L'Ukraine exige le détail des propositions russes avant de confirmer sa venue aux pourparlers d'Istanbul
L'Ukraine souhaite consulter le document détaillant les propositions de la Russie en vue d'un accord de paix avant de dépêcher une délégation à Istanbul pour la reprise de négociations directes, a déclaré vendredi Andriy Sybiha, le ministre ukrainien des Affaires étrangères.

Moscou a proposé la tenue d'un nouveau cycle de négociations le 2 juin dans la ville turque.
L'Ukraine, qui n'a pas confirmé sa participation aux discussions, déclare avoir besoin de garanties quant à la sincérité de la volonté de Moscou de mettre fin à la guerre, les attaques sur son territoire ne faiblissant pas.
"Pour que la prochaine réunion prévue soit substantielle et significative, il est important de recevoir un document à l'avance afin que la délégation qui y participera ait l'autorité nécessaire pour discuter", a déclaré Andriy Sybiha vendredi à Kyiv.
S'exprimant lors d'une conférence de presse aux côtés du ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, en visite dans la capitale ukrainienne, Andriy Sybiha a fait savoir qu'à ce jour, l'Ukraine n'avait pas reçu le mémorandum qu'elle attendait des négociateurs russes.
Il n'a pas précisé si Kyiv avait fixé un délai pour recevoir le document, ni ce que l'Ukraine ferait si elle ne le recevait pas.
"Nous voulons mettre fin à cette guerre cette année et nous sommes intéressés par l'établissement d'une trêve, que ce soit pour 30 jours, 50 jours ou 100 jours".
"L'Ukraine est disposée à en discuter directement avec la Russie. Nous l'avons confirmé lors de la dernière réunion de nos délégations avec la partie russe", a rappelé Andriy Sybiha.
Le dernier cycle en date de négociations entre Kyiv et Moscou s'est tenu à Istanbul le 16 mai, sous la pression des États-Unis et de la Turquie, mais a tourné court après qu'une source ukrainienne a accusé la délégation russe d'avoir présenté des demandes inacceptables.
Selon Hakan Fidan, ces discussions, les premières directes entre les deux pays depuis trois ans, ont marqué un nouveau départ dans la résolution du conflit.
Le ministre turc des Affaires étrangères a déclaré vendredi à Kyiv qu'il espérait que la Russie et l'Ukraine s'accorderaient sur des questions techniques lors des prochaines discussions.
Il a également fait savoir qu'Ankara souhaitait organiser un sommet de dirigeants et représentants nationaux, en présence des présidents turc et américain.
Les attentes à l'égard des futures discussions sont toutefois modestes, les positions défendues par les deux parties restant très éloignées.
PRESSION AMÉRICAINE
La proposition russe pour un nouveau cycle de négociations intervient alors que le président américain Donald Trump a répété sa frustration à l'égard de l'absence de progrès et critiqué ses homologues ukrainien et russe.
L'émissaire américain Keith Kellogg a déclaré sur ABC qu'il s'attendait à ce que les discussions bilatérales du 2 juin aient lieu.
L'Ukraine et la Russie tiennent toute deux à démontrer qu'elles souhaitent mettre fin à la guerre, Kyiv cherchant à obtenir davantage d'aide militaire américaine et Moscou espérant un assouplissement des sanctions à son égard.
La Russie a déclaré que sa délégation aux négociations d'Istanbul serait dirigée par Vladimir Medinsky, un conseiller du Kremlin qui avait dirigé l'équipe russe lors des précédentes discussions.
Hakan Fidan, qui s'est rendu à Moscou en début de semaine, a déclaré que si les négociations se poursuivent à Istanbul, la prochaine étape consisterait à essayer d'organiser une réunion entre Donald Trump, le président russe Vladimir Poutine et le président ukrainien Volodimir Zelensky.
LA RUSSIE CONTINUE SON OFFENSIVE
Malgré de possibles pourparlers le 2 juin en vue d'un accord de paix, les attaques russes sur le territoire ukrainien ne faiblissent pas, alors que la Russie a lancé dans la nuit de jeudi à vendredi une salve de drones dans la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine, qui a fait plusieurs blessés.
Huit personnes, dont deux adolescents de 16 ans, ont été blessées dans le village de Vassiliv Khoutir, a déclaré le gouverneur de la région, Oleh Syniehoubov.
À Kharkiv, plusieurs immeubles d'habitation et des entrepôts ont été endommagés.
Une autre attaque a été signalée dans la ville d'Izmail, située à la frontière avec la Roumanie, alliée de l'Otan.
Si l'attaque n'a pas fait de victimes selon le gouverneur de la région, Oleh Kiper, des dégâts mineurs ont été signalés dans la ville, où se situent des infrastructures critiques et le plus grand port ukrainien sur le Danube.
L'armée de l'air ukrainienne a déclaré que la Russie avait lancé 90 drones et deux missiles balistiques cette nuit.
Selon l'agence de presse nationale russe RIA Novosti citant le ministère russe de la Défense, les troupes russes se sont également emparées de la localité de Kindrashivka dans la région de Kharkiv.
Reuters n'a pas été en mesure de confirmer de manière indépendante les informations relatives à l'ensemble de ces attaques.
Le Kremlin n'a fait aucun commentaire dans l'immédiat.
(Avec la contribution de Tuvan Gumrukcu et Anna Pruchnicka, version française Etienne Breban, édité par Sophie Louet)
Reuters •30/05/2025
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