Second mandat d’IBK: la partition programmée du Mali en bonne voie.

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En 2013, alors que la  crise était entrée dans sa deuxième année, il avait été élu par un peuple meurtri dans sa chair, humilié dans sa dignité, fatigué des attaques et des attentats terroristes. Surnommé « homme aux poings d’acier dans des gants de velours, les Maliens avaient placé en lui leur confiance, dans l’espoir qu’il apporterait une solution  décisive et rapide.

Il n’a rien résolu. Du nord du pays, la crise s’est propagée encore plus, gagnant le centre. Dogons et Peuls, frères d’hier vivant côte à côte dans la paix, sont actuellement aux prises régulières avec des dizaines de victimes dans les deux camps, et avec des villages entiers ravagés par des incendies provoqués. Dans la région de Mopti où les jihadistes sont désormais rois dans plusieurs contrées, l’administration publique est quasi absente, l’autorité de l’Etat tombe progressivement dans les oubliettes. Ecoles détruites, bâtiments administratifs saccagés, cars forains attaqués très souvent par des bandits armés. Le tableau est bien sombre. Les fonctionnaires maliens ont fui massivement.  Ceux qui n’en ont pas eu la possibilité ont été enlevés, assassinés à leurs postes ou à domicile. Chaque jour qui se fait apporte son lot de  nouvelles tragiques à glacer le sang dans les veines.

IBK, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est serein à Sébénicoro. C’est à peine que son gouvernement sort quelques communiqués laconiques pour condamner dans de gros mots académiques du temps de Poquelin. Après, plus rien. Le prince est toujours dans son avion, à voyager incessamment pour participer à des événements où la présence d’un Ministre aurait suffi. En cinq années, il a dilapidé ainsi des centaines de millions, sans oublier de traiter de « petits messieurs » ceux qui le critiquent. Seul au monde d’aujourd’hui à s’exprimer au subjonctif imparfait, Il va plus loin encore, en disant qu’ils sentent mauvais !

Arrogance sur arrogance, sa gouvernance est cependant entachée des plus gros scandales financiers. C’est le lieu de rappeler l’achat de son avion, les surfacturations, sa caisse noire et son salaire qui ont considérablement augmenté. Ses proches parents ont la main dans la cagnotte. « Le Mali d’abord » est devenu « Ma famille d’abord. »

Les problèmes ne viennent pas seuls et se multiplient : soldats et civils massacrés chaque fois malgré l’Accord de paix, enfants du pays fuyant la grande misère noyés dans la Méditerranée ou déportés des pays d’asile, Maliens de la diaspora, y compris certains hommes d’affaires au Mali, qui courent derrière leurs pièces d’identité. Beaucoup ont raté leurs marchés à conclure ou leur travail faute de les obtenir à temps. Dans la presse et sur le réseau social, les gens dénoncent avec vigueur. Mais le Prince n’en a cure.  Du haut de leurs rêves en fleurs, les Maliens ont de l’étonnement dans les yeux, des questions sur les lèvres. Le mécontement, puis la grogne sociale est venue. Grèves, révendications, cas de détournement ; différentes couches socio-professionnelles crient le ras-le-bol. Plus le temps avance, moins il y a de solutions. Entouré d’une armée de laudateurs et d’opportunistes, IBK n’a plus d’oreilles, il semble avoir rompu le dialogue avec le peuple qui a décidé de le tirer enfin de son Palais céleste. Le premier avertissement était le projet de révision constitutionnelle à laquelle il a dû renoncer sous la pression populaire. Le deuxième avertissement, plus important, devait être le vote-sanction lors des élections qui viennent de se dérouler sur fond enflammé de « Boua ka bla », « Boua ta bla.»  Jamais lors d’une campagne électorale, on n’a assisté à tant de haine, de divisions, d’injures et de dénigrements !

