L’AES : les acquis en 2 ans Chrono : La meilleure conquête reste la révolution des mentalités

En l’espace de deux ans (2023-2025), l’Alliance des Etats du Sahel, devenue la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel, n’à point dormi sur ses lauriers. Cela depuis que les trois étoiles polaires du Sahel central sont arrivées aux commandes au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Et entendent relever les multiples défis qui les cernent.
Contrairement à la CEDEAO, qui a soufflé ses 50 bougies en mai dernier, soit un demi-siècle d’existence, l’Alliance des Etats du Sahel, quant à elle, vit sa toute petite enfance. Elle a soufflé ses deux bougies. Deux ans révolus, au cours desquels elle n’a pas dormi sur ses lauriers, pour ne pas écrire qu’elle a accompli des ‘’miracles’’.
Force est de constater que ce véritable levier d’unité régionale actionné par trois Etats souverainistes est en train de faire bouger les lignes dans le Sahel central, grâce aux fruits mûrs promis par ses fleurs. Au rang des premiers acquis, la révolution des mentalités. Pour le cas spécifique du Burkina Faso, les jeunes restent constamment et spontanément mobilisés, qui pour veiller à la stabilisation des institutions républicaines, qui pour mener des actions citoyennes, qui pour s’enrôler dans les effectifs des forces combattantes.
Le mardi 17 septembre 2024 est, certes, un jour de triste souvenir au Mali mais un jour inédit où a eu lieu une mobilisation spontanée et massive de la population de la rive droite de Bamako, pour appuyer les Forces de défense et de sécurité, suite à l’incursion des terroristes à l’Ecole de gendarmerie de Faladiè. Des terroristes qui ont été appréhendés et remis par la foule aux vaillants soldats.
Le 4 juillet 2025, veille de l’an I de sa présidence confédérale, le Général d’armée Assimi Goïta a lu un communiqué sobre et solennel, pour annoncer la tenue en décembre prochain, dans la capitale malienne, de la deuxième session du Collège des chefs d’Etat de la Confédération. Le premier sommet a vu la naissance de la Confédération le 6 juillet 2024 à Niamey (Niger). Au-delà de la formule protocolaire, le communiqué dit beaucoup de la gouvernance propre à l’AES : un style collégial, un processus de consultation mutuelle, loin des automatismes verticaux des blocs traditionnels.
Défense commune, diplomatie commune, codéveloppement
Deux ans de révolution inédite, cela s’évalue. Plusieurs réformes ont été réalisées aux plans politique et institutionnel : défense commune, diplomatie commune, développement commun, ou codéveloppement.
Les trois pays ont mis en place une force conjointe forte de 5000 hommes, totalement autonomes. Et pas que : au compteur de la Confédération des Etats de l’Alliance du Sahel figurent de notables acquis économiques et commerciaux : l’adoption d’un droit de douane commun sur les importations (0,5%) provenant des pays non membres. Ce qui vise à harmoniser les politiques commerciales et à favoriser l’intégration économique régionale. Ils ont uniformisé leur système informatique douanier.
La souveraineté, un véritable bouclier
La Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel incarne une nouvelle génération d’organisation sous-régionale : peu de paroles, de nombreux actes concrets au quotidien au bénéfice des populations. Ce qui fait que loin d’être un simple slogan, la souveraineté est un véritable bouclier.
En outre, pour faire face à la ‘’guerre médiatique’’, la Confédération des Etats du Sahel s’est armée d’outils de communication. Ainsi à l’issue de l’atelier des experts en charge de la communication et des TIC de l’AES, tenu du 27 au 29 décembre 2024 à Bamako, les ministres en charge de la Communication ont dévoilé le logo et la plateforme numérique qui intègre une WebTV de l’AES. La nouvelle organisation dispose désormais d’une plateforme numérique, comprenant une page Facebook, un compte X, une web TV, une chaîne You Tube et un Canal Télégramme. La synchronisation du journal parlé spécial AES, à la télé et à la radio est quotidienne au journal du soir.
La mise en circulation du passeport biométrique AES est effective. La chaîne d’informations AES est une réalité. « Un Espace – Un Peuple – Un Destin » C’est la devise de la Confédération AES, dévoilée en même temps que son logo.
L’harmonisation des documents de voyage et d’identité des trois pays n’est plus dans les tiroirs. L’instauration d’un visa communautaire e-Visa est réelle. Le drapeau de la Confédération (AES) est officiellement lancé et validé depuis le samedi 22 février 2025. Il flotte dans chacun des trois pays. L’hymne de la Confédération AES ‘’Sahel Bènkan’’ est entonné dans l’espace des trois pays.
