Assemblée générale des Nations unies : le premier ministre Abdoulaye Maïga portera la voix du Mali
En marge des travaux de ce rendez-vous annuel à New York, le Chef du gouvernement aura des rencontres bilatérales avec plusieurs hautes personnalités sur des questions d'intérêt commun. Il entretiendra également la communauté malienne établie aux États-Unis d'Amérique des derniers développements de la situation socio-économique du pays

Le Premier ministre a quitté hier Bamako pour New-York où il représente le Président de la Transition au débat général de la 80ème session de l'Assemblée générale des Nations unies. Selon un communiqué de la Primature, le Général de division Abdoulaye Maïga interviendra, dans l'après-midi du vendredi 26 septembre, à la tribune des Nations unies pour exposer la vision et les priorités du gouvernement de la Transition et celle de la Confédération des États du Sahel (AES).
À cette occasion, le Premier ministre mettra particulièrement en lumière les efforts du Mali dans le renforcement de la gouvernance, la consolidation de la paix et de la cohésion nationale, et la promotion d'un partenariat international respectueux de la souveraineté et de la digitalité des États africains.
La semaine de haut niveau de cette année a mis en évidence l'urgence de tenir les promesses des Objectifs de développement durable et de redynamiser la coopération mondiale. «Mieux ensemble, 80 ans et plus pour la paix, le développement et les droits de l'Homme», tel est le thème de la 80ème session de l'Assemblée générale des Nations unies qui a facilement débuté hier à New-York au siège de l'institution mondiale sur les rives de l'East River à Manhattan.
Cette année, 193 états membres de l'Organisation des Nations Unies (ONU), dont le Mali ainsi que deux délégations d'observateurs, prendront la parole lors du débat général qui se tiendra dans l'emblématique salle de l'Assemblée générale. D'ores et déjà, la plupart des observateurs s'accordent à dire que cette session s'annonce comme l'un des rassemblements annuels les plus importants de ces dernières années. De la guerre et du changement climatique, à l'inégalité entre les sexes et aux dilemmes éthiques posés par l'intelligence artificielle, cette semaine de haut niveau, bien plus qu'une tradition, sera l'occasion cruciale pour la communauté internationale d'aborder les crises mondiales, réfléchir, renouveler son engagement et réimaginer notre avenir commun.
Le débat général, qui a donc commencé hier, est pour beaucoup le moment fort de la session de l'Assemblée générale. Les dirigeants mondiaux montent à la tribune avec le panneau doré de la salle de l'Assemblée en toile de fond pour exposer leurs priorités à un public international. Afin de permettre une programmation efficace de plus de 193 orateurs sur une période de six jours, la durée théorique et volontaire de chaque discours est limitée à 15 minutes.
Cette règle est cependant rarement respectée (Selon les archives de l'ONU, l'un des discours les plus longs lors de l'ouverture de l'Assemblée générale fut celui du dirigeant cubain Fidel Castro en 1960, qui parla pendant environ 4 heures et demi. En 2009, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi s'était exprimé plus d'1 heure et demi. Traditionnellement, le Brésil prend la parole en premier, suivi des États-Unis en tant que pays hôte. Cette année, l'Allemande Annalena Baerbock présidera les débats, devenant ainsi la 5è femme à occuper ce poste en 80 ans d'histoire de l'ONU, après Vijaya Lakshmi Pandit (Inde, 1953), Angie Brooks (Libéria, 1969), Haya Rashed Al Khalifa (Bahreïn, 2006) et María Fernanda Espinosa. (Équateur, 2018).
PLUSIEURS SUJETS SUR LA TABLE- L'Assemblée générale 2025 intervient à un moment charnière pour renouveler l'engagement mondial en faveur du multilatéralisme, de la solidarité et de l'action commune pour les populations et la planète. La semaine de haut niveau de cette année a mis en évidence l'urgence de tenir les promesses des objectifs de développement durable et de redynamiser la coopération mondiale. Parmi les autres sujets qui devraient dominer les débats, on peut citer la situation à Gaza (Palestine) où la crise humanitaire ne cesse de s'aggraver, la guerre entre la Russie et l'Ukraine, l'Iran, le Soudan, la Syrie. Sans oublier la nomination du nouveau secrétaire général de l'ONU qui succèdera à António Guterres dont le deuxième et dernier mandat s'achève le 31 décembre 2026. Des discussions en coulisses sur les candidats potentiels à sa succession devraient déjà émerger lors de cette assemblée. Le Conseil de sécurité, composé de 15 membres, doit s'accorder sur un candidat à recommander à l'Assemblée générale pour l'élection. Cela implique l'accord des cinq membres disposant d'un droit de veto, à savoir le Royaume-Uni, la Chine, la France, la Russie et les États-Unis.
