Espoir Mali Koura (EMK) : Puisse l’espoir né pour le Mali Kura grandir et s’accomplir !

Jeudi 14 mai 2020 - mercredi 14 mai 2025 ! Voilà 5 ans que j’ai co-initié et pris part à la conférence de «l’Appel au Peuple malien» lancé par les fondateurs du Mouvement Espoir Mal Koura (EMK), à Bamako, dans une atmosphère politique délétère de crise post-élections législatives.

19 Mai 2025 - 12:48
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Espoir Mali Koura (EMK) :  Puisse l’espoir né pour le Mali Kura grandir et s’accomplir !
Ibrahim Ikassa MAÏGA

Pour mémoire et pour l’histoire, cette déclaration politique appelait le Peuple à une véritable lutte patriotique pour sauver notre Pays de l’effondrement en tant qu’État, République et Nation, et enclencher un processus de «sursaut national vers la 4ème République du Mali».

Suite à l’appel d’Espoir Mal Koura (EMK) qui a été largement suivi, les premiers grands regroupements, à savoir le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie(FSD) et la Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l'Imam Mahmoud Dicko (CMAS), l’ont respectivement contacté le même jour jeudi 14 mai et le dimanche 17 mai 2020, en vue de constituer un front de lutte commun. Ce fut la constitution de la Troïka qui tint une première réunion tripartite le 26 mai 2020, suivie d’une conférence de presse le 30 mai 2020, au cours de laquelle l’annonce et l’appel au grand rassemblement patriotique ont été faits pour le vendredi 5 juin 2020. Ainsi, naquit le M5-RFP, (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques).

Et pour cela, le 14 mai 2020 doit être considérée parmi les dates marquant le point de départ d’évènements symboliques au même titre que celles du 22 septembre 1960, du 20 janvier 1961, du 26 mars 1991, des 5 juin et 18 août 2020, ou du 14 janvier 2022, dans le processus de notre lutte de libération nationale, de conquête de notre souveraineté, de renouveau démocratique et de changement.

Aussi, en soixante-cinq (65) ans d’indépendance, le Mali a connu une histoire politique foisonnante avec divers tournants et faits mémorables portés par des personnalités et acteurs aussi illustres que nombreux.

Ce parcours historique, après l’éclatement de l’éphémère Fédération du Mali, vit évoluer successivement la 1ère, la 2ème, la 3ème, et aujourd’hui la 4ème République depuis juillet 2023.

Malgré cette relative richesse historique, il est fort déplorable que notre Pays peine encore à en tirer judicieusement les leçons. Les Maliens n’arrivent point à capitaliser les quelques réussites engrangées ni à mieux saisir les raisons des échecs des options faites, pour enfin enclencher un processus irréversible d’édification d’un État fort et stable doté d’un système de gouvernance efficient et adapté aux attentes légitimes des Citoyens.

 1) La naissance de la 1ère République fut celle des défis de l’indépendance et de l’épreuve du pouvoir (1960-1968):

Sous le magistère du Père de l’indépendance, Modibo Keïta et de ses camarades de lutte, le Mali accède la souveraineté nationale et internationale, dans une ferveur nationaliste, après la rupture, dans la nuit du 19 août 1960, de la Fédération du Mali formée le 20 juin 1960 entre le Soudan français et le Sénégal, sans la Haute-Volta/Burkina Faso et le Dahomey/Bénin, deux (02) autres colonies initialement annoncées pour en faire partie.

La souveraineté doit être militaire aussi. Les troupes françaises stationnées à Gao, Tombouctou, Nioro, Ségou et Kayes doivent être regroupées sur la base de Kati avant le 1er octobre 1960, date de création de l’Armée malienne. En janvier 1961, Modibo Keïta, soutenant les Algériens dans leur guerre d'indépendance réclame le départ immédiat de toutes les troupes françaises stationnées au Mali. L'évacuation de la base française de Kati se termine en juin, celle de Tessalit en juillet et celle de Gao en août. Le dernier détachement français quitte la base aérienne de Bamako en septembre 1961. Les Algériens ne doivent oublier le sacrifice du Mali pour leur cause.