Vingt-quatre candidats sur la liste dont la grande majorité était dressée contre le bilan très controversée du régime. Lâché par les religieux, face à une diaspora très mécontente de la gestion élémentaire des pièces d’identité, sentant une défaite cuisante approcher, IBK lance son slogan : « Le vieux s’est levé !» Il sort ses vieilles promesses, déjà faites une fois, pour épater les crédules. Ce n’est plus les cinq mille milliards de la Chine, suspendus quelque part entre ciel et terre, mais plus de dix mille qu’il voudrait injecter dans l’économie du pays. Des avions Tucano, achetés depuis des mois au Brésil et qui attendaient l’heure, arrivent à Bamako comme par enchantement. Dans le cadre de la décentralisation, des gouverneurs sont  fraîchement nommés. Ni plus tôt , ni plus tard en pleine campagne à Sikasso, la BOAD lui glisse subitement en poche l’intégralité du coût d’un échangeur qu’il promet aux habitants de la ville ! Ce n’est que quelques exemples….

Tous comptaient sur des élections relativement transparentes. La mascarade a pris le dessus, cette fois avec une ampleur jamais connue dans l’histoire du Mali. A seulement un mois de la date du scrutin, le gouvernement lance la distribution des fameuses cartes d’électeurs pour 8 millions de citoyens. Un pari non tenable, sachant bien la lenteur et les cas de négligences coupables avec lesquels fonctionne l’administration malienne. Ce sont donc des millions de Maliens, surtout de la diaspora, qui n’ont pas pu obtenir leurs cartes. Tenez-vous bien : sur 8 millions, deux millions votent ! Certains trouveront que l’affluence a été faible parce que les Maliens se sont désintéressés de la chose publique à cause de leur désespoir. Mais que dire donc de ceux qui sont restés sans cartes d’électeurs et cartes Nina ?

L’élection proprement dite à débuté par des scandales. Dès le premier tour, des cas de fraudes massives ont été signalés. Des bulletins parallèles présignés étaient en circulation. Le jour J, l’argent a circulé au Mali, précisement à Bamako, comme du petit pain. Néanmoins, Soumaila Cissé raffle la moitié des suffrages exprimés par la diaspora et gagne dans plusieurs localités du pays. Aux décomptes, les partisans d’IBK parlaient déjà de « Takokelen », c’est-à-dire, une victoire  avec plus de 50% des votes. La peur d’un flagrant délit les a fait annoncer un deuxième tour par la voix de la Cour constitutionnelle toujours à la solde du prince du jour. Soumi champion boude, mais commet ensuite l’erreur d’aller à un deuxième tour dans ces conditions. Il ne fallait pas.

Politiquement lâches, opportunistes professionnels qui refusent ensuite de faire la vaisselle après avoir bien mangé, selon l’expression d’IBK lui-même, des leaders de partis dont certains n’ont que le record pitoyable de 0%, champions du retournement de veste,  se sont ralliés à IBK après l’avoir copieusement critiqué dans sa gestion lors des campagnes électorales. Les autres donnés pour perdants ont préféré observer la neutralité, une façon bien connue au Mali de calculer la direction du vent pour sauter dans le bateau à la dernière minute. Au deuxième tour, veille de la Tabaski, donc des grandes dépenses familiales pour la fête, le moment a été propice à l’achat massif des consciences, au bourrage des urnes.  Par exemple dans une vidéo, à Kidal, région contrôlée  par les éléments de la CMA et qui ne reconnaissent pas l’Etat malien, la fraude a été spectaculaire : une seule personne a pu voter pour deux mille électeurs !  Dans certains bureaux, le nombre de votants est largement superieur à celui des inscrits sur la liste. Comme toujours par effet magique, IBK gagne les votes partout au sein de la diaspora, avec 57 % des suffrages exprimés par ceux qui lui sont hostiles rien qu’à cause des pièces d’identité qui ont rajouté à leurs souffrances! IBK vainqueur, clame-t-on, mais à quel prix ?

