De la consternation et de l’indignation! Le Mali est de nouveau endeuillé par le massacre des habitants de Sobame Da, une localité située dans la commune rurale de Sangha dans le cercle de Bandiagara (région de Mopti). La polémique autour du bilan est grotesque et par décence, on s’abstient de tout commentaire à ce sujet, d’autant que même un mort est de trop.
La question est moins de savoir combien de personnes ont été sauvagement assassinées, mais comment est survenue cette boucherie. Quel était l’état de déploiement des forces de l’ordre sur le terrain ? Quelle est la capacité réelle de nos forces de défense et de sécurité ? Disposent-elles de moyens adéquats pour accomplir leur mission ? Et que faut-il faire pour enrayer la spirale de la violence ? Des questions qui sont pour l’instant sans réponse.
Pourtant, il faut impérativement trouver la réponse à ces interrogations. Évoquer l’argument du secret militaire ne saurait prospérer. Il peut d’ailleurs être considéré comme une fuite en avant et une manière de «noyer le poisson».
Le peuple malien consent d’énormes sacrifices afin de mettre des moyens à la disposition des forces de défense et de sécurité et exige des résultats. La Loi d'orientation et de programmation militaire et la Loi d'orientation et de programmation de la sécurité intérieure, toutes budgétisées à des milliards de FCFA, semblent avoir très peu amélioré les conditions de travail des militaires.
Il est temps aujourd’hui que les autorités nous disent comment cette importante somme financière est utilisée et surtout à quoi elle a servi. Car, de Koulongho, le jour de l’an, en passant par Ogossagou, le 23 mars, et aujourd’hui Sobame Da, c’est toujours le même scénario. Et aucun coupable n’a jamais été arrêté. Les forces de l’ordre ne font que- malheureusement- constater les dégâts. Toujours pas loin mais jamais présentes !
L’immensité du territoire est réelle mais ne suffit pas pour tout expliquer. La situation devient de plus en plus inquiétante. La théorie du complot longtemps évoquée pour expliquer l’insécurité dans notre pays a atteint ses limites. La ritournelle sur «la montée en puissance des forces de défense et de sécurité», tant chantée par l’ancien porte-parole du gouvernement, Amadou Koita,n’a jamais symbolisé un appel d’air.
Aujourd’hui, le Mali ne peut pas faire l’économie d’un débat autour de son outil de défense et de sécurité. Pour cela, un audit des fonds alloués à la défense et à la sécurité est plus que nécessaire !
Abdrahamane Sissoko
Source : Le Wagadu