Sur le plan économique, la compagnie Air Mali, nouvellement créée, est équipée d’appareils Iliouchine importés d’URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques) et pilotés exclusivement par des Maliens: une fierté nationale et une prouesse africaine. Les pays alliés à l’URSS entretiennent d’excellentes relations avec le Mali dans les premières années de l'indépendance. Des usines et des entreprises (SOCOMA, SEPOM, Abattoir frigorifique, SOMIEX, SOCIMA, BDM, Air Mali, SONETRA, SOCORAM, Usine céramique du Mali, SONATAM,…) et des grands chantiers (Stade omnisports de Bamako, ENI, ENA, ENSup, Ina, Barrage de Sotuba, …) foisonnent, mais avec un succès très relatif. La refonte du système éducatif est courageusement opérée.

Face aux difficultés économiques que connaît le Mali, auxquelles s’ajoute la première rébellion au nord, le parti unique de fait, l’Union Soudanaise-Rassemblement Démocratique Africain (US-RDA), est en proie aux divisions. En 1967 Modibo Keïta et l’aile radicale du parti prônent la révolution active. Le bureau politique national de l’US-RDA est dissous et remplacé par le Comité National de Défense de la Révolution (CNDR). Le 22 janvier 1968, Modibo Keïta dissout l’Assemblée nationale et décide de gouverner par ordonnance. Une milice populaire est mise en place avec un service civique obligatoire et des brigades de vigilance. Ces mesures vont accroître l’impopularité du régime de Modibo Keïta.

En lien avec le climat sociopolitique délétère et la question statutaire des militaires, le régime de Modibo Keïta est renversé le 19 novembre 1968 par des officiers militaires, dont les capitaines Yoro Diakité et Mamadou Cissoko et les lieutenants Moussa Traoré, Youssouf Traoré et Kissima Doukara.

 2) Un régime militaire d’exception s’installe puis laisse place à la 2ème République, sous le leadership Moussa Traoré (1968-1991):

Un Comité Militaire de Libération Nationale (CMLN) est formé qui met en place un régime d’exception, qui promet l'adoption rapide d'une nouvelle constitution et des élections en 1969. Le régime dura plus de vingt-deux (22) ans, avec des tentatives de coup d’État, des arrestations et des condamnations purgées dans les bagnes sanglants du Nord du pays.

Une nouvelle Constitution est approuvée par Référendum le 02 juin 1974 à 99,71% de oui, créant la 2ème République. Le 30 mars 1976, le parti unique Union Démocratique du Peuple Malien (UDPM) est né. Lors de l’élection présidentielle du 19 juin 1979, Moussa Traoré, candidat unique, est élu, ainsi que quatre-vingt-deux (82) députés de l’UDPM, doté d’organismes affilées: l’UNFEM (Union Nationale des Femmes du Mali), l’UNJEM (Union Nationale des Jeunes du Mali) et l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali).

L'UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali) tient son conseil central extraordinaire les 28 et 29 mai 1990 et déclare: «Considérant que le parti unique constitutionnel et institutionnel ne répond plus aux aspirations démocratiques du peuple malien; […] le Conseil central extraordinaire rejette en bloc le dirigisme politique qui entrave le développement de la démocratie au Mali […] opte pour l'instauration du multipartisme et du pluralisme démocratique».

En effet, avec la chute du mur de Berlin en novembre 1989 signant la fin de la guerre froide, et le discours du Président français, F. Mitterand prononcé face aux Présidents africains francophones à la Baule, en juin 1990, un vent nouveau souffla sur le monde, l’Afrique et le Mali.

Des organes de presse, des associations puis des organisations politiques réclamant plus de démocratie et de libertés se créent: l'Association des Jeunes pour la Démocratie et le Progrès (AJDP), le Comité Nationale d'Initiative Démocratique (CNID), l’Alliance pour la Démocratie au Mali (ADEMA), etc.

En juin 1990, un poste de Gendarmerie est attaqué à Ménaka. C'est le point de départ de l'insurrection armée menée par le Mouvement dit populaire d’Iyad Ag Ghali: début d’une nouvelle rébellion, écrasée avant de recommencer et se terminer en 1996, avec quelques soubresauts cycliques.

 3) La lutte de renouveau de la démocratie multipartite conduit à la 3ème République:

Le 26 mars 1991, Moussa Traoré est arrêté par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré (ATT). Un Comité Transitoire pour le Salut du Peuple (CTSP), qui comprend dix (10) militaires et quinze (15) représentants des organisations démocratiques dont des représentants des jeunes et du mouvement de rébellion.

