zuckerberg qui rencontre Jan Koum pour la première fois au printemps 2012. "Ils se sont rencontrés dans une boulangerie-pâtisserie allemande de Los Altos, en Californie, et ont discuté pendant une heure, puis se sont promenés pendant une heure et demie", raconte le New York Times. Le courant est tellement bien passé entre les deux entrepreneurs que Zuckerberg a invité Koum chez lui le jour de la Saint-Valentin en 2013 pour parler de la valorisation de WhatsApp. Un an plus tard, en 2014, Facebook s’offre WhatsApp pour 19 milliards de dollars et réalise la plus grosse acquisition de son histoire.
Onze ans après ce rachat XXL, la direction de WhatsApp a annoncé lundi 16 juin l’introduction prochaine de nouveaux espaces publicitaires sur l’appli de messagerie la plus populaire au monde. En 2025, la fortune de Jan Koum est estimée à 16,9 milliards de dollars. Cela vaut bien quelques concessions.
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