« La France doit être forte et se faire respecter »… Macron durcit nettement le ton face à l'Algérie

La France doit agir « avec plus de fermeté et de détermination » vis-à-vis de l'Algérie, a exhorté ce mercredi Emmanuel Macron, qui invoque le « sort réservé » à Boualem Sansal et Christophe Gleizes. Un tour de vis va être engagé sur la délivrance de visas.

7 Août 2025 - 10:40
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« La France doit être forte et se faire respecter »… Macron durcit nettement le ton face à l'Algérie

Emmanuel Macron élève la voix sur le dossier algérien. Un changement de ton adopté par le président français dans une lettre adressée à son Premier ministre ce mercredi dans laquelle il demande au gouvernement de « prendre des décisions supplémentaires » en raison de « difficultés croissantes que nous rencontrons en matière migratoire et sécuritaire ».

Pour justifier « que la France agisse avec plus de fermeté et de détermination » envers l'Algérie, Emmanuel Macron fait notamment état dans cette lettre du sort réservé à l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, détenu depuis neuf mois, et du journaliste français Christophe Gleizes, condamné à sept ans d'emprisonnement par la justice algérienne.

Il acte également « le non-respect par l'Algérie de ses obligations au titre de nos accords bilatéraux », ainsi que « la cessation de toute coopération des 18 consulats algériens présents sur notre sol avec les services de l'Etat ».

Le chef de l'Etat demande ainsi au ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot de notifier aux autorités algériennes la « suspension officielle de l'accord de 2013 » concernant les exemptions de visa sur les passeports officiels et diplomatiques. La crise avec l'Algérie franchit donc un nouveau cap.

Renforcer la pression sur Alger

Dans cette lettre, le président appelle aussi à une application immédiate de mesures restrictives de délivrance de visas à l'égard de responsables algériens, en coordination avec les partenaires Schengen. Il demande l'activation du « levier visa-réadmission » prévu par la loi de janvier 2024, permettant de « refuser les visas de court séjour aux détenteurs de passeports de service et diplomatiques, tout comme les visas de long séjour à tous types de demandeurs », pour renforcer la pression sur Alger en matière de « coopération migratoire ».

Il souligne que, malgré des tensions politiques, des progrès ont été faits sur les expulsions, et plaide pour une coopération plus « exigeante, sérieuse et productive », dans l'intérêt de la France.

Volet sécuritaire

Le président exprime également sa préoccupation face à l'impossibilité d'expulser certains « ressortissants algériens les plus dangereux », faute de coopération consulaire d'Alger. Il estime que les mesures envisagées par le gouvernement (assignation à résidence, allongement de la rétention) ne sauraient « pallier le défaut de coopération algérien », et enjoint le ministre de l'Intérieur à trouver « au plus vite les voies et moyens d'une coopération utile » avec son homologue.

Face à la délinquance de certains ressortissants en situation irrégulière, il appelle à une action « sans repos et sans répit » des services de l'Etat. Il affirme que « la France doit être forte et se faire respecter », tout en rappelant que le respect attendu des partenaires suppose une réciprocité.

Et ensuite ? Emmanuel Macron affirme qu'il suivra de près les indicateurs de la coopération migratoire, notamment la « reprise des auditions consulaires », la délivrance des « laissez-passer consulaires », et les « réadmissions en application de l'accord de 1994 ». Il insiste aussi sur les obstacles imposés à l'ambassade de France à Alger, qui provoquent déjà une baisse de 30 % des visas délivrés, faute d'effectifs suffisants. Le retour à la normale dépendra du rétablissement des moyens d'action de l'ambassade.

Reprendre le dialogue

Enfin, le président conditionne la reprise d'un dialogue plus large avec Alger à des avancées sur la coopération migratoire. Ce dialogue devra aussi porter sur des sujets sensibles : « dette hospitalière », « activités de certains services algériens sur le territoire national », ou encore « les questions mémorielles en suspens », notamment celles des restitutions ou des sites d'essais nucléaires.

Il conclut en affirmant que son objectif est de bâtir « des relations efficaces et ambitieuses » avec l'Algérie, au service des intérêts partagés des deux peuples, et invite le gouvernement à s'engager « avec lucidité et ambition » dans cette démarche.

Samir Touzani

Source: https://www.lesechos.fr/

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