Conférence internationale de soutien au développement : Plus de 3 milliards d’euro pour bâtir un nouveau Mali

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Sur initiative de la France et de l’Union Européenne, en collaboration avec les autorités maliennes, les amis du Mali se sont réunis hier à Bruxelles pour une conférence de haut niveau sur la reconstruction et le développement de notre pays. Dans la capitale belge, la communauté internationale a sonné la mobilisation générale autour de notre pays en s’engageant à lui fournir plus de 3 milliards d’euro pour la mise en œuvre partielle de son plan de relance.

Hier, à Bruxelles, une conférence internationale de soutien au développement du Mali a réuni les représentants de quatre-vingts pays et dix chefs d’état dont celui de la France, François Hollande, et son homologue malien, Dioncounda Traoré, coprésidents de la rencontre. L’objectif de cette conférence en terre belge est de  lever la somme de 1,96 milliard d’euro, soit 45% du montant du Plan pour la relance durable du Mali, présenté par les autorités maliennes pour remettre en marche le pays sur deux ans (2013-1014), la totalité du financement requis pour la reconstruction du pays étant de 4,34 milliards d’euro. Les espérances ont vite été dépassées : les amis du Mali se sont engagés à mobiliser la somme de 3,25 milliards d’euro. Un élan de solidarité qui devrait permettre au Mali de se remettre sur la voie du développement.

 

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le président français François Hollande.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le président français François Hollande.

