Après la décennie noire, l’Algérie est-elle légitime à critiquer le Mali ?

Au cours des années 1990, l’Algérie a traversé une période marquée par une violence extrême. La guerre civile, née de l’interruption du processus électoral après la percée du Front islamique du salut, a plongé le pays dans un cycle sanglant.

25 Sep 2025 - 10:54
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Après la décennie noire, l’Algérie est-elle légitime à critiquer le Mali ?

Les affrontements entre forces de sécurité et groupes armés islamistes ont fait des dizaines de milliers de morts, souvent des civils victimes de massacres de grande ampleur. Les disparitions forcées, les arrestations arbitraires et les exactions reprochées aux autorités ont laissé une trace profonde dans la mémoire collective. La répression a été implacable, au point que, pour beaucoup, la victoire militaire s’est payée au prix d’un traumatisme durable et d’un verrouillage politique qui a marqué les décennies suivantes.

Héritage d’une lutte implacable

Aujourd’hui, Alger met en avant cette expérience comme preuve de sa capacité à contenir durablement la menace terroriste. Les opérations militaires se poursuivent encore, comme l’illustre l’élimination récente de six combattants armés dans la région de Tébessa. L’Armée nationale populaire insiste sur l’efficacité de sa stratégie, qui combine neutralisation sur le terrain et politique de réconciliation mise en œuvre au début des années 2000. Cette réussite sécuritaire relative confère à l’Algérie une image de puissance régionale capable de protéger ses frontières et de limiter l’influence de groupes liés à Al-Qaïda ou à l’État islamique.

Regards croisés avec le Mali

Face au Mali, régulièrement critiqué pour les violences commises par ses forces et leurs alliés dans la lutte contre les jihadistes, l’Algérie se positionne comme modèle alternatif. Pourtant, la comparaison soulève des interrogations. Si Alger reproche à Bamako la brutalité de certaines opérations, son propre passé montre que la victoire sur le terrorisme a été obtenue au prix d’une répression dont les cicatrices restent visibles. Cette contradiction interroge la légitimité morale de ses critiques. En revanche, sur le plan pragmatique, l’Algérie peut revendiquer une expérience singulière : celle d’avoir combiné la force militaire et une offre politique, même incomplète, qui a permis de réduire la capacité de nuisance des groupes armés.

L’Algérie se trouve donc dans une position ambivalente. Elle peut rappeler qu’une répression aveugle fragilise la population qu’elle prétend protéger, tout en revendiquant son savoir-faire sécuritaire. Ce double héritage, fait de succès militaires et de zones d’ombre, confère à sa voix un poids particulier dans le débat régional. Mais il rappelle aussi qu’aucun pays ne sort indemne d’une guerre contre le terrorisme, et que les leçons à tirer sont aussi celles d’un passé encore douloureux.

Source: https://lanouvelletribune.info/

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