Maintenant, l’hypothèse. Avec la sulfureuse affaire dite « Tomi », IBK avait un couteau sur la gorge. Chaque fois qu’il essayait de résister à une pression quelconque, on lui déversait une petite portion du dossier brûlant pour le rappeler à l’ordre. Qu’il en soit ainsi ou non, l’ardeur du Président a faibli, son ton guerrier du départ est devenu plus doux. Avec les fraudes actuelles qui vont le maintenir dans son fauteuil, Il aura trois couteaux tranchants  sur la gorge.  Les membres de la  CMA qui l’ont aidé à gagner à Kidal lui demanderont en retour des comptes ou des récompenses, en dépit des millions du contribuable malien qui leur tombent sur la  tête alors qu’ils sont couchés dans  les hôtels de luxe de Bamako. Cela se traduira, d’une part, par une reconnaisance obligatoire de l’autonomie de la région, voie libre donc à l’indépendance à long ou court terme, donc à la partition définitive du pays. De l’autre, par l’exigence de cesser d’apporter un soutien implicite accordé au GATIA, même si Bamako nie toujours toute relation avec ce mouvement d’auto-défense qui inflige de temps en temps de lourdes pertes aux rebelles. Que l’Accord d’Alger soit bon ou mauvais, IBK sera dans l’obligation de le mettre en oeuvre. Sujet de Paris, désormais devenu esclave des rebelles, ces derniers pourraient avoir les mains libres pour le contrôle total de la zone. Le centre du pays va s’enflammer davantage dans des querelles entre Dogons et Peuls. Pour finir, de la rebellion, on passera à une guerre d’indépendance quand la CMA réclamera les régions de Gao et Tombouctou comme son territoire. Paris, soutien des rebelles, mettra donc deux autres couteaux, celui des fraudes électorales et de l’affaire Tomi, au cou d’IBK pour le faire mieux chanter. Le tour est joué!

Ceux qui espèrent sur des troubles à cause des résultats magiques du deuxième tour, il n’ y aura rien de tel. Après que Macron et Hollande ont félicité IBK pour sa « victoire », leurs dieux du Temple ont parlé. A part Oumar Mariko, aucun autre homme politique malien n’osera se prononcer contre. Certes, quelques personnes vont marcher pour exprimer leur colère. Mais la grosse batterie politique, vide de liquide, restera muette et préferera aller se mettre à genou devant IBK pour gagner quelque chose.  Soumi restera encore chef de l’opposition, s’il le souhaite. On lui séchera les larmes d’une  façon ou d’une autre.

Dans cinq ans, ce serait probablement le tour de Karim  Kéïta avec ce qui restera du pays ou pour l’achever. Si la fraude massive a marché une fois, elle devrait marcher toujours. Au cas contraire, IBK est aussi Français, et ses enfants sont Belges. Rien à perdre, en tout cas pour eux.  Selon le principe: après nous, le déluge.

 

Sékou Kyassou Diallo

Alma Ata, Kazakhstan.

 

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3 COMMENTAIRES

  1. L’Armee Nationale a le devoir sacre de defendre la Souverainete Nationale y comprise l’integrite Nationale du Mali contre les ennemis exterieurs et interieurs.S’il le faut ,suivant l’exemple de De Gaulle de France,,de Garibaldi en Italie…etc,,L’armee devra assumer cette lourde responsabilite.Elle devra ,en tant qu’Armee Republicaine,remettre la Souverainete totale du Mali aux institutions constitutionnelles.L’Etat Malien,membre des Nations Unies a ete proclame pays Souverain avec les frontieres actuelles reconnues.Ni Cet Etat Malien ,ni le Peuple Malien ne se sont livres aux crimes contre l’Humanite,massacre ethnique,meprise grave des Droits des Femmes ou des Enfants.Aucun Etat legitime ne peut de ce fait mettre en cause ces Droits Fondamentaux legalement.Cela veut dire
    que l’Etat Malien aura toute liberte et a tout moment de retablir sa Souverainete pleine et entiere.

  2. ” Après que Macron et Hollande ont félicité IBK pour sa « victoire », leurs dieux du Temple ont parlé.”
    TU as raison car la confrerie maconnique compte plus que la nation malienne et les maliens.Mais le peuple debout peut freiner ce plan diabolique.Il faut liberer le Mali des mains des franc macons a tout prix,j’ai piete des religieux qui supportent ces satanistes sans meme se rendre compte.

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