Une Conférence nationale du 29 juillet 1991 au 12 août 1991 se tint afin d’élaborer une nouvelle Constitution et définir le processus électoral. Le multipartisme est reconnu, les Associations politiques se muent en partis, de nouveaux autres se créent, l’ancien parti unique, l’UDPM est interdit. Une nouvelle Constitution est approuvée par référendum le 12 janvier 1992 avec 98,35% des suffrages. Après des scrutins municipaux et législatifs, l’élection présidentielle d’avril 1992 se tient et le candidat de l’ADEMA-PASJ, Alpha Oumar Konaré l’emporte au second tour et devient le premier président de la 3ème République, réélu en 1997-2002.

Le 1er septembre 2001, Amadou Toumani Touré dit ATT, surnommé le «Soldat de la démocratie», demande et obtient sa mise en retraite anticipée de l’Armée pour briguer le fauteuil présidentiel. Il est élu président du Mali en mai 2002 avec 64,35% des voix au second tour, puis réélu au premier tour avec 71,20% en avril 2007 pour un second mandat de cinq (05) ans.

 4) La sanctuarisation du terrorisme et la crise multidimensionnelle déstabilisatrice de l’État du Mali:

En septembre 2010, sept étrangers dont cinq (05) Français, sont enlevés par Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI). Treize (13) mois plus tard, des anciens mercenaires Maliens en Libye, reviennent dans la partie Nord du Mali: une énième rébellion fait perdre le contrôle de cette partie du pays au pouvoir en place à Bamako. Le 22 mars 2012, le capitaine Amadou Haya Sanogo dirige un coup d’État militaire. Quelques mois plus tard, soumis également à une pression internationale, il rend le pouvoir à des autorités civiles, pour une période de transition, avec comme Président par intérim Dioncounda Traoré. Celui-ci organise une élection présidentielle qui se tient les 28 juillet et 11 août 2013 et s'achève par la victoire d'Ibrahim Boubacar Keïta installé au pouvoir le 04 septembre suivant.

Pendant ce temps, durant cette même année 2012, profitant des bouleversements politiques successifs à Bamako, les événements s'accélèrent dans le Nord du pays et dans le Sahel, au Centre du pays. De mars à septembre 2012, les villes de Kidal, Gao, Tombouctou et Mopti tombent aux mains des islamistes qui se rapprochent des régions du Sud. Le 23 septembre 2012, Le Mali et la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) s'accordent sur le déploiement d'une force africaine. Le 21 décembre 2012, le Conseil de Sécurité des Nations Unies autorise par une résolution le déploiement d'une force africaine au Mali, et plus tard de la MUNISMA (Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations-Unies pour la Stabilisation du Mali). Le 11 janvier 2013, les troupes françaises interviennent en appui de cette force africaine, c'est le début de l'opération Serval.

Avec l’Armée malienne, l'Opération Serval semble être un succès dans un premiers temps: les villes ont été reprises ainsi que le territoire du Nord du pays, un dialogue est rétabli avec les différentes composantes rebelles. L’Opération Barkhane se substitue à l'Opération Serval, pour sécuriser la bande sahélo-saharienne, avec la mission de lutter contre les groupes djihadistes.

Malgré la signature en mai-juin 2015 d’un Accord pour la Paix et la Réconciliation (APR) avec les irrédentistes rebelles, la situation sécuritaire reste très précaire, avec de nombreuses attaques terroristes. Les conflits communautaires naissent, occasionnant des centaines de morts, particulièrement dans la région de Mopti. En 2018, l'Armée française poursuit ses opérations et particulièrement dans le Liptako-Gourma, une zone entre le Centre du Mali, le Sud-Ouest du Niger et le Burkina Faso.

Les terroristes opèrent une guerre asymétrique par attaques surprises, tout en utilisant les ressentiments locaux et les conflits intercommunautaires. Les troupes françaises sont de plus en plus critiquées localement. Le pouvoir d’IBK se discrédite tout autant, les Forces de Défense et de Sécurité Maliennes, mal équipées, sont au plus mal, mais aucune tentative de mutinerie ou de putsch n’est perçue.

 5) Le soulèvement patriotique du Peuple porté par le M5-RFP et le processus de Refondation de l’État:

La persistance de la crise multidimensionnelle dans notre Pays et les dysfonctionnements criards dans la gouvernance de l’État couplés à l’incapacité des tenants du pouvoir d’y trouver des réponses, ont débouché en 2020 sur une lutte implacable du Peuple malien, portée par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), qui a conduit à la chute du pouvoir en place, suite à l’intervention des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), le 18 août 2020. Ces attentes furent synthétisées par la suite en dix (10) points et dix-sept (17) mesures.

