Mettre fin à l’hypocrisie nationale : La face cachée de Kurukanfuga

29 Sep 2012 - 07:07
29 Sep 2012 - 07:07
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Doit-on continuer à mettre   Soundiata et Samory  dans le même panier ? Surement pas, pour la bonne raison que le second en complicité avec le prince du jour à Kangaba  furent surtout coupables d’une horreur absolue en faisant égorger en une seule matinée plus de 300 adolescents du village voisin de  Kiniéroba sur ce site jugé  mythique de  Kurukanfuga. Une tragique parenthèse volontairement occultée par les historiens du cru, et les hérauts du mouvement N’KO. En tous les cas pour  de nombreux malinkés de la haute vallée  du Niger, la réponse est évidemment non. Ces deux grands personnages  historiques appartiennent certes à l’histoire  du mali, mais si le souvenir de Soundiata reste entouré d’une vraie auréole légendaire, celui de Samory quelque soit l’admiration qu’aient suscité son courage et sa foi religieuse évoque plutôt dans la conscience collective mandenka  une longue et triste période de  terreur et  d’anarchie.  Samory  dit-on a grillé les gens du manding et du Wassoulou comme on grille les arachides .Il a réussi par la force à imposer à nouveau l’islam dans une région qui l’avait abandonné .Il a pris parti directement dans ce que les malinkés appellent le fadenya kèlè, ces querelles de parenté  qui font s’affronter les descendants d’un même patriarche .Il a provoqué dans certains secteurs un  brassage intense de la population villageoise  déplaçant les uns, réduisant les autres en esclavage. Les militaires français qui l’ont férocement combattu, vaincu et chassé du mandingue ne feront guère mieux. La haute vallée fut ainsi à la fin du XIXème  siècle  partagé entre adversaires et alliés de Samory et  naturellement après sa défaite des représailles furent souvent exercées  sur ses partisans  dont les contrecoups se prolongèrent beaucoup plus-tard .L’empreinte de Samory sur la vie sociale  dans la haute vallée du Niger a été forte et souvent très violente . Il est intervenu directement  dans la rivalité de dynasties villageoises (querelles entre les Keita de Niagassola  et de ceux de Kangaba), il n’hésita pas à intervenir également dans l’organisation  territoriale, ainsi il confirma l’autorité des Keita de Kangaba sur  ses contrées limitrophes.  Les guerres avec Samory ont souvent provoqué des ruptures d’alliance entre clans et lignages  unis par des dyo qui  remontaient à Soundiata. Le passage d’El hadj Omar dans la haute vallée est  toujours commenté par les chroniqueurs et autres bardes du Mandé,  pour la bonne raison que de nombreux chefs contractèrent avec lui  des alliances et se convertirent à l’islam .Les Keita de Niagassola  restèrent les alliés fidèles du chef toucouleur et après la mort de celui-ci sous la dépendance de son fils Cheickou Amadou .Et c’est vraisemblablement pour mieux résister à Niagassola  appuyé par les toucouleurs d’Ahmadou , que les Keita de kangaba acceptèrent l’appui de Samory, qui s’installa du coup sur la rive droite du Niger et prit  Figuira en 1882, si l’on en croit les témoignages recueillis dans les années 60 , par le professeur émérite et ancien directeur de recherche au CNRS( Paris)  Youssouf Tata Cissé  auprès de puissants et célèbres  traditionalistes de la région. Ils prirent  ensuite  Kiniéroba dont la population est déportée manu militari  par l’Almamy sur la rive droite : Trois cents ( 300) prisonniers furent égorgés sur ordre de kaba Mambi  keita  le  prince qui  régnait  à cette époque-là sur  kangaba .Voilà en réalité  l’autre « face cachée » du  site sacré, dont on ne parle pas assez , quand elle n’est pas  simplement occultée par  les historiens du cru. En définitive,  Samory  Touré aura surtout laissé le souvenir d’un chef de guerre redoutable, paranoïaque,   fidèle dit –on dans ses alliances, d’une rigueur religieuse implacable, mais souvent inhumaine. Ce n’est guère étonnant que la chanson de gestes (ou Fasa en malinké) de Soundiata, dont il en existe d’ailleurs un certain nombre de versions  soit resté l’un des éléments fondamentaux du patrimoine culturel malien. Sambou Diakité, Anthropologue Magnambougou    

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