Libération des régions nord du Mali: Que les milices d’autodéfense ne confondent pas vitesse et précipitation !

26 Juillet 2012 - 13:20
26 Juillet 2012 - 13:20
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Et si les Africains cessaient de regarder les situations politiques de leurs pays comme des phénomènes isolés les uns des autres, uniquement explicables par les passions localisées agitant leurs peuples ? Et s'ils cessaient de se gaver sans discernement des récits médiatiques superficiels et du « storytelling » ? Et s'ils se rendaient compte qu'au-delà des émotions et des réflexes pavloviens, il est impossible de saisir la quintessence de la politique internationale contemporaine sans faire appel aux invariants de la géopolitique, du jeu des intérêts, de l'évolution des tendances et des principes régissant la diplomatie ? Une nouvelle fois, notre pays est soumis à une rébellion partie du Nord. Mais cette insurrection est bien plus grave et dangereuse pour l'intégrité du territoire que les précédentes. La rébellion accuse le pouvoir central d'exclure une partie des  populations du Nord privées de tout. Le pouvoir, et plus particulièrement les Maliens du Sud crient à la malhonnêteté et aux chantages permanents. Des représentants de la force publique sont cruellement assassinés par les rebelles. Des débordements malheureux et des manifestations de dépit dans le Sud font craindre des pogroms de Nordistes. Ancienne puissance colonisatrice, la France est sur le banc des accusés en raison de son jeu trouble. Les atrocités des insurgés ne suscitent pas l'indignation internationale qu'on aurait pu imaginer, et la communauté internationale appelle tout le monde à la table des négociations, mettant sur le même pied d'égalité la République et ceux qui la défient. Comment ne pas avoir l'impression diffuse de revivre le début de la rébellion ivoirienne il y a presque exactement dix ans ? A l'époque, le gouvernement malien et une bonne partie de l’opinion publique malienne ont soutenu le Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI), lui servant plus ou moins de base-arrière sans pour autant aller jusqu'à des outrances contre le Burkina Faso de Blaise Compaoré. Ceux qui ont justifié hier le lancement d'une rébellion sur des bases régionalistes et les complaisances de l'ancien maître commun chez leur voisin du Sud peuvent-ils aujourd'hui, en toute logique, se plaindre du même type de traitement ? Iront-ils jusqu'à tenter de théoriser sur les «bonnes» et «mauvaises» rébellions ? Pour l'instant, il n'y a pas de procédé scientifiquement accepté permettant de distinguer les unes des autres (rebellions). Les Etats africains gagneraient donc à se déterminer au sujet de ce qui passe chez leurs voisins sur la base des principes et non sur le fondement d'émotions passagères souvent trompeuses, voire manipulées par les maîtres du « storytelling ». Par exemple, il est évident que la création de l'Etat du Sud-Soudan et son admission au sein de l'Union africaine (quoi qu’on puisse penser des acteurs locaux) est un «beau» précédent sur lequel se fonderont demain les sécessionnistes «azawadiens» et les autres aventuriers de la nouvelle balkanisation de l'Afrique. Il faut bien admettre que dès lors qu'une expérience de «gouvernance» d'un certain type s'impose dans un pays africain, elle devient un précédent facile à dupliquer dans d'autres contrées, surtout si elle peut profiter à ceux que la journaliste belge, Colette Braeckman, a appelé «les nouveaux prédateurs». Ainsi, il devient de plus en plus évident que le Nord du Mali s'apparente irrésistiblement à une nouvelle Somalie en conflit structurel depuis plus d’une vingtaine d'années. Face à ces défis qui interpellent la conscience nationale malienne, dont la mauvaise gestion pourrait ouvrir la voie à des conflits structurels comme en Colombie où la guérilla est devenue un sport national, face au risque réel de dépossession, où sont les voix courageuses qui peuvent tirer la sonnette d'alarme ? Que font l'opposition et les tenants du pouvoir ? Que dit la société civile ? Où sont les ecclésiastiques ? Et Cheick Modibo Diarra, n'a-t-il pas mieux à faire que se transformer, sous nos yeux médusés, en une sorte d’exorciste laïc et d’adepte de la politique de l'autruche ? Pour éviter le pire au Mali, il faut du courage encore du courage, toujours du courage. Les derniers affrontements entre intégristes religieux et rebelles du MNLA ont démontré que cette région du pays demeure une poudrière prête à exploser à la moindre étincelle. L’empire Songhaï serait-il donc maudit ? Le sang coule à Gao, Tombouctou et Kidal Face à l’inaction du gouvernement actuel, des groupes d’autodéfense se sont créés un peu partout pour aller à la reconquête des territoires occupés du Nord. Une initiative louable, mais à prendre avec des pincettes car une chose est de vouloir la guerre, mais une autre est d’avoir le courage et l’abnégation, surtout que l’ennemi d’en face est un « cannibale » qui n’a pas pitié de tuer soit disant pour faire plaisir à Allah. Alors, avant d’envoyer les fils de ce pays à la boucherie, il faudra que tous les responsables de ces mouvements d’autodéfense réfléchissent un peu plus de façon objective, sinon demain  ils auront sur la conscience la mort de pauvres citoyens inconscients. Le gouvernement doit aussi s’assumer et prendre une bonne décision pour atténuer la souffrance des populations du Nord, surtout que chaque jour qui passe augmente la souffrance de ses dernières. Paul N’guessan

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