À la suite du changement de régime, les Forces Vives de la Nation ont, à l’issue des journées de Concertations nationales sur la Transition tenues en septembre 2020, exprimé le besoin de refondation de notre État, à travers la Feuille de route et la Charte de la Transition qui ont retenu comme objectifs majeurs la restauration de l’outil de défense et de sécurité, la promotion de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, et la réalisation des réformes de l’État. Les neuf (09) premiers mois de la Transition, excluant le M5-RFP, sont balbutiants et sans vision claire.

À l’occasion de la rectification de la trajectoire de la Transition, entamée le 24 mai 2021, les Autorités de la Transition, ont réaffirmé la volonté politique de refonder l’État du Mali.

Pour la mise en œuvre des actions prioritaires du Gouvernement de la Transition, le Département de la Refondation de l’État a mené des activités s’inscrivant dans le cadre du Plan d’Action du Gouvernement (PAG), plus spécifiquement la préparation et l’organisation des Assises Nationales de la Refondation (ANR), la mise en œuvre des recommandations y formulées à travers le Cadre stratégique de la Refondation de l’État, suivant une méthode de mise en œuvre et un mécanisme de suivi-évaluation efficace.

 6) La marche résolue du Peuple malien pour la Refondation:

Depuis la rectification de la trajectoire de la Transition en juin 2021, la marche résolue du Peuple malien et l’action de l’État ont changé les configurations et réalités handicapantes préparées et imposées à nous par d’autres depuis 2012.

Il faut se rappeler que c’est dans ce même pays, nous avions assisté en 2012 à la débandade de l’État avec la population, alors qu’aujourd’hui le Peuple a pris conscience et confiance en lui-même, a mené la lutte déterminée qui a émerveillé et inspiré le reste de l’Afrique et du monde.

Il ne faut pas oublier que c’est dans ce même pays, nous avions assisté à la débâcle de l’Armée déstructurée par plus de deux (02) décennies de gouvernance chaotique, alors qu’aujourd’hui l’Armée s’est rebâtie, se modernise et va à la reconquête totale de l’intégrité du territoire national (reprise mémorable de Kidal en ce 14 novembre 2023), tout en combattant le terrorisme sponsorisé.

On oublie que c’est dans ce même pays, nous avions vécu les pires atteintes à notre souveraineté et à notre indépendance à travers une occupation militaire ourdie et organisée mettant sous coupe réglée l’État (ou ce qu’il en restait) et les populations, avec l’humiliation de chaque 6 avril de défilés indépendantistes piétinant le drapeau national sous l’œil bienveillant de la Communauté internationale, au point que personne ne puisse imaginer que l’on puisse chasser Barkhane-Serval, Takuba, G5-Sahel, MINUSMA et autres affidés, et à faire résonner et rayonner la voix diplomatique du Mali partout.

Certains esprits malins vont jusqu’à ne retenir que les avancées en matière de défense et de sécurité pour en faire le seul domaine de réussite de la Transition en cours, tout en oubliant que les prouesses les plus improbables, comme les départs de Barkhane-Serval, Takuba, G5-Sahel, MINUSMA, ont été accomplies en raison d’une vision portée par un discours politique, une action diplomatique couplés à un leadership courageux, sans aucun coup de feu ni un haut fait d’arme.

On oublie que c’est dans ce même pays, la mise entre parenthèses de notre souveraineté atteignit un tel niveau de délitement que, en mai 2017, le Président français, Emmanuel Macron, fraîchement élu, vint à Gao comme il le voulut et y «convoque» le Président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) pour l’y rejoindre, alors que le même Macron fut éconduit par les Autorités de Transition quand il a voulu imposer son invitation à Bamako en décembre 2021, pour prétendait-il partager le repas de Noël avec ses troupes d’occupation. Les nostalgiques du passé ont déchanté, la Françafrique est terminée au Mali !

On oublie même qu’on hésitait à demander la simple relecture de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger (APR), alors qu’aujourd’hui il n’existe plus, y compris le fameux et fumeux Relevé de conclusions, qui contenaient tous les ingrédients de la partition du Mali.

