Editorial : Humilité et lucidité

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Deux millions de voix de plus, une constellation de partis alliés, la majorité absolue au parlement dès au premier tour: Issoufou Mahamadou, n’aura pas eu le coup KO que lui avaient promis ses supporters. Mais il peut se satisfaire d’une  forme de plébiscite qui relativise le boycott de l’opposition.

En Afrique, il faut bien moins pour gouverner. Surtout si gouverner n’est pas faire comme les performants  dragons asiatiques qui avaient le même Pnb que nombre de nos pays il y a trois décennies  mais vendre du vent  et squatter les maigres ressources de peuples besogneux et humiliés. Il peut donc se passer de son opposition. Pourquoi alors le président réélu du Niger l’invite t-elle à la table du conseil de ministres au point de contrarier sa majorité qui escompte les dividendes légitimes de son soutien?

La réponse est d’abord dans l’histoire politique récente du Niger, un pays qui se plaît à saborder sa démocratie alors que beaucoup de ses homologues africains lui enviaient la vitalité de ses contre-pouvoirs ainsi que la qualité de son processus électoral jusque-là. Renforcer ce capital relève de l’engagement minimal pour la bonne gouvernance. Autrement les blocages peuvent occasionner une rupture de légalité constitutionnelle comme on l’a vu par trois fois au Niger en vingt ans. Ou alors le pouvoir corrigeant ses fragilités, tendrait vers l’hégémonisme  et l’arrogance donc la crypto-démocratie.

Les malheureuses séquelles du présent ne seront mieux résorbées que dans une attitude humble et lucide de la main tendue. Du reste, il ne faut  pas oublier qu’avant la séparation d’avec Hama Amadou, Issoufou I tractait un attelage  de large ouverture. La seconde raison pour aller à un gouvernement d’union nationale réside dans la situation sécuritaire du Sahel dont le Niger constitue le verrou stratégique indiscutable.

L’Etat islamique en embuscade en Libye et Boko Haram pris dans l’étau efficace des pays du bassin du Tchad ne peuvent compter que sur un chaos à Niamey pour s’infiltrer dans le sanctuaire nord malien. À toute ces raisons exigeant humilité et lucidité, il convient d’ajouter la raison d’être des mandats du président élu qui ne devrait pas être, il l’a promis, de ceux qui vont tripatouiller la constitution pour rester: travailler à  un pays véritablement émergent. Cette ambition est portée par ce qu’Issoufou Mahamadou a baptisé  Programme pour la renaissance du Niger. Dans  l’environnement hostile qu’est le Sahel, c’est en effet tout un programme!

Adam Thiam

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5 COMMENTAIRES

  1. Adam on écrit ici rupture de légalité et non rupture de l’égalité
    Car ici il s’agit de rompre la légalité constitutionnelle
    Sans esprit méchant je trouve que tu es borne au pays des aveugles surtout tu es mon cousin
    Je t’invite vraiment à chercher à comprendre la différence entre les deux expressions rupture de légalité et rupture de l’égalité
    Un cousin très éloigné du Mali mais qui t’aime bien.
    Toutes mes excuses cousin

  2. De toutes les façons je reste certain de quelque chose, Hama Amadou actuellement malade à Paris n’aura jamais les mêmes résultats politico-sociaux-économiques que Mahamadou Youssoufou dans dix ans. Car après les dix ans de Youssoufou, c’est Hama Amadou qui emboitera le pas et on verra comment le pays basculera dans un abîme profond. Au Niger, Youssoufou est leur seule chance sur une période trois décennies qui est la durée de temps pendant laquelle un pays peut avoir la chance d’obtenir un homme providentiel. Cet homme providentiel est Youssoufou aujourd’hui. Mais les hommes réfléchissent peu et ne comprennent les choses qu’après la fin de cette période faste.
    NB: Hama Amadou ne m’inspire aucune confiance par sa manière de gouverner. Qui vivra verra.

  3. IL voulait le pouvoir, il l a eu mais dans des conditions pas digne d’un Homme de grandeur d’esprit. Sa force,il aurait pu la puiser dans le la libération de son opposant pour une campagne saine et salutaire. Oui, il est obligé d’appeler au rassemblement car non seulement un groupe de militaires est aux aguets, mais aussi AQMI et autres grands bandits. Issoufou est légale mais pas légitime. Cette histoire de bébé a pourri la vie au Niger. Méfiez vous de l’eau qui dort car l’opposition dit ne pas le reconnaitre à partir du 02 avril

    • 1- Ce à quoi il faut ajouter que le Président Issoufou peut par cette main tendue ressembler plutôt à un ver qui se recroqueville pour amoindrir par là la chance de se faire de nouveau marcher dessus après tant de prestidigitations ontologiques avant et pendant les élections. Sagesse ou humilité?

      2- Pourquoi pas, à ce que l’opposition rejoint le camp d’en face par cette main tendue avec par exemple l’argumentaire sécuritaire!

      3- Après tout, les Nigériens ont-il eu et vraiment le choix! En plus des épreuves du mal être ambiant et du mal vivre au quotidien liés par exemple à l’opacité qui entoure les revenus du sous-sol, non budgétisés, non communiqués, les éléments “feu” et “eau” eux-aussi se sont déchaînés contre eux sous leur 7è République…Colère du feu contre marchés et marchands, colère des eaux, toutes répondues par un marketing politique et propagandiste à partir de “Dan Dadji’’…

      4- En n’espérant que les humbles prêches à partir d’un nouveau transfer de la Rép. à “Dan Dadji’’, comme en août dernier, seront cette fois-ci plutôt une lucide vertu qui quitterait définitivement les lisières du désespoir pour que la nouvelle équipe “gouvernement-opposition”, même en perdant, perde avec fierté…

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