La nouvelle est désormais connue : 200 jeunes combattants du nord ont intégré l’armée et 10 000 autres injectés dans le tissu socio-économique du pays avec à la clé la colossale somme de 1,2 milliard débloquée et logée à l’Agence Pour le Développement du Nord. Le programme, dans sa totalité, prévoyait plus de 20 milliards de FCFA. Un financement qui n’a pu calmer les ardeurs des jeunes du Nord enclins à se faire recruter dans la rébellion. Après les couacs de Ouaga, Alger bis devrait échouer. Des groupes ayant boycotté les pourparlers tenus chez notre voisin du nord.
L’Accord d’Alger prévoit derechef et sans discontinuer, le développement socio-économique des régions du Nord Mali. Les Maliens restent dubitatifs quant à l’efficacité d’un tel accord. On doute souvent si le Mali est un pays souverain. Oui, IBK a bien plié l’échine. Que le développement des régions du Nord puisse faire partir des revendications des Maliens qu’on a pris l’habitude d’appeler rebelles ou Djihadistes et acceptés comme tel par l’Etat, cela paraît légitime aux yeux des Occidentaux, mais il y a de quoi se poser des questions : Et si les autres régions du pays se mettaient à exiger de l’Etat un peu plus d’égard à leur endroit ? Est-ce gratuit si l’Association-mère des régions du Sud est en gestation ?
Le développement d’une région par l’Etat et ses partenaires est une panacée à l’instabilité nationale. Mais la manière de faire, peut jeter l’opprobre sur les populations du pays. Plus globalement, avec l’interpénétration ethnique et le sentiment de vivre ensemble, chaque malien se sent fier dans l’espace géographique dans lequel il vit.
Il faut aussi savoir que le développement d’une localité, c’est la mise en place d’infrastructures permettant aux habitants de cette localité d’œuvrer pour leur bien-être social. Mais recruter des jeunes combattants dans l’armée en dehors de tout concours d’intégration dans la fonction publique pour le simple motif qu’ils sont rebelles, est une injustice criarde. Le Sud peut aussi faire la même chose. Il s’agit là d’une violation grave de la Constitution malienne qui prône l’égalité des chances et des Maliens devant l’emploi public. Aujourd’hui, nos femmes, enfants, et compatriotes vivent dans la misère et dans le chômage sans voir le bout du tunnel. Pendant que d’autres au nom d’une soi-disant paix sociale, sont intégré dans les différents corps de l’armée et de la fonction publique parce qu’ils ont pris les armes contre l’Autorité. Des voies indicatives non ?
Des structures de recrutement d’emplois ou de facilitation à la recherche de l’emploi, financées à des coups de milliards, existent aujourd’hui et dont la promotion est faite à longueur de journée. Pourquoi les jeunes du nord ne passeraient-ils pas par ces structures là au lieu d’attendre qu’on vienne les servir sur un plateau d’or ? Les débats sont ouverts. Par ces actes, l’Etat ne finance t-il pas la rébellion ? C’est avec l’argent du Mali que ces gens là s’organisent. Sur les sites miniers, on entend souvent les exploitants dire qu’une rébellion Sud n’est pas à exclure au Mali.
Drogue, jihad islamique, recolonisation, autonomie
Lors d’un séminaire relatif au « Rôle des députés en temps de crise » à l’Ecole de maintien de la paix Alioune Blondin Bèye, en décembre dernier, le ministre Zahabi a dénoncé le crime organisé. Zahabi a fustigé le narcotrafic au nord de notre pays, les cartels qui y sont installés, l’islam djihadiste qui règne et l’instrumentalisation de notre pays.
Pour Zahabi, il faut « Reformer le secteur de sécurité et faire la cartographie des acteurs ». Selon lui, « l’objectif aujourd’hui est d’agir de manière opérationnelle entre les différents corps de l’armée, de la police, de la gendarmerie, de la justice ».
Le ministre Zahabi a été formel : « le domaine de sécurité fragilise l’Etat et le gouvernement » avant de poursuivre : « Il faut éviter d’être instrumentalisé ». Et d’ajouter : « On ne doit pas accepter d’être des marionnettes entre leurs mains…(les mains des Français sous entendu) ».
Pour les velléités d’indépendance, Zahabi est catégorique : « Faux » a-t-il répondu sèchement les 19, 20, 21 décembre derniers, les rebelles ne veulent pas d’indépendance. Et pourtant Zahabi, ils en veulent… Même si le même ministre a fini par admettre qu’il faille éviter le piège de Kidal et qu’il n’y aura pas deux autorités compétentes dans cette ville. Aujourd’hui, l’autorité qui commande là-bas, c’est les groupes djihadistes.
Kidal ne soit pas un enjeu pour relancer les questions d’autodétermination, relais vers l’autonomie. On a l’impression actuellement que c’est ce qui s’est passé à Alger où se sont déroulées les négociations inter maliennes. IBK sait aujourd’hui que le verrou du dialogue inclusif a sauté. Le Mali a négocié en position de faiblesse avec une fraction, un groupe ou une communauté qui aura parlé au nom des autres. Triste constat.
Rassemblés par Issiaka Sidibé