L’Aes ambitionne de réaliser un projet satellitaire. Il concerne notamment la conception et le déploiement de deux satellites : un pour les télécommunications et un autre dédié à la détection terrestre à distance. Les travaux sont en cours depuis le 23 septembre 2024 par la société russe Glacosmos et la filiale de l’agence russe Roscosmos. Ce projet structurant constitue une réponse aux défis de la souveraineté. Au chapitre des télécommunications, dans l’espace AES, grâce au roaming, le surcoût d’antan dans les communications téléphoniques n’existe plus depuis janvier 2025 entre les trois pays.
Par exemple en téléphonant du Mali au Burkina ou au Niger, le tarif de communication est le même, comme si on téléphonait d’une ville malienne à une autre ville malienne.
Sur le plan commercial, du mercredi 23 avril au samedi 3 mai 2025 s’est déroulée la Foire Internationale Multisectorielle de l’AES, FIMAES – MALI 2025 : un créneau efficace de promotion commerciale et d’écoulement des produits « Made in AES ». Un tremplin stratégique pour renforcer la résilience économique et financière des Entreprises de l’espace AES.
POUR LA SOUVERAINETE DANS LE FINANCEMENT DES PROJETS STRUCTURANTS
L’opérationnalisation de la Banque confédérale d’investissement de développement BCID - AES a été annoncée par le ministre de l’Economie et des Finances, Alfousséini Sanou, le vendredi 23 mai 2025. Dans le contexte de bouleversements géopolitiques et de défis multidimensionnels, l’Alliance des Etats du Sahel a posé un acte fort : la création d’une banque régionale, la BCID – AES. Les ministres de l’Economie ont entériné un projet stratégique destiné à propulser l’intégration économique et à affirmer la souveraineté financière de l’espace sahélien. Véritable bras armé financier de l’organisation, la BCID est une initiative porteuse d’espoir, selon le ministre burkinabè de l’Economie, Dr Aboubacar Nacanabo.
DEBUT DES PREMIERS JEUX DE L’AES
Annoncé depuis plusieurs mois, la toute première édition des Jeux de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) a officiellement démarré le samedi 21 juin 2025, sous l’égide du Premier ministre, Général Abdoulaye Maïga, en présence des ministres des Sports de l’AES, Abdoul Kassim Fomba, Roland Somda et Sidi Mohamed Al Mahmoud, respectivement du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Cette édition a connu son épilogue le samedi 28 juin au Palais des Sports Salamatou Maïga de Bamako. La cérémonie a été marquée par la présence de trois ambassadeurs emblématiques : Daba Modibo Kéita (Mali) double champion du monde de taekwondo ; Iron Biby (Burkina Faso) recordman mondial de force athlétique et Abdoul Razak Issoufou Alfaga (Niger) champion d’Afrique de taekwondo et plusieurs fois olympien.
Les délégations du Mali, du Niger et du Burkina Faso se sont affrontées dans plusieurs disciplines : football U-17, lutte traditionnelle, kung fu wushu, taekwondo, tir à l’arc et tir sportif En présence des ministres des Sports des trois pays avec cette première édition, l’AES pose ainsi les bases d’une tradition sportive appelée à se perpétuer. Ainsi, le Burkina Faso a été annoncé pour abriter la deuxième édition. Cela illustre la volonté des trois pays de prendre leur destin en main.
Par ailleurs, le 11 juillet 2025, l’Alliance des Etats du Sahel (AES) a annoncé la création d’une Cour pénale et des droits humains (CPS – DH) à Bamako. Elle sera chargée de juger les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, le terrorisme, les violations graves des droits humains. Cette Cour pénale est assortie d’une prison de haute sécurité, d’une plateforme numérique de coopération judiciaire.
FORUM HUMANITAIRE DE L’AES
L’aide extérieure déresponsabilise. C’est pour combattre ce fléau lancinant que le forum humanitaire de l’AES a été initié. Ainsi sa première édition s’est tenue à Bamako, du 7 au 9 août 2025, réunissant les pays membres (Mali, Burkina Faso, Niger) et des partenaires, pour renforcer la coordination de l’aide humanitaire et trouver des financements endogènes, afin de répondre aux crises graves de la région. Le Forum a abouti à la Déclaration de Bamako et à la mise en place d’un cadre de concertation pour une action humanitaire souveraine et efficace, visant à réduire la dépendance à l’aide extérieure et à aligner des actions sur les priorités nationales.
Objectifs principaux
Coopération régionale renforcée, face aux défis humanitaires sécuritaires et climatiques, financement endogène, souveraineté de l’action humanitaire et coordination des acteurs.
Mohamed Koné
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