Crise d'eau dans la région Nara : Une équation qui défie populations et décideurs depuis des décennies
La région de Nara souffre de la pénurie d'eau depuis les années 1950. Principale préoccupation des différentes communautés de ladite région, cette situation a des impacts négatifs sur les habitants.

L’eau prend réellement son appellation «d'or bleu» dans la région de Nara (ouest du Mali) où elle est l'une des denrées rares. Le problème d'eau y persiste depuis des décennies, provoquant naturellement beaucoup de maladies chez certains habitants, notamment les enfants. «L'eau potable, nous n'en avons pas suffisamment en quantité ici», déplore Sokona Diarra, élève à l'école publique «Ndiawar Diop». Elle ajoute, «sans eau potable, nous sommes obligés d'utiliser et de consommer de l'eau de mauvaise qualité, presque salée. Une fois, j’ai piqué une crise pendant trois jours suite à la consommation d’une eau de très mauvaise qualité. J'avais complètement perdu la raison».
«Quand j'ai bu de l'eau salée pour la première fois, ça a provoqué la diarrhée chez moi et j'ai mis à peu près une semaine avant de retrouver la santé», témoigne aussi M. Samaké, un pompiste. «L'eau salée ressuscite le paludisme en moi, sans oublier les maux de tête», renchérit Diakaridia communément appelé «Diak», agent d’une compagnie de transport. Pour d'autres, l'eau salée est à l'origine du changement de la couleur de peau. «Quand j’arrivais à Nara, j'étais de teint clair. Mais, quelques mois après, ma peau s’est noircie à cause de la consommation de l'eau salée», témoigne Karim Traoré, élève-maître à l'Institut de formation des maîtres (IFM) du Bureau de gestion (BG) de Nara. Un témoignage dans lequel se sont retrouvés de nombreux «Ifmistes» (pensionnaires de l’IFM) de Nara qui ont aussi mis l’accent sur les maladies que leur cause au quotidien la consommation de cette eau de mauvaise qualité.
«L'eau, c'est la vie et s'il y a manque d'eau potable, on est obligé d'utiliser de l'eau de qualité douteuse pour survivre», déplore Cheick Oumar Coulibaly, enseignant de son état. Les animaux ne sont pas aussi épargnés par les conséquences déplorables de la consommation de cette eau qui provoque chez eux la diarrhée, des troubles digestifs… pouvant entraîner la mort. «Quand l'eau potable se fait rare, nous quittons la zone avec notre troupeau pour la quête de l'eau douce», témoigne Karamogo Dembélé, éleveur. «Certains éleveurs cherchent à faire stocker de l'eau pour éviter le déplacement pendant le manque d'eau douce. Nous autres, on n'a pas ce moyen», souligne-t-il, résigné à son triste sort. «J'ai perdu la moitié de mon troupeau sans savoir que c'était de l'eau salée qui était à l'origine de ce problème», conclut-il impuissant. Cette région souffrirait de ce problème d'eau depuis des décennies sans qu’aucune solution se dessine à l’horizon.
A Nara, la population manifeste fréquemment contre le manque d’eau potable pour la satisfaction de leurs besoins. A noter que, les autorités de la transition ont néanmoins posé des actes dans le sens de soulager les populations. C’est ainsi que, en mai 2022, le du Centre de Santé Communautaire (CSCOM) de Goumbou a été doté d’une adduction dans le cadre des «œuvres sociales» du président de la Transition.
Karim Mallé
De retour de Nara
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