De l'intelligence artificielle (IA), il en sera également question à l'occasion de cette 80ème session de l'Assemblée générale des Nations unies. Tout le monde ou presque s'accorde aujourd'hui à dire que l'IA transforme le monde, que ce soit dans le domaine des voitures autonomes, de l'analyse d'images médicales, de la gestion des stocks pour les entreprises, des algorithmes de trading financier, des assistants virtuels ou encore de la traduction en temps réel. Cependant, les avantages de l'IA sont répartis de manière inégale.
De nombreux pays ont du mal à accéder aux outils qui pourraient transformer leurs sociétés en soutenant le développement et en améliorant la vie des citoyens ordinaires. Son expansion rapide s'accompagne inévitablement d'une multitude de risques et de défis, notamment des menaces pour l'exactitude des informations et les droits de l'Homme, par exemple la surveillance.
Mais à l'heure actuelle, il n'existe aucun organisme reconnu pour régir l'IA au niveau mondial. C'est pour cette raison que les dirigeants mondiaux ont décidé de discuter d'un cadre de gouvernance inclusif et responsable de l'IA. «Sans garde-fous adéquats, l'IA pourrait exacerber les inégalités et la fracture numérique et affecter de manière disproportionnée les plus vulnérables. Nous devons saisir cette occasion historique [...] dans l'intérêt de toute l'humanité», a déclaré, il y a quelques semaines, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
UN DÉCOURS MÉMORABLE -. Le Premier ministre Abdoulaye Maïga n'est pas à son premier essai à la tribune des Nations Unies. On s'en souvient, en 2024, il a prononcé un discours qui a marqué les esprits et qui restera longtemps dans les annales de l'ONU. «Depuis le 7 juin 2021, après la prestation de serment de Son Excellence le Colonel Assimi Goïta, comme président de la Transition, Chef de l'État, s'est ouvert un vaste chantier d'équipement et de réorganisation des Forces de défense et de sécurité, associé à un projet de Refondation de mon pays» avait souligné le général de division.
Les Assises nationales de la refondation (ANR), lancées en décembre 2021, ont permis aux Maliens de procéder à un diagnostic exhaustif des causes de la crise, puis d'adopter 517 recommandations pertinentes. À ce sujet, et après avoir vécu une insécurité imposée par l'état de nature, le constat concernant le Mali est effarant : violenté, humilié, pillé et torpillé, abandonné en plein vol, poignardé dans le dos, les expressions ne sont pas limitatives pour décrire la souffrance subie par le peuple et les Forces de Défense et de Sécurité Maliens.
Le Chef du gouvernement hier lors de son départ à l'aéroport international Président Modibo Keïta-Sénou
Fort de cette expérience et réalisant que le péril malien ne résultait que de l'état de nature, le Général d'armée Assimi Goïta, Président de la Transition, s'est contraint d'élaborer une vision réaliste de la géopolitique, en convoquant un proverbe populaire en Bambara, ici traduit librement et contextualisé : « la succulence de la sauce des uns, dépend du pillage des bovins des autres », avait martelé le Chef du gouvernement malien, avant d'enfoncer le clou en paraphrasant le philosophe anglais Thomas Hobbes (1588-1679) : « l'homme est un loup pour l'homme ».
Et le Premier ministre d'insister : « Grâce à ce proverbe qui fait référence à la gastronomie et à la cynégétique, le Chef de l'État (le Général d'armée Assimi Goïta, ndlr) décrit la durée réalité impitoyable des relations internationales et surtout la place de l'Afrique, dont le pillage des matières premières a servi au développement des autres et non celui des Africains dans leur grande majorité. à cette vision, s'ajoute une orientation du Chef de l'État qui appelle les Maliens, dans le cadre de la refondation, à redevenir eux-mêmes. En privilégié d'être eux-mêmes, les Maliens créent une troisième voie : Ne pas devenir des prédateurs, des barbares sans foi ni loi, à la recherche des bovins d'autrui, ne pas devenir les éternelles victimes impuissantes face à la prédation.
La voie médiane promue par le Mali consiste à réaliser notre développement en empruntant un chemin plus vertueux : veiller au respect de notre souveraineté tout en respectant celle des autres ; refuser l'hétéronomie tout en refusant de nous ingérer dans les affaires intérieures des autres; être ouvert à tous les partenariats sur une base gagnant-gagnant. Aussi, il est important de relever que ces principes et valeurs, caractérisent, mutatis mutandis, les peuples frères du Burkina Faso et de la République du Niger».
Quelques jours après ce discours qui restera à jamais dans l'histoire des assemblées générales de l'ONU, celui qui était à l'époque Colonel et Premier ministre par intérim, sera accueilli triomphalement par des dizaines de milliers de Maliens à son retour au bercail. De l'aéroport international Président Modibo Keïta-Sénou, le Chef du gouvernement se rendra directement au palais de Koulouba pour rendre compte de son séjour à New-York au Président de la Transition, le Général d'armée Assimi Goïta.
Envoyé spécial
Soulemane Bobo TOUNKARA
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