Nathalie Yamb appelle les dirigeants de l’AES à rompre définitivement avec le franc CFA
La militante panafricaine Nathalie Yamb a lancé un appel vibrant aux dirigeants de l’Alliance des États du Sahel (AES) lors de la première édition des Rencontres internationales Carrefour africain Thomas Sankara, tenue le 13 octobre 2025 à Ouagadougou

Son message, prononcé avec la passion et la clarté qui la caractérisent, a mis en lumière l’urgence d’une véritable indépendance monétaire du continent africain.
« Ma demande pressante aux dirigeants de l’AES est de nous libérer de ces chaînes du franc CFA. On ne peut pas parler de souveraineté si on ne maîtrise pas sa monnaie », a-t-elle déclaré devant un public enthousiaste. Selon elle, la monnaie demeure le cœur de toute souveraineté : « La monnaie, c’est le sang de l’économie. Si on n’a pas la maîtrise de ça, on ne peut pas parler de souveraineté ».
Dans son discours, Nathalie Yamb a dénoncé avec force les mécanismes du franc CFA, qualifiant cette monnaie de « stabilité dans la pauvreté ». Créé à partir d’accords signés dans les années 1960 et 1970, le franc CFA lie encore aujourd’hui quatorze pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre à la France, via une parité fixe avec l’euro et un contrôle direct de la politique monétaire par Paris.
Elle a rappelé que 70 à 80 % des réserves d’or de la BCEAO, soit près de 28 tonnes, sont stockées à la Banque de France, privant ainsi les pays africains de tout accès direct à leurs propres richesses. Cet or, selon plusieurs économistes, est utilisé dans les opérations financières françaises et génère des revenus au profit de Paris, tandis que les États africains n’en perçoivent aucun intérêt.
Cette réalité, a insisté Nathalie Yamb, témoigne du néocolonialisme économique toujours à l’œuvre : « C’est nous les quatorze pays qui restons derrière comme des fesses, pendant que d’autres nations, même plus petites, gèrent librement leur monnaie ».
Elle a exhorté les États du Sahel – le Mali, le Niger et le Burkina Faso – à exploiter leur propre base économique et minière pour lancer une monnaie indépendante, adossée à leurs ressources : or, uranium, agriculture. Selon elle, le moment géopolitique est propice : « Tout est mélangé chez eux là-bas ; il faut profiter de cette instabilité pour se libérer ».
Par Edouard Sanogo
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