Dix mois après le limogeage de Nango Dembélé Des vérités qui refont surface

Nommé à la tête de la CMDT le 11 Novembre 2020 avec la mission de rehausser la production ayant chuté jusqu’à 147 000 tonnes de coton graine, à son niveau d’antan, Nango Dembélé, ce cadre qui force le respect de par sa moralité, sera limogé le 16 juillet 2024, dans des conditions peu enviables

27 Mai 2025 - 09:20
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Dix mois après le limogeage de Nango Dembélé Des vérités qui refont surface

En dépit notamment de ses prouesses qui parlent d’elles-mêmes. Par-delà les charges de malversation financière, il est accusé d’avoir réceptionné des produits non homologués, par des adversaires qui ne voulaient rien d’autre que son poste. Il partage par ailleurs leurs calomnies avec son ministre tutelle, également limogé sur fond d’accusations portant sur 52 milliards de nos francs. Et si le désormais ex-PDG de la CMDT a accepté ce destin impitoyable, sans acrimonie ni alacrité, c’était peut-être pour laisser les vérités éclater d’elles-memes au grand jour, 10 mois après. En effet, depuis la publication du rapport du vérificateur général sur sa gestion de 3 ans et 7 mois à la tête de la holding, les observateurs sont restés sur leur faim. En cause, il s’est avéré qu’il y a eu une mauvaise interprétation voire une incompréhension du Décret n°2023-0261/PT-RM autorisant, à titre exceptionnel, l’importation des produits anti-jassides au titre de la campagne 2023/2024. C’est du moins l’explication fournie par la Douane et la Direction Générale du Commerce et de la Concurrence, après que les produits aient passé le cordon douanier

Pour ce qui concerne le détournement de 52 milliards, dont l’objectif était de mettre dos à dos M. Dembélé et les autorités de la Transition, il ne ressort nulle part dans le rapport du BVG. L’administration de Nango est plutôt taxé de ne pas avoir mobilisé des cautions de bonne fin d’exécution, suite à des résiliations de contrats d’intrants agricoles et d’appareils de traitement, d’avoir octroyé des appuis financiers non justifiés, accordé à des structure comme l’APEX MALI et de n’avoir pas retenu l’IBIC (Impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux) sur le paiement d’honoraires à trois consultants ainsi que sur des frais de prestations payés à des transporteurs privés, entre autres.

Cas de mort d’homme jamais prouvé…

Tout est parti de cette histoire de mort d’hommes à Kita liés à l’utilisation de produits anti-jassides non homologués, notamment de type Ulala 500 WG, Jacobia 350 EC, Coryfène Max 350 EC, Flyer Plus 275 EC. Utilisés pendant les deux campagnes précédentes sur instruction des chercheurs de l’Institut d'Economie Rurale (IER) et sur conseil du Programme Régional de Production Intégrée du Coton en Afrique (PR-PICA), ces produits, auxquels tous les pays de la sous-région ont recours, se sont avérés seuls capables de lutter efficacement contre les jassides ravageurs du cotonnier. Et, selon nos recoupements, il s’est avéré, mais trop tard, qu’il y’a jamais eu de cas de mort d’homme causée par ledit produit, ni à Kita ni dans toutes les zones CMDT.

 

Qu’a-t-on fait des produits réceptionnés par l’administration Nango ?

Il faut le dire tout de suite. Les produits incriminés, en toute discrétion, ont été utilisés pour sauver la campagne précédente et maintenir le Mali à la première place. Selon nos sources, à la date d’aujourd’hui, il n'a pas la moindre trace de ces produits. On peut comprendre. Et pour cause, selon un rapport d’évaluation des infestations de jassides, dont nous détenons copie, seuls ces produits, en plus du Gracia 10 EC, se sont avérés efficaces contre les jassides. Conséquence : l’IER a demandé leur mise à la disposition des cotonculteurs. Ledit rapport a étrangement disparu dans de sombres tiroirs. En cause, en lieu et place desdits produits, le ministre de l’Agriculture, Daniel Kelema, a proposé aux paysans de solution traditionnelle comme alternative, qui n’auront malheureusement pas suffi pour stopper l’invasion précoce des champs par de nouvelles espèces de Cicadelles (Jassides). Conséquence : les seuls produits utilisés dans tous les pays du PR-PICA ont été finalement mis à disposition des cotonculteurs.

 

Quid du vocal du DPA de l’époque…             

Sur le vocal du Directeur de Production Agricole demandant de dissimuler les produits anti-jassides réceptionnés par son service, nos recoupements nous ont laissés sans voix. Tenez-vous bien : ledit vocal, qui va entraîné l’ex PDG et ses AG dans les locaux du procureur anti-cybercriminalité, a été adressé seulement aux 4 administrateurs de filiales. Seulement voilà : au moment où Moro envoyait l’élément sonore, il était en mission pour sillonner l’ensemble des filiales avec le PDG. Et déjà à Sikasso, il pouvait informer directement l’AG de cette filiale. Le lendemain au plus tard à 10 heures, il devrait être également avec celui de Koutiala. Et 24 heures après il devrait être avec l’AG de Fana. En tout état de cause, 72 heures auraient suffi pour rencontrer l’ensemble des AG. Ainsi, une question taraude les esprits. Quelle urgence a poussé le DPA à véhiculer une décision administrative par vocal via un réseau social, en violation de la procédure propre à la holding alors qu’aucune date n’avait été annoncée pour la mission de vérification de la Présidence ? Malin qui pourrait répondre à cette question. On sait, en revanche, que ça n’est pas l’ex Directeur de la Production Agricole de la CMDT, Moro Diakité. Et pour cause, comme par un hasard, ledit vocal se retrouve entre les mains d’adversaires affichés qui avaient à plusieurs reprises réclamé la tête du PDG, les responsables de Fer-Mali en l’occurrence. Et, de bonnes sources, le PDG n’a jamais instruit à son DPA de dissimuler lesdits produits. En tout cas, c’est ce qui ressort de la déclaration du DPA de l’époque, après que son vocal a fait la Une des réseaux sociaux. « Cette communication est purement technique, qui ne concerne aucunement le PDG,… C’est par courtoisie qu’on utilise le concept « sur instruction du PDG» pour donner une importance au message, a-t-il expliqué. En définitive, le PDG ne saurait être tenu pour responsable du contenu du message adressé aux Administrateurs Généraux», a expliqué l’ex DPA peu avant son limogeage. 

 

Le dernier exploit de Nango…

Même si d'aucuns cherchent désespérément à lui voler cet exploit, les prouesses de la campagne précédente font partie du bilan de Nango Dembélé à la tête de la CMDT. En effet, limogé le 16 juillet 2024, Nango avait complètement bouclé les préparatifs de la campagne, notamment les intrants et pesticides. À sa prise de fonction, son successeur a trouvé pratiquement que toutes les coopératives avaient reçu la totalité de leur besoin en termes d’approvisionnement en intrants, soit 85% pour l’urée et 90% pour le complexe coton. En termes d’emblavures, dans l’ensemble les dotations avaient atteint 85 à 90% par endroit. Comme quoi, il ne restait plus qu’à miser sur une bomme pluviométrie pour atteindre les 788 000 tonnes de coton graine annoncés aux Maliens, lors du conseil supérieur de l’Agriculture. Et, avec son départ, malgré une baisse par rapport aux prévisions, la holding a gardé sa place de premier producteur. Et de façon objective, cette prouesse fait partie intégrante du bilan et du riche héritage de Nango Dembélé à la tête de la CMDT, n’en déplaise à ceux qui tentent de se l’attribuer.

Amidou Keita

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