L’homme de l’année 2012 au Mali : Amadou Haya Sanogo

21 Déc 2012 - 11:29
21 Déc 2012 - 11:48
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Très peu de maliens le connaissaient avant cette triste date du 22 Mars. Mais aujourd’hui, le Capitaine Amadou Haya Sanogo, rentré par effraction dans l’histoire du Mali s’impose comme celui qui aura marqué l’année 2012.  Capitaine de l’armée malienne, à la suite du Coup d’Etat du 22 Mars, il s’empare du pouvoir et devient président du CNRDRE (Comité National pour le Redressement de la Démocratie et le Restauration de l’Etat). Il devient aussi Chef de l’Etat selon les termes de l’ordonnance N 0001 du CNRDRE. Comme mesures immédiates, il suspend la constitution, dissout les institutions et ferme les frontières. Conséquence de l’avancée des rebelles et de la pression internationale, il rétablit la constitution du Mali de 1992 et les institutions. Néanmoins, il précise que le CNRDRE demeure l’autorité suprême de l’Etat. Après de vives discussions entre le Capitaine Sanogo et la médiation ouest-africaine, la junte accepte finalement de se retirer de la vie politique malienne. Le 6 Avril, un accord rendant le pouvoir aux civils est signé. Il s’agit de l’Accord cadre. Non seulement les institutions démocratiques sont rétablies, mais l’intérim de la Présidence de la République sera assuré par le Président de l’Assemblée Nationale conformément à l’article 36 de la constitution. Cependant, le Capitaine Sanogo est, à lui seul, une institution entière. Le retrait qui avait été effectué n’était que de façade. A son quartier général de Kati, il reçoit personnalités politiques et journalistes comme le fait un Chef d’Etat. Courant Avril, il intervient à la télé nationale pour annoncer le bilan des opérations judiciaires en cours. Les affaires les plus importantes sont étudiées par le Capitaine sans consultation du pouvoir politique en place. Dans la nuit du 30 Avril, de violents combats opposent bérets vert putschistes et bérets rouges accusés comme partisan du Président déchu ATT. Le lendemain, Sanogo dénonce une tentative de contre Coup d’Etat que lui et ses hommes ont pu neutraliser. Les maliens sont de plus en plus inquiets de la situation de leur pays. Le Capitaine ne fait plus l’unanimité surtout après la chute successive des trois grandes villes du nord. Critiqué aussi bien par ses partisans qui lui reprochent d’avoir accepté qu’un proche du Président ATT, devienne Président, que par ceux qui ont été contre le Coup d’Etat dès le départ. Le 27 Juillet, le Président par intérim qui avait été agressé revient. En présence d’un impressionnant dispositif sécuritaire, le Capitaine Sanogo est là. Presqu’en se soumettant, comme un bon militaire le ferait face à son Président, il salue Dioncounda et lui souhaite-la Bienvenue. Il faut dire que le Capitaine avait quasiment disparu des médias. Il faut aussi dire que cette arrivée du Président par intérim était la meilleure occasion pour qu’il montre son patriotisme et sa bonne volonté aux maliens. Par décret présidentiel, Amadou Haya Sanogo est nommé Président du Comité militaire de Suivi des Réformes des Forces Armées et de Sécurité. Dans la capitale, de nombreuses personnes doutent de la bonne foi du Capitaine. Ses connivences avec l’ex dictateur Moussa Traoré restent suspectes. Certains affirment même que c’est ce qui a valu à Cheick Modibo Diarra son poste de Premier ministre. Le train de vie qu’il mène à côté de ses collaborateurs à de quoi indigner puisque, pendant ce temps, les populations du nord qui sont restées sur place, souffrent au quotidien. « Il peut, quand même, un peu se réserver » dénonce en somme une bonne partie des maliens. A partit du mois d’Octobre, la tension ne cesse de monter au sein du triumvirat malien. Cheick Modibo Diarra, censé être l’homme sûr de Sanogo se détache de lui, n’hésitant pas à faire cavalier seul et à afficher ses ambitions présidentielles. Ajouté à cela, le très peu d’actions abouties qu’il a menées en faveur de l’armée malienne. Absent de l’Espace d’Interpellations publiques, alors qu’il se préparait pour un voyage pour Paris, des hommes armés débarquent chez lui et l’emmènent au quartier général du tout puissant Haya. Après d’âpres discussions, CMD déclare sa démission à la chaine nationale, le 11 Décembre. Le Capitaine a une fois de plus fait valoir son autorité. «  Le premier ministre, au lieu d’être un chef d’équipe pour conduire, était presque devenu le point de blocage pour diverses raisons » a-t-il avancé pour justifier son acte. « Il ne reconnait pas l’autorité du Président de la République, au moment où nous qui avons posé l’acte avons concédé sur beaucoup de choses, reconnaissons l’autorité du Président de la République Dioncounda Traoré ». Une fois de plus, le désormais célèbre Capitaine a prouvé au monde entier que c’est lui qui détient l’essentiel du pouvoir au Mali.   Qui est Amadou Haya Sanogo ? Amadou Haya Sanogo est né en 1972 à Ségou dans une fratrie de sept enfants. Après y avoir passé ses premières années  d’écolier, il intègre le prytanée militaire de Kati. Entre 2004 et 2010, il reçoit une formation approfondie aux Etats-Unis, tout d’abord dans une base de l’armée de l’air à Lakeland au Texas puis une formation d’officier du renseignement à Fort-Wachica en Arizona. Il finit sa formation entre Aout et Décembre 2010 à Fort Benning en Géorgie. Son parcours est néanmoins entaché par un bizutage mortel survenu en Octobre 2011 à l’école militaire de Koulikoro où il dispensait des cours d’anglais. Cinq élèves officiers meurent à la suite de sévices. Un cadre de l’école a raconté qu’il n’était pas là le jour où « les faits se sont passés, mais puisque tout le personnel d’encadrement a été sanctionné après l’affaire, Sanogo a aussi été sanctionné ». Ses proches ont cependant des avis partagés sur sa personne. Si certains d’entre eux disent que c’est un officier de grande valeur, beaucoup doutent de sa moralité. On lui prête notamment des ambitions présidentielles. Il compare la situation actuelle du Mali avec celle de la France durant la Seconde guerre mondiale lorsque cette dernière fut envahie par l’Allemagne. A titre de rappel, le Maréchal Pétain (qu’il assimile à ATT) refuse de mener une guerre et signa l’armistice avec Adolf Hitler. De Gaulle, à qui il s’identifie, organisa les forces armées françaises de résistance, avant de devenir Premier ministre et Président de la République. Est-ce à dire que le Capitaine Sanogo espère après la récupération de Kidal, Gao et Tombouctou, devenir lui aussi, Président de la République ? L’avenir nous le dira.   Ahmed M.THIAM

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