Parmi les principales institutions contributrices, on retient l’Union européenne (520 millions d’euros sur deux ans), la Banque Mondiale, le FMI, la Banque islamique d’Investissement (BID), ainsi que des dizaines de pays. L’aide de la France s’élève à 280 millions d’euros sur deux ans. Au terme de la rencontre, François Hollande a laissé entendre qu’il revient à présent aux Maliens de respecter les engagements pour la réconciliation, la sécurité, l’Etat de droit et la bonne gouvernance. De son côté, le chef de l’Etat malien a chaleureusement remercié les 108 pays et institutions dont 13 chefs d’Etat et de Gouvernement ayant pris part à la conférence. « Nous sommes tous ensemble pour la reconstruction du Mali. Tous ensemble pour la relance du Mali », s’est félicité Dioncounda Traoré. Par ailleurs, il a rassuré ses interlocuteurs sur le bon déroulement de la transition démocratique en réaffirmant sa détermination à organiser le premier tour de la présidentielle le 28 juillet prochain. «Cela peut paraître très proche mais c’est un pari que nous sommes obligés de gagner car nous sommes convaincus que les véritables problèmes qui se posent au Mali (…) ne peuvent être réglés que par un gouvernement élu, légitime et disposant de plus de temps», a expliqué le Président malien.
Il se devait de rassurer la communauté internationale d’autant plus que, dans la capitale belge, les donateurs n’ont pas fait mystère de leur ambition de poser les jalons d’un autre Mali. En témoigne ce slogan : «Ensemble pour le renouveau du Mali», ce thème proposé par la France pour la conférence suffit à lui seul pour se convaincre de cette volonté non pas de reconstruire pour revenir à une situation antérieure mais d’aider les Maliens à bâtir un nouveau Mali. D’ailleurs, le ministre français des Affaires étrangères a, à la faveur de l’ouverture de la conférence, réaffirmé cette volonté de faire renaître notre pays. De l’avis de Laurent Fabius, il s’agit bien de renouveau pour la simple raison que cette rencontre n’est pas une conférence post-conflit qui prétend effacer les dommages d’une guerre. «Il s’agit de permettre aux Maliens- à l’ensemble du Mali, Nord et Sud réunis- de bâtir leur prospérité de demain», a précisé le chef de la diplomatie française, rappelant que l’adoption du «Plan pour la relance durable du Mali», découle de cette volonté de renouveau. Plan dont le locataire du Quai d’Orsay  a salué la qualité.
Par ailleurs, le ministre français a estimé que les évènements de mars 2012, loin d’être un accident de parcours, étaient la conséquence d’une stratégie de développement qui a montré ses limites. Situation que M. Fabius impute non seulement à la fragilité des institutions de la République mais surtout à l’insuffisance dans le suivi de l’aide internationale. C’est pourquoi il a insisté sur la nécessité d’instaurer la traçabilité de l’aide au développement et le suivi des projets. Suivi qui devrait impliquer, outre les acteurs locaux, les institutions internationales, les pays donateurs et les ONG.
Aussi, Laurent Fabius a indiqué que le déblocage des fonds promis dépend maintenant de l’évolution du processus politique, qui devrait permettre la réconciliation nationale, la mise en place d’institutions inclusives et d’autorités démocratiques et légitimes. C’est pourquoi, il a encore une fois insisté sur le respect des dates de juillet 2013 pour la tenue des élections car, selon lui, on ne peut pas déconnecter le développement des enjeux démocratiques. «L’aide versée ne servira le Mali qu’en accompagnement de la réconciliation nationale, seule à même de garantir un vivre ensemble  durable», a estimé le diplomate français. La France prendra, a-t-il rassuré, toute sa part à la mobilisation générale. A preuve, elle a repris depuis février dernier sa coopération bilatérale avec le Mali à travers notamment la mise en œuvre d’un  plan d’urgence dans les zones libérées, le soutien de l’Etat malien afin de permettre le démarrage des services publics essentiels, la reprise progressive des projets en matière de gouvernance, de santé, d’éducation, etc.
Dans le cadre de la rencontre de Bruxelles, M. Fabius a réaffirmé la volonté de son pays à apporter une forte contribution dans le cadre de l’aide multilatérale. Toutefois, il a rappelé que  la contribution française au fonds européen de développement, à la banque mondiale et au fonds mondial de lutte contre le Sida feront l’objet d’un suivi particulier. Tout en souhaitant que cette conférence sonne l’espoir et le renouveau pour le Mali, le patron du Quai d’Orsay a adressé un message de confiance aux Maliens pour la mise en œuvre des engagements réciproques qui ont été pris.
Les autorités maliennes ont, de leur côté, promis de faire une utilisation judicieuse de l’aide.
Il importe de rappeler que la  Feuille  de  route  pour  la  transition,  adoptée  le  29  janvier  dernier  par  l’Assemblée  nationale,  prévoyait  l’organisation  d’une  «table  ronde  des  bailleurs  de fonds et  amis  du  Mali».  L’Union  européenne  et  la  France  ont  proposé  de  transformer  cet  événement,  pour  rassembler  le  plus  grand  nombre  de  partenaires  au  plus  haut  niveau,  en  une  conférence  internationale  des  donateurs sous le thème  «Ensemble  pour  le  Renouveau  du  Mali».  Cette  conférence  avait  comme  objectif  de  fédérer  et  de  coordonner  l’appui  au  Mali  pendant  et après la  phase  de  transition  afin  d’aider  le  pays  à  s’engager  dans  la  voie  d’un  développement  équilibré  et  durable.   Le  gouvernement   a  élaboré  un  Plan  de  relance  durable  qui  présente,  sur  la  base  notamment  de  la  Feuille  de  route  pour  la  transition,  les  priorités  de  développement  du  pays,  les orientations  stratégiques  et  les  besoins  de  financement  à  court  et  moyen  termes.  Plan  d’action qui  a permis  la  préparation  d’engagements  financiers  fermes  lors  de  la  conférence d’hier.
Birama Fall
Envoyé spécial à Bruxelles (Belgique)

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1 commentaire

  1. Il faut tout de même reconnaitre que durant ces 20 dernières années, beaucoup de réalisations ont été faites.
    Le grand défi maintenant reste le niveau de décaissement de toutes ces promesses :
    1. au niveau international : les Etats ne décaissent quasiment jamais en totalité ce qu’ils ont promis ;
    2. niveau national : i) absence pour certains programmes de structure technique dédiée spécialement au suivi des projets (DANS LES FAITS) et des décaissements, ii) les fonctionnaires et même les élus ont pris l’habitude de bloquer le traitement des dossiers tant qu’ils n’ont pas reçu leur PART. Et pourtant, les solutions élémentaires existent et sont souvent appliquées, MAIS JAMAIS DANS LA DUREE : mise en place d’organes de suivi motivés et sanctionnés en cas d’incompétence, délai rigoureux de traitement des dossiers, augmentation du niveau de contrôle et de la qualité des investissements, et surtout suivi et sanctions au niveau interministériel des agrégats de contrôles réellement effectués et des décaissements. CAR AU MALI, LA RESURGENCE CONSTANTE DE PROBLEMES IDENTIQUES CONSTITUE LA CONSEQUENCE PERMANENTE DE L’IMPUNITE ET DU MANQUE DE DURABILITE DANS LES ACTIONS.

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