On oublie ou on fait semblant d’oublier tout cela ! C’est pourtant cela la voie choisie du Mali Kura, c’est cela la Refondation de l’État pour créer les conditions d’existence de l’État d’abord en tant qu’entité: un seul pouvoir politique s’exerçant sur un seul peuple sur un seul territoire ! C’est en ce moment que les services sociaux pour les Populations seront mieux réorganisés, planifiés et rétablis progressivement sur 10, 20, 30 ans, comme cela l’a été en Chine, en Corée du Sud, en Inde, en Türkiye, au Rwanda, etc. Et, personne ne viendra le faire à notre place, c’est par nous et avec nous seuls que cela se fera: par notre travail, encore notre travail et toujours notre travail !

 7) Tirons les leçons enseignées par notre propre Histoire pour bâtir notre avenir !

Au fil de notre parcours historique, on a la lancinante perception que l’histoire de répète, avec des impressions de «déjà vu».

Dans ses mémoires, le Colonel Assimi Souleymane Dembélé (in, Transferts définitifs, Éditions Le Figuier, 2003, page 207) tire les leçons de son vécu, au crépuscule du régime militaire et de parti unique de la 2ème République du Général Moussa Traoré (1968-1991), en ces termes:

«Un nouveau climat politique, social et économique se fit jour, donnant naissance à une nouvelle race de cadres intellectuels et militaires et d’hommes d’affaires accaparant tout le système administratif, militaire, social, économique du pays. Ce fut encore une course effrénée vers les honneurs et la fortune. (…).

Une nouvelle forme d’intolérance, plus subtile cette fois-ci, fit son apparition. Elle avait pour noms le harcèlement, l’exclusion, la courtisanerie, la délation et l’arrogance des nouveaux nantis. Des clubs se formèrent autour de telle ou telle personne influente, généralement pour des motifs peu louables. L’allégeance et le partage des dividendes étaient devenus les seuls critères d’accession aux postes et marchés juteux. Le pouvoir lui-même avait fini par succomber et par être pris en otage par cette intelligentsia et par le nouvel ordre politique, social et économique.

Cette situation perdura et devint un mode de vie national jusqu’aux évènements tragiques de Mars 1991».

En définitive, le problème fondamental du «Mali» est et demeure le «Malien», en tant que citoyen, qu’il soit un militaire ou un civil, un politique ou un fonctionnaire, un religieux ou un traditionnaliste, un opérateur économique ou un syndicaliste, un acteur des médias ou un artiste, …

À tous les coups, la question se pose de savoir jusqu’où chacun et chacune est engagé à assumer sa citoyenneté et son patriotisme. J’ai pu jauger à quel point nous sommes enclins à privilégier nos intérêts propres face aux intérêts supérieurs de la Nation, surtout lorsque l’on est investis, en tant que leaders, dirigeants, responsables ou agents, de la confiance et du mandat des autres concitoyens.

Oui, comme je l’ai toujours dit, le Mali tombe chaque fois par la faute de ses dirigeants politiques, mais qui avaient toujours à leurs côtés des militaires, des élus, des fonctionnaires, des magistrats, des enseignants, des opérateurs économiques, des syndicalistes, des légitimités traditionnelles, des leaders religieux, des acteurs de la Société civile, des ruraux, des artistes, des acteurs de la presse et des médias, … Certains, parmi eux, ont fauté par action, et d’autres par inaction ! Le mal est fait, et les mêmes acteurs, toutes couches et catégories socioprofessionnelles confondues, doivent se donner la main pour relever et faire marcher le Mali dans la tête de peloton des Nations fortes.

Puissions-nous retenir et tirer profit de ces riches leçons qui jalonnent notre histoire sociopolitique nationale, pour vaincre définitivement ce sempiternel spectre du gouffre mémoriel malien, ce manque de chance et d’inspiration divine qui nous fait rater les bons virages, les opportunités de changements positifs de cap, pour le décollage, l’élévation et le rayonnement véritables de notre Patrie.

EMK, l’Espoir pour le Mali Koura demeure et je rends hommage au Vaillant Peuple malien qui a cru et s’est engagé résolument pour sa survie, en inspirant toute l’Afrique, en suscitant l’Alliance des États du Sahel (AES) constituée en Fédération. La lutte se poursuivra pour un Mali Débout et Digne !

Qu’Allah Bénisse notre Patrie et protège notre Peuple. Amine !

Ibrahim Ikassa MAÏGA

Professeur d’Enseignement Supérieur

Co-fondateur de EMK et du M5-RFP

Ancien